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Washington met en garde Kim Jong-Un contre une possible fin de son régime


Le leader de la Corée du Nord Kim Jong Un à Pyongyang, 15 avril 2017.
Le leader de la Corée du Nord Kim Jong Un à Pyongyang, 15 avril 2017.

Les Etats-Unis ont averti la Corée du Nord que la poursuite de ses ambitions nucléaires pourrait aboutir à la fin du régime de Kim Jong-Un, au moment où Donald Trump poursuivait son escalade rhétorique en vantant la puissance nucléaire américaine.

Au lendemain des propos guerriers du président américain, qui a promis le "feu et la colère" au régime communiste, le chef du Pentagone Jim Mattis a appelé Pyongyang à arrêter sa course aux armes nucléaires, mettant en garde contre des décisions qui mèneraient "à la fin de son régime et à la destruction de son peuple".

"Les actions du régime de la RPDC seront à chaque fois largement surpassées par les nôtres et il perdrait toute course aux armements ou conflit qu'il déclencherait", a insisté l'ancien général des Marines, soulignant l'isolement grandissant de Pyongyang.

Sur la scène internationale, plusieurs pays ont exprimé leurs inquiétudes face au ton belliqueux adopté par le locataire de la Maison Blanche. L'Allemagne a appelé toutes les parties "à la retenue". La Chine, le seul véritable allié du régime nord-coréen, a exhorté à éviter "les paroles et actions" susceptibles d'accroître la tension dans la péninsule.

Interrogé sur les conditions dans lesquelles la tonitruante déclaration présidentielle avait été préparée, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de M. Trump, a souligné que les mots étaient ceux du président mais que "le ton et la force du message" avaient été discutés à l'avance avec son équipe.

Mercredi matin, le président américain a, d'un simple tweet, mis en avant l'arsenal nucléaire de son pays, assurant qu'il était "plus fort et plus puissant" que jamais.

Le ton du président septuagénaire contrastait avec celui de son secrétaire d'Etat, Rex Tillerson qui, depuis le territoire américain de Guam, au cours d'une escale prévue de longue date, a insisté sur le fait qu'il n'existait à ses yeux "aucune menace imminente".

- Calme à Guam -

Quelques heures auparavant Pyongyang avait menacé de tirer des missiles sur cette petite île du pacifique, d'une importance stratégique pour les Etats-Unis.

"Je pense que les Américains peuvent dormir tranquillement et ne pas s'inquiéter de la rhétorique de ces derniers jours", a ajouté M. Tillerson, insistant sur les intenses tractations diplomatiques en cours.

Le calme régnait à Guam où les autorités, se voulant rassurantes, invitaient les habitants et les nombreux touristes à "se relaxer et à profiter du paradis".

Cette île reculée de quelque 550 km2 est un avant-poste clé pour les forces américaines sur la route de l'Asie. Environ 6.000 soldats y sont déployés et elle dispose surtout d'une base aérienne capable d'accueillir les bombardiers lourds américains du B-52 au B-2 en passant par le B-1.

Interrogée sur la succession de notes discordantes depuis 24 heures, Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat, a assuré que les Etats-Unis parlaient "d'une seule voix". "Et d'ailleurs, le monde parle d'une seule voix", a-t-elle ajouté, évoquant le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord.

Le pays reclus est désormais doté d'armes nucléaires susceptibles d'être embarquées sur des missiles balistiques, y compris des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), selon les conclusions d'un rapport confidentiel achevé en juillet par l'agence américaine de renseignement militaire, la DIA.

Mais les spécialistes divergent de longue date sur les véritables capacités du Nord, en particulier à miniaturiser une tête nucléaire de façon à pouvoir la monter sur un missile.

Pour Siegfried Hecker, ex-directeur du laboratoire national de Los Alamos, cité par le Bulletin des scientifiques atomiques, Pyongyang n'a pas l'expérience pour tirer "une tête nucléaire suffisamment petite, légère et robuste pour pouvoir survivre à un acheminement par ICBM".

- Wall Street en baisse -

Seul point de consensus: Pyongyang avance à grand pas depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en décembre 2011.

Dans ce climat tendu, l'un des conseillers de Donald Trump, Sebastian Gorka, a appelé à l'unité derrière le président, dressant un parallèle avec la crise des missiles soviétiques à Cuba, qui, au début des années 60, mena le monde au bord du conflit nucléaire. "Durant la crise des missiles de Cuba, nous nous sommes rassemblés derrière JFK. C'est comparable à la crise des missiles", a-t-il déclaré sur Fox News.

Mais loin de faire l'unanimité, les propos présidentiels ont suscité le scepticisme de nombre d'analystes et les critiques d'élus.

"Vouloir surenchérir avec la Corée du Nord en matière de menaces, c'est comme vouloir surenchérir avec le pape en matière de prières", a écrit sur Twitter John Delury, professeur à l'université Yonsei de Séoul.

Nancy Pelosi, figure du parti démocrate, a dénoncé des propos "provocateurs et impulsifs" qui "affaiblissent notre capacité à trouver une issue pacifique à cette crise".

"Je ne vois pas bien comment ce genre de rhétorique peut aider", a lâché le sénateur John McCain, figure du parti républicain.

Dans ce climat de tensions géopolitiques, Wall Street a fini en légère baisse mercredi: le Dow Jones a perdu 0,17% et le Nasdaq 0,28%.

Avec AFP

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