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Plus de 30.000 personnes ont fui en trois semaines après des attaques de Boko Haram


Une procession funéraire d'un des agriculteurs tués par les militants de Boko Haram à Kalle, un village reculé situé à 17 km de la capitale Maiduguri, le 20 octobre 2018.
Une procession funéraire d'un des agriculteurs tués par les militants de Boko Haram à Kalle, un village reculé situé à 17 km de la capitale Maiduguri, le 20 octobre 2018.

Plus de 30.000 personnes se sont réfugiées à Maiduguri, capitale de l'Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria, depuis le 20 décembre, à la suite d'une recrudescence des combats entre l'armée nigériane et le groupe jihadiste Boko Haram, ont annoncé mercredi les Nations unies.

"Plus de 30.000 déplacés sont arrivés à Maiduguri ces dernières semaines, majoritairement de Baga", ville dont Boko Haram a temporairement pris le contrôle, a révélé l'ONU dans un communiqué, parlant d'une "tragédie humanitaire", alors que les chiffres officiels donnaient jusqu'à présent seulement quelques milliers de déplacés.

"Les Nations unies sont extrêmement inquiètes des conséquences des violences sur les populations civiles, dans le nord-est du Nigeria, particulièrement dans l'Etat du Borno", coeur du conflit qui ravage le pays depuis près de dix ans, a dénoncé Edward Kallon, coordinateur de l'ONU pour le Nigeria, après une visite dans les camps.

"Quelque 260 travailleurs humanitaires ont été obligés de quitter les districts de Monguno, Kala/Balge et Kukawa, zones affectées par le conflit depuis novembre, mettant en péril l'assistance humanitaires pour des centaines de milliers de personnes", a regretté M. Kallon.

On estime qu'1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer dans la région du Lac Tchad. Le conflit a fait plus de 27.000 morts depuis 2009.

Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui avait régulièrement affirmé depuis décembre 2015 que l'insurrection jihadiste était "techniquement vaincue", a reconnu lundi que l'armée essuyait des revers dans sa lutte contre Boko Haram.

Les insurgés multiplient leurs attaques depuis six mois, notamment contre les bases militaires, et ont tué des dizaines, voire des centaines de soldats. Les militaires nigérians ont récemment posté de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux se plaignant de leur très mauvaises conditions de vie et de leur équipement hors d'usage.

- Camouflet -

La prise temporaire de la ville de Baga le 27 décembre est une nouvelle démonstration de force: en quelques heures, les assaillants ont mis en déroute les 500 à 600 soldats de la Force multinationale mixte (MNJTF), composée d'unités du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun.

Mardi, le gouverneur de l'Etat du Borno s'est rendu à Monguno où, théâtralement, il a pleuré sur les victimes du conflit implorant de l'aide au gouvernement fédéral.

Le président Muhammadu Buhari, ancien général qui est candidat à sa propre succession pour les élections générales du 16 février prochain, avait été élu en 2015 sur la promesse d'éradiquer le groupe jihadiste et cette récente recrudescence des attaques est un sévère camouflet pour le chef de l'Etat qui est également chef des armées.

Dimanche l'armée a envahi les bureaux de Maiduguri du Daily Trust, un journal local, et ont arrêté deux journalistes, qu'ils accusent d'avoir révélé des informations confidentielles, avant de les relâcher plusieurs heures plus tard.

Au même moment, "des soldats armés ont fait une descente" dans le siège du Daily Trust d'Abuja, ainsi qu'au bureau de Lagos selon des sources au sein de la rédaction, où des téléphones portables et des ordinateurs ont été saisis.

Le porte-parole de l'armée, le général Sani Usman, a déclaré que le quotidien "avait divulgué des informations militaires classifiées, portant ainsi atteinte à la sécurité nationale", ayant révélé l'attaque "imminente" de l'armée sur Baga.

Le Daily Trust avait publié une longue enquête sur les conditions de vie déplorables des soldats il y a plusieurs semaines et est dans le collimateur des autorités.

Le gouvernement n'est "pas sur le point de bâillonner la presse", a déclaré à la presse le ministre de l'information, Lai Mohammed mardi.

"Mais les médias doivent faire preuve de retenue et de plus de responsabilité dans la couverture de l'insurrection", a-t-il souligné, en guise d'avertissement.

Mi-décembre, l'armée a suspendu les opérations de l'UNICEF, organisation onusienne présente dans le nord-est auprès des populations déplacées, les accusant d'espionnage. Le gouvernement avait réagi, et demandé à rétablir les opérations quelques heures plus tard.

Quelques jours plus tard, l'armée a demandé la fermeture des bureaux de l'ONG Amnesty International, organe de surveillance des droits de l'Homme qui dénonce les exactions des services de sécurité nigérians, ce que le gouvernement a rejeté, mais se disant toutefois "très préoccupé du rôle que joue Amnesty dans la guerre contre la terreur au Nigeria".

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