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La loi nigérienne sur la cybercriminalité est un instrument de répression, selon Amnesty


Des silhouettes d'utilisateurs mobiles sont visibles à côté des logos des applications de médias sociaux Signal, Whatsapp et Telegram projetés sur un écran.
Des silhouettes d'utilisateurs mobiles sont visibles à côté des logos des applications de médias sociaux Signal, Whatsapp et Telegram projetés sur un écran.

La loi sur la cybercriminalité adoptée au Niger l'an dernier est pour le pouvoir "un instrument de répression des voix dissidentes", estime Amnesty International dans un communiqué vendredi, dénonçant les arrestations d'une dizaine de personnes entre mars et avril. 

Employée au tribunal de Niamey, Amina Maiga a été arrêtée le 29 avril puis condamnée le 7 mai à trois mois de prison avec sursis pour trouble à l’ordre public, "à la suite de l’interception d’une conversation privée sur WhatsApp où elle critiquait la gestion de la pandémie de Covid-19 par le gouvernement", explique l'organisation internationale de défense des droits de l'homme.

Le 22 avril, un militant de la société civile, Mahaman Lawai Mahaman Nassourou, vice-président du Comité de réflexion et d'orientation indépendante pour la sauvegarde des acquis démocratiques, "a été arbitrairement arrêté à Maradi" (sud), puis "inculpé pour avoir partagé des informations susceptibles de +troubler l'ordre public+, après avoir transféré un message sur WhatsApp dénonçant la fermeture des mosquées par le gouvernement", selon Amnesty.

"L’article 31 de la loi (de 2019) sur la cybercriminalité est appliqué de manière abusive et intrusive", estime l'ONG.

Si des "restrictions sont permises" dans le contexte de l'état d'urgence en vigueur au Niger en réponse à la pandémie de Covid-19, "en aucun cas elles ne peuvent permettre de criminaliser tout message critiquant les mesures prises par le gouvernement émis sur WhatsApp ou Facebook", déclare Kiné Fatim Diop, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

"Les autorités doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes arrêtées pour avoir uniquement exercé leur droit à la liberté d'expression, ajoute-elle".

De plus, note Amnesty, "ces arrestations arbitraires s’inscrivent dans un contexte plus large d’étouffement des voix critiques au Niger avec un usage excessif de la force contre des acteurs de la société civile", à sept mois de l'élection présidentielle.

Pays pauvre d'Afrique de l'ouest, le Niger a décrété l'état d'urgence, fermé les frontières, les lieux de culte et les écoles face à l'épidémie de coronavirus, qui a fait 42 morts sur 781 cas détectés.

Ce pays sahélien lutte aussi depuis plusieurs années, , comme ses voisins, contre des groupes jihadistes qui multiplient les violences.

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