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Surfacturations à l'armée nigérienne: que "lumière soit faite"


Manifestation à Niamey, Niger, contre la corruption au gouvernement, 21 décembre 2016 (VOA / Abdoul-Razak Idrissa)
Manifestation à Niamey, Niger, contre la corruption au gouvernement, 21 décembre 2016 (VOA / Abdoul-Razak Idrissa)

Une organisation de la société civile du Niger a exigé mercredi que "lumière soit faite" dans la médiatique affaire des surfacturations et des livraisons non effectuées lors d'achats d'équipements militaires ces dernières années.

"Nous sommes engagés à nous battre pour que lumière soit faite : tous ceux qui de près ou de loin sont impliqués dans cette malversation doivent non seulement rembourser l'intégralité des sommes indûment perçues, mais ils doivent également répondre pénalement de leurs actes", a déclaré à l'AFP Maman Kaka Touda, un responsable d'Alternative espace citoyen (AEC), une des plus importantes ONG nigériennes.

"Des centaines de nigériens ont perdu la vie sur les théâtres des opérations (anti-jihadistes) pendant que certains sont dans des bureaux climatisés en train de détourner des milliards de francs CFA", a-t-il dénoncé.

La justice avait annoncé le 8 avril ouvrir une enquête sur cette affaire qui a éclaté en février.

La réaction d'AEC intervient après la diffusion sur les réseaux sociaux d'extraits d'un rapport d'audit sur ces irrégularités. D'après ces extraits, ces malversations ont causé "un manque à gagner" de plus de 76 milliards FCFA (plus de 116 millions d'euros) pour l'Etat du Niger entre 2017 et 2019.

Les surfacturations représentent 48,3 milliards FCFA (66 millions d'euros) et les montants pour le matériel non-livré s'élèvent à 27,8 milliards FCFA (42 millions d'euros), selon ce rapport.

Interrogé par l'AFP, les services du procureur de Niamey ont indiqué qu'il "s'agit d'extraits du rapport provisoire" de l'audit et "non du rapport définitif" qui avait été transmis par le gouvernement à la justice.

Fin février, le gouvernement avait annoncé qu'un audit demandé par le président Mahamadou Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées dans des achats d'équipements pour l'armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l'ouest du pays.

Cet audit avait "passé au peigne fin un total de 177 dossiers dont les conditions de passation, d’exécution et de paiement pour certains d’entre eux" étaient "susceptibles de qualifications pénales".

Le 15 mars, de violents heurts avaient opposé les forces de l'ordre et des manifestants demandant des sanctions dans ce scandale. Au moins trois figures de la société civile sont encore incarcérées.

Le scandale a d'autant plus choqué l'opinion qu'entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques jihadistes.

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