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Les pays pauvres endettés risquent un asservissement à leurs créanciers


Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse en marge des assemblées annuelles Banque mondiale / FMI à Washington, en octobre. 18, 2019.
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse en marge des assemblées annuelles Banque mondiale / FMI à Washington, en octobre. 18, 2019.

Les pays pauvres endettés risquent un asservissement à leurs créanciers, a mis en garde mercredi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, en marge d'une conférence ministérielle du G20 et du Forum de Paris.

Ce forum regroupait les pays créanciers et débiteurs pour discuter de la dette des pays les plus pauvres.

Question: Quelle est aujourd'hui la situation financière des pays les plus pauvres ?

Bruno Le Maire: "La crise a totalement asséché les finances des pays en développement. Les investisseurs doutent de la possibilité de ces pays de se développer et de rembourser leurs dettes et les capitaux se retirent à une rapidité qui est sans précédent dans les pays en développement.

Nous avons 100 milliards de dollars de baisse d'investissement dans les pays en développement entre février et juin et nous voyons se multiplier les zones de crise, que ce soit en Afrique, en Argentine, au Liban. Tous ces Etats aujourd'hui sont menacés de déstabilisation politique en raison des problèmes de dette et qui pourrait donc réduire à néant des années, voire une décennie de croissance forte dans certains pays africains."

Q: Que fait la France face à ce problème ?

R: "La France a donc porté avec le président de la République une initiative historique dans le cadre du G20 pour donner aux Etats les plus pauvres une marge de manoeuvre pour répondre à la crise et nous avons obtenu un accord important sur la suspension du service de la dette pour les 73 pays les plus pauvres.

Nous avons aussi essayé de regarder quelles pourraient être les étapes futures. Le président de la République envisage qu'il puisse y avoir d'ici la fin 2020, en fonction de la situation économique, une extension du moratoire de la dette, voire une restructuration pour certains pays.

Ça sera au cas par cas dans un cadre multilatéral, ce n'est pas la France qui va porter ça toute seule, le coût financier serait totalement excessif.

Nous avons ouvert un sujet politique majeur dont dépend la souveraineté de beaucoup d'Etats à travers la planète car un Etat qui s'endette trop, qui n'a pas de moratoire sur le remboursement de sa dette et qui ne peut pas restructurer sa dette, c'est un Etat qui peut être asservi très rapidement par ses créanciers".

Il faut "inscrire la dette dans un cadre plus multilatéral que bilatéral et donc éviter des situations dans lesquelles le remboursement de la dette se fait par la prise de possession d'actifs stratégiques, des ports, des aéroports".

Q: Quelles difficultés y a-t-il avec la Chine ?

R: "Ce qui est très positif, c'est que la Chine pour la première fois a accepté de participer à un exercice de ce type, donc c'est vraiment un geste multilatéral fort."

Mais "il très difficile par exemple de savoir le montant exact de la dette que détiennent les Chinois en Afrique.

On a eu des longues discussions, parfois assez toniques, sur ce sujet, notamment entre la Chine, les Etats-Unis, le président de la Banque mondiale (David Malpass), qui dit que la Chine ne prend (en compte) qu'une partie de sa dette parce qu'elle ne prend que l'Exim Bank (la Banque chinoise d'import-expert). Elle ne prend pas la dette de sa banque privée qui est sous contrôle de l'Etat chinois."

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