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Le régime syrien reprend Palmyre, une victoire majeure face à l'EI


Cette image d'archives montre des combattants du groupe Etat Islamique à Raqqa, Syrie. (AP Photo/Militant Website, File)
Cette image d'archives montre des combattants du groupe Etat Islamique à Raqqa, Syrie. (AP Photo/Militant Website, File)

L'armée syrienne appuyée par l'allié russe a infligé une cuisante défaite dimanche au groupe Etat islamique (EI) en lui reprenant la ville de Palmyre, et promis de chasser l'organisation jihadiste de ses principaux fiefs en Syrie

Il s'agit de la victoire la plus importante du régime face à l'EI depuis l'intervention militaire fin septembre 2015 dans le conflit syrien de la Russie, allié indéfectible du président Bachar al-Assad.

Après avoir reconquis Palmyre, les forces prorégime n'auront qu'à déloger l'EI de la localité d'Al-Alianiyé, située à 60 km plus au sud, pour reprendre le contrôle du désert syrien et avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les jihadistes.

S'exprimant devant des députés français en visite à Damas, M. Assad a qualifié d'"important exploit la libération de Palmyre (centre)", une ville vieille de plus de 2.000 ans dont les ruines sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco.

Il s'agit d'une "nouvelle preuve de l'efficacité de la stratégie de l'armée et de ses alliés dans la guerre contre le terrorisme, en comparaison avec le manque de sérieux de la coalition menée par les Etats-Unis" contre l'EI, a-t-il ajouté.

Le président russe Vladimir Poutine a félicité par téléphone M. Assad, qui lui a donné pour sa part "une haute appréciation de l'aide apportée" par la Russie, selon un porte-parole du Kremlin.

Selon un correspondant de l'AFP sur place, Palmyre ressemble à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements et les raids aériens ces derniers jours.

"Comme avant"

D'énormes destructions y témoignent de la violence des combats. Dans chaque quartier, les immeubles portent l'impact de balles et des trous béants défigurent leurs façades.

La télévision d'Etat a montré des images de destructions dans le musée de Palmyre avec des têtes de statues renversées, le sol couvert de débris et un grand cratère au plafond.

Dans le site antique, le slogan "l'EI restera" a été inscrit sur l'une des pierres anciennes.

Soutenue par l'aviation et les forces spéciales russes ainsi que par le Hezbollah libanais et des milices, l'armée a lancé le 7 mars l'offensive pour reprendre Palmyre à l'EI qui s'en était emparée en mai 2015.

En 20 jours de combats, 400 jihadistes sont morts, "le bilan le plus lourd pour l'EI dans une seule bataille depuis son émergence" dans le conflit en 2013, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). 188 membres des prorégime y ont péri.

Fort de son succès, le commandement syrien a affirmé que Palmyre "sera la base à partir de laquelle s'étendront les opérations contre le groupe terroriste notamment Deir Ezzor (est) et Raqa (nord)", principaux fiefs de l'EI. Le but est de "couper leurs lignes de ravitaillement et de reprendre les territoires sous leur contrôle pour mettre fin à leur existence" en Syrie.

L'ordre de retrait est venu du commandement à Raqa, a indiqué l'OSDH. Mais il reste "une poignée de jihadistes qui veulent se battre".

Des combats se poursuivaient d'ailleurs à l'aéroport militaire de Palmyre, au sud-est de la ville, selon l'OSDH.

Selon Moscou, les avions russes ont effectué 40 sorties dans la région de Palmyre ces dernières 24 heures frappant 117 cibles "terroristes".

Pays "déchiqueté"

Responsable d'atrocités dans les régions sous son contrôle et de vastes destructions du patrimoine, l'EI a détruit à coups d'explosifs les temples de Bêl et Baalshamin à Palmyre, ainsi que les tours funéraires et le célèbre Arc de triomphe.

Le chef des Antiquités syriennes Mamoun Abdelkarim s'est toutefois voulu rassurant, affirmant à l'AFP que "le paysage général est en bon état" et que Palmyre "redeviendra comme avant".

La perte de Palmyre est la deuxième grande défaite de l'EI en Syrie après celle en janvier 2015 à Kobané (nord) d'où le groupe avait été chassé par les forces kurdes appuyées par l'aviation de la coalition menée par Washington.

De l'autre côté de la frontière, en Irak, l'EI est aussi la cible d'une large offensive de l'armée qui cherche à reprendre son fief de Mossoul (nord) avec le soutien aérien de la coalition internationale. Des milliers d'Irakiens ont fui les combats dans la province de Ninive, dont Mossoul est le chef-lieu.

Les grandes puissances sont déterminées à en finir avec l'EI qui a revendiqué mardi les attentats de Bruxelles (31 morts et 340 blessés), quatre mois après avoir commis ceux de Paris (130 morts).

Palmyre était l'une des principales batailles en cours en Syrie, où une trêve est en vigueur depuis un mois entre rebelles et régime qui concentre désormais son combat contre les jihadistes.

A la faveur de la trêve, des pourparlers indirects ont eu lieu à Genève entre régime et opposition afin de trouver une issue au conflit qui a fait depuis cinq ans plus de 270.000 morts et créé une grave crise migratoire avec la fuite de millions de Syriens. L'ONU espère un deuxième round autour du 9-10 avril.

Dans son message pascal, le pape François a exprimé son espoir que ces négociations apportent la paix au pays "déchiqueté".

Avec AFP

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