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Un policier tué, cinq jours de deuil des opposants après la mort d'un 100e manifestant en Guinée


Quelques personnes transportent un blessé après une fusillade à Conakry, le 7 novembre 2018.
Quelques personnes transportent un blessé après une fusillade à Conakry, le 7 novembre 2018.

Un policier a été tué jeudi en Guinée, où l'opposition a annoncé un "deuil de cinq jours" après la mort mercredi de deux manifestants portant, selon elle, à 100 le nombre de victimes de violences policières et militaires depuis l'arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en 2010.

Le policier est décédé à la mi-journée après avoir été "copieusement bastonné" par des jeunes de Wanidara, un fief de l'opposition dans la banlieue de Conakry, a affirmé à l'AFP le directeur régional de la police de la capitale guinéenne, Boubacar Kassé.

"Le brigadier-chef Bakary Camara a été blessé par des jeunes qui lui ont administré des sévices corporels graves, qui ne lui ont laissé aucune chance de vie", a-t-il dit.

Cette nouvelle victime porte à 13 le nombre de tués parmi les forces de l'ordre depuis 2010, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels.

Deux jeunes avaient été tués mercredi soir dans ce même quartier de Wanidara par des tirs de militaires guinéens dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, avaient rapporté à l'AFP des sources concordantes.

"Nous avons enregistré de nombreux assassinats ciblés, mais avec ce double meurtre d'hier, on a franchi la barre de 100 victimes de M. Alpha Condé", a déclaré jeudi le chef de file de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, à l'issue d'une "réunion de crise" des dirigeants de l'opposition à son domicile.

M. Diallo a mis en cause des "bérets rouges", dont la présence aux côtés de la police a été récemment dénoncée par Amnesty International. Selon le chef de l'opposition, des membres de cette unité d'élite militaire "sont arrivés sur une moto et ont arrosé (de balles) un groupe de jeunes qui étaient assis".

"Le crime a été trop atroce, on va demander cinq jours de deuil jusqu'à lundi. Nous allons demander à tous les Guinéens épris de paix de se joindre à nous pour marquer leur solidarité avec la famille", a expliqué M. Diallo, qui s'exprimait devant des militants.

L'opposition multiplie depuis le début du mois d'octobre les journées "ville morte" et les manifestations pour protester contre la violation, selon elle, par le pouvoir d'un accord conclu en août sur l'installation des élus locaux après le scrutin contesté du 4 février. Elle accuse le gouvernement de corrompre ses élus pour s'assurer une large majorité des communes à travers le pays.

Elle avait appelé à une nouvelle journée "ville morte" mercredi et à une manifestation jeudi, interdite par les autorités.

"Nous n'allons pas marcher aujourd'hui", a déclaré M. Diallo à ses partisans.

Mais il a promis que les manifestations reprendront la semaine prochaine, "avec mardi la marche des femmes pour exiger l'arrêt des assassinats de leurs enfants", puis une nouvelle "journée ville morte" mercredi 14 novembre, suivie le lendemain d'une "marche de protestation contre l'impunité dont jouissent les forces de l'ordre".

Amnesty International s'était inquiétée le 31 octobre du nombre de tués --18 depuis début de l'année-- au cours des manifestations de l'opposition, demandant aux autorités de Conakry de veiller à ce que "personne d'autre ne perde la vie".

Avec AFP

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