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Le calme est revenu à Lomé mais Sokodé est une "ville fantôme"


Un carrefour à Lomé, Togo, 19 octobre 2017. (VOA/Kayi Lawson)
Un carrefour à Lomé, Togo, 19 octobre 2017. (VOA/Kayi Lawson)

Après quatre jours de graves violences entre manifestants et les forces de l'ordre, la vie a repris dans Lomé, tandis que la situation reste extrêmement tendue plus au nord du Togo, notamment à Sokodé, "ville fantôme", selon des habitants.

A Lomé, on nettoyait vendredi matin les barricades dressées ces trois derniers jours par des groupes de jeunes manifestants, mais la plupart des magasins avaient ouverts, même à Bé et Deckon, quartiers épicentres des violences, a constaté un journaliste de l'AFP.

Jeudi, les heurts avec les forces de l'ordre ont fait trois morts et 44 blessés, selon un bilan de l'opposition, dans la capitale.

A Sokodé, deuxième ville du pays et fief du Parti National Panafricain (PNP, opposition), la situation restait toutefois extrêmement tendue, obligeant le grand Imam de la ville à suspendre la prière du vendredi.

"Il n'y a plus une boutique d'ouverte à Sokodé, pas un service d'administration, il est même difficile d'aller acheter du pain. C'est une ville fantôme", confiait un habitant sous couvert d'anonymat. "Les forces de l'ordre sont postées partout, nous avons entendu des coups de feu cette nuit".

"Depuis hier (jeudi), les militaires tirent à balle réelle, ils mènent des expéditions punitives dans les maisons", témoigne le représentant local de l'Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition), Ouro Akpo Tchagnaou, ajoutant que la situation est similaire dans les villes du nord, nouveau foyer de la contestation populaire contre le président Faure Gnassingbé.


"Les gens continuent de fuir dans la brousse", a expliqué M. Tchagnaou.

Quinze personnes dont une majorité d'adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont ainsi été tuées en à peine deux mois. Les violences ont fait quelque 200 blessés.

Le gouvernement togolais rejette le bilan des victimes de ces derniers jours, et accuse les manifestants d'être à l'origine des violences, assurant que "les forces de l'ordre ne sont pas les seules à détenir des armes".

L'opposition réclame une réforme de la Constitution, et notamment la limitation à deux du mandat présidentiel. Autrefois divisée, elle s'est unie en une coalition de 14 partis, autour de l'opposant historique Jean-Pierre Fabre (ANC) et de Tikpi Atchadam (PNP), nouvelle bête noire du pouvoir.

Le gouvernement, dans ce contexte de crise socio-politique, a assuré qu'il soumettrait un projet de réforme constitutionnelle au peuple "d'ici la fin de l'année", par voie de référendum.

Mais l'opposition rejette le texte en bloc: la limitation prévue par le gouvernement n'est pas rétroactive et permettrait au président Faure Gnassingbé, élu en 2005 dans la violence et héritier d'une famille au pouvoir depuis 50 ans, de se représenter en 2020, puis 2025.

Avec AFP

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