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La pandémie détruit dix années de création d'emplois aux Etats-Unis


Les personnes qui ont perdu leur emploi à cause du coronavirus attendent en rang pour déposer une demande de chômage au Workforce Center, à Fort Smith, Arkansas, États-Unis, le 6 avril 2020. REUTERS / Nick Oxford
Les personnes qui ont perdu leur emploi à cause du coronavirus attendent en rang pour déposer une demande de chômage au Workforce Center, à Fort Smith, Arkansas, États-Unis, le 6 avril 2020. REUTERS / Nick Oxford

La pandémie a mis à genoux l'économie américaine et détruit en deux mois la quasi-totalité des emplois créés dans le pays en dix ans de croissance, faisant grimper le taux de chômage à un niveau comparable à ceux de la crise des années 30.

Le mois d'avril est le premier à refléter l'ampleur de la crise sur la première économie mondiale, et ce sont 20,5 millions d'emplois qui ont été détruits, du jamais vu en si peu de temps.

La situation est désormais bien pire que celle qu'avait connu le pays il y a un peu plus de dix ans, lors de la Grande récession qui avait suivi la crise financière mondiale. Il faut remonter à la Grande dépression des années 30 pour trouver des chiffres comparables.

Ainsi, le taux de chômage, qui affichait fièrement 3,5% en février, son niveau le plus bas depuis 50 ans, a bondi à 14,7%, son niveau le plus haut depuis 80 ans.

Et si "l'emploi a fortement chuté dans tous les secteurs", les destructions ont été "particulièrement importantes dans les loisirs et l'hôtellerie", relève le département du Travail, qui a publié vendredi ces chiffres.

"C'était tout à fait attendu et sans surprise", a réagi le président américain Donald Trump sur la chaine Fox News. "Là-dessus, même les démocrates ne me rejettent pas la faute."

En campagne pour un second mandat à la Maison Blanche, le républicain avait fait de la bonne santé de l'économie américaine l'un de ses principaux arguments de campagne.

Le chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer, a pourtant estimé, dans un communiqué, que "l'administration Trump continue de minimiser la gravité de cette crise".

- Les moins diplômés en première ligne -

"Le début de cette probable +récession pandémique+ est sans précédent. Les pertes d'emplois se sont concentrées parmi les travailleurs à faible revenu et les petites entreprises, précisément ceux qui ont peu de chances d'épargner pour surmonter le choc", a tweeté John Grigsby, économiste de l'université de Chicago.

Les personnes les plus touchées restent en effet les plus fragiles, et notamment les personnes les moins diplômées et les moins bien payées. Les Hispaniques sont en première ligne, suivis des Afro-américains.

Par ailleurs, le nombre de personnes qui occupent un emploi à temps partiel pour des raisons économiques a presque doublé, et atteint 10,9 millions.

La mise à l'arrêt brutale de l'économie à partir de mi-mars a fait perdre leur emploi à 33,5 millions de personnes.

Les restaurants, cafés, commerces, avaient alors dû fermer leurs portes, tout comme les écoles. Les femmes de ménage et baby-sitters ont été remerciées. Les taxis et autres chauffeurs n'ont soudainement plus eu de passagers à transporter.

- Chômage à 20% ou plus en mai -

Avec plus de 75.800 morts au total, et 1,2 millions de personnes contaminées (selon le comptage de l'université Johns Hopkins), les Etats-Unis sont très durement frappés la maladie.

Et si les coiffeurs, salles de sport et restaurants peuvent de nouveau accueillir leurs clients dans certaines régions du pays, les analystes restent pessimistes.

"Il est probable que le taux de chômage de mai approche, si ce n'est excède, les 20%", selon l'économiste Joel Naroff.

"Les conditions du marché du travail se sont considérablement détériorées et devraient rester mauvaises au cours des prochains mois", a ainsi commenté Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, dans une note.

Et après la réouverture, les mesures de distanciation sociale "restreindront l'activité et les licenciements se poursuivront en conséquence", a-t-elle ajouté.

Le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, table quant à lui sur une situation encore "difficile" en mai, mais pense que le second semestre sera "très solide", et que "2021 pourrait être une année fantastique".

Le pays indemnise désormais plus de chômeurs que jamais, 22,6 millions de personnes au cours de la dernière semaine d'avril, quand ils étaient environ 1,7 million avant la pandémie.

Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a reculé de 4,8% au premier trimestre, la baisse la plus importante depuis le quatrième trimestre 2008, époque où les Etats-Unis s'enfonçaient dans la crise économique.

La chute devrait être sans précédent au deuxième trimestre, de 30% et 40% selon des analystes.

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