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Trump attaque l'accusatrice du juge Kavanaugh


Le président Donald Trump serre la main du juge Brett Kavanaugh, son candidat à la Cour suprême, dans la salle Est de la Maison-Blanche, à Washington, 9 juillet 2018.
Le président Donald Trump serre la main du juge Brett Kavanaugh, son candidat à la Cour suprême, dans la salle Est de la Maison-Blanche, à Washington, 9 juillet 2018.

Finis les égards: Donald Trump a attaqué vendredi frontalement la femme qui accuse son candidat à la Cour suprême d'agression sexuelle, s'étonnant de son silence pendant plus de trente ans.

Le président américain a exigé que son accusatrice, Christine Blasey Ford, présente une copie d'une éventuelle plainte qu'elle aurait déposée sur ces faits censés avoir eu lieu dans les années 80.

L'universitaire Christine Blasey Ford, 51 ans, affirme que le juge Brett Kavanaugh, 53 ans, l'a agressée lors d'une soirée arrosée entre adolescents au début des années 1980 dans la banlieue de Washington, ce que le magistrat nie vigoureusement.

"Si les attaques avaient été aussi graves que ce que dit le Dr. Ford, il y aurait eu une plainte d'elle ou de ses parents aimants", a tweeté le président Trump, affichant pour la première fois aussi clairement ses doutes sur la crédibilité de la chercheuse en psychologie.

"Je demande qu'elle présente cette plainte pour que nous apprenions date, heure et lieu !" des faits présumés, a assené le milliardaire républicain, tout en volant à nouveau au secours de son candidat, "un homme bien, à la réputation impeccable", victime d'une "attaque de la gauche radicale".

Soucieux de ne pas s'aliéner l'électorat féminin à quelques semaines d'élections législatives à haut risque, le président Trump, pourtant prompt à rembarrer ceux qui se dressent sur son chemin, n'avait jusqu'ici pas critiqué nommément Mme Blasey Ford.

La Maison Blanche avait plutôt concentré ses flèches sur les démocrates, les accusant d'utiliser cette affaire pour retarder la nomination du magistrat conservateur.

Restée muette pendant des années, Mme Blasey Ford avait adressé en juillet une lettre confidentielle à une élue démocrate pour accuser le juge Kavanaugh, dont le nom commençait à circuler pour la Cour suprême. Mais son courrier n'a été transmis au FBI que la semaine dernière.

Suite à des fuites, Mme Blasey Ford a décidé de sortir de l'ombre dans une interview publiée dimanche.

Selon elle, le jeune Kavanaugh, accompagné d'un ami, tous les deux "complètement ivres", l'avait coincée dans une chambre et plaquée sur un lit lors d'une soirée d'été au début des années 1980. Il aurait tenté de la déshabiller, avant qu'elle ne parvienne à fuir.

- "Pas une affaire criminelle" -

Dès le lendemain, les sénateurs, qui ont pour mission de valider les nominations à vie à la Cour suprême, ont convoqué les deux protagonistes pour une audition lundi devant leur commission judiciaire.

Le juge Kavanaugh s'est immédiatement dit prêt à témoigner. Après quatre jours d'hésitation, Mme Blasey Ford a fait savoir qu'elle souhaitait bien être entendue par le Sénat mais à certaines conditions.

D'abord, elle n'ira pas au Sénat lundi, date fixée "arbitrairement". Ensuite, elle veut que les conditions de l'audition soient "justes" et répète sa "préférence" pour une enquête du FBI avant l'audition.

Enfin, elle veut que sa sécurité soit assurée. Depuis qu'elle est sortie de l'anonymat, elle assure avoir reçu des "menaces de mort" et avoir dû quitter son domicile en Californie.

Cette dernière exigence est compréhensible, a répondu vendredi la conseillère à la Maison Blanche Kellyanne Conway, tout en balayant l'idée d'une enquête du FBI.

"Ce n'est pas une procédure pénale, mais une audience de confirmation du juge Kavanaugh", a souligné Mme Conway, en appelant à ne pas dresser de parallèle entre cette affaire et la chute de dizaines d'hommes de pouvoir depuis un an pour abus sexuel.

"Ne confondons pas le mouvement #MeToo avec ce qui s'est passé ou non à l'été 1982", a-t-elle plaidé.

Si Mme Blasey Ford arrive à instiller le doute chez les sénateurs, elle pourrait faire dérailler la nomination du juge Kavanaugh et infliger un sérieux camouflet au président Trump.

Mais les républicains, majoritaires au Sénat, ne semblent pas décidés à se laisser faire. "Dans un futur très proche, le juge Kavanaugh siègera à la Cour suprême", a assuré vendredi le numéro un du Grand Old Party au Sénat Mitch McConnell.

L'enjeu dépasse le jeu politique: la nomination à vie du magistrat placerait les juges progressistes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême, arbitre des grandes questions qui divisent la société américaine (mariage homosexuel, armes à feu, droit à l'avortement...).

Avec AFP

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