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Donald Trump coupe le financement américain à l'OMS


Le président Trump annonçant la décision du gouvernement américain de retirer son financement à l'OMS, lors briefing quotidien du groupe de travail sur le coronavirus au Rose Garden de la Maison Blanche à Washington, États-Unis, le 14 avril 2020. REUTERS/Leah Millis
Le président Trump annonçant la décision du gouvernement américain de retirer son financement à l'OMS, lors briefing quotidien du groupe de travail sur le coronavirus au Rose Garden de la Maison Blanche à Washington, États-Unis, le 14 avril 2020. REUTERS/Leah Millis

Donald Trump a annoncé mardi la suspension de la contribution américaine à l'OMS, en pleine pandémie mondiale, qui continue de tuer des milliers de personnes chaque jour au moment où s'esquissent seulement en Europe de timides tentatives de déconfinement de la population.

Les Etats-Unis, premier bailleur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avec plus de 400 millions de dollars par an, vont lui couper les vivres le temps d'évaluer son rôle "dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus", a déclaré le président américain.

Il a reproché à l'agence de l'ONU de s'être alignée sur les positions de la Chine, que Washington accuse d'avoir initialement caché la gravité du virus lorsqu'il y a fait son apparition en décembre. Ce qui, a-t-il dit, a empêché de contenir l'épidémie "à sa source avec très peu de morts".

Ce "n'est pas le moment de réduire le financement" de l'OMS, qui est "absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19", a réagi le chef de l'ONU Antonio Guterres.

La patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait prié la semaine dernière le président Trump de ne pas "politiser" le virus en mettant à exécution sa menace du suspendre le financement américain.

C'est désormais chose faite.

Le milliardaire républicain, qui ne cache pas son mépris pour les organisations multilatérales, n'a pas hésité à passer à l'acte alors que son pays est le plus endeuillé par le coronavirus, avec plus de 25.700 morts au total et plus de 600.000 cas de contamination enregistrés.

Les Etats-Unis ont encore enregistré mardi un sombre record avec plus de 2.200 morts supplémentaires du nouveau coronavirus en 24 heures, le plus lourd bilan journalier recensé par un pays.

- Grande récession -

Quatre mois après l'apparition du virus, la pandémie a fait près de 125.000 morts dans le monde.

Et malgré un léger ralentissement en Europe notamment, elle continue de tuer plusieurs milliers de personnes par jour, et de s'étendre à des pays jusqu'ici peu touchés.

L'OMS joue un rôle-clé pour guider les gouvernements en quête de l'équilibre fragile entre poursuite de la lutte contre la maladie et relance d'une activité à l'arrêt total.

Elle a prévenu que le coronavirus resterait une menace "jusqu'à la mise au point et la distribution d'un vaccin sûr et efficace", ce qui peut prendre plus d'un an.

"Le risque de réintroduction et de résurgence de Covid-19 va continuer", surtout en cas de relâchement incontrôlé, a averti Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Or le déconfinement est attendu avec impatience par plus de la moitié de l'humanité, cloîtrée chez elle à la demande des autorités, avec une exacerbation des inégalités sociales.

Dans une banlieue pauvre du Cap, la police sud-africaine a dispersé par des tirs à balles en caoutchouc des habitants confinés, furieux de ne pas recevoir de nourriture.

Mais la fin des restrictions est aussi nécessaire pour limiter les dégâts économiques.

Le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi prévenu mardi que cette crise "qui ne ressemble à aucune autre" provoquerait une récession mondiale d'au moins 3% cette année, voire beaucoup plus si les mesures de confinement ne sont pas levées d'ici fin juin.

"Il est très probable que cette année, l'économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression" des années 1930, a estimé l'économiste en chef du FMI Gita Gopinath.

- Réouvertures prudentes -

Si la reprise de l'activité est encore loin pour de nombreux pays, en Europe, certains ont commencé à engager ou esquisser un timide déconfinement à la faveur d'une légère embellie sanitaire.

L'Autriche a permis mardi la réouverture prudente de ses petits commerces et jardins publics. La veille, l'Espagne, l'un des pays les plus endeuillés par le nouveau coronavirus, avec 18.000 morts, avait autorisé certains travailleurs à reprendre le chemin des usines et chantiers, à condition de porter des masques distribués à grande échelle.

A Vienne, près de la gare de Westbahnhof, Anita Kakac, une retraitée de 75 ans, a enfilé son masque et assure n'avoir "pas peur de sortir". "Je me réjouis de pouvoir acheter à nouveau des fleurs. Quand on voit ces couleurs, ça fait du bien à l'âme", dit-elle.

En Autriche, la mortalité est jusqu'ici restée inférieure à celle des pays en première ligne comme les Etats-Unis, l'Italie, l'Espagne, la France ou le Royaume-Uni.

L'Allemagne, également relativement épargnée, doit annoncer mercredi un allègement des mesures coercitives, qui varient d'une région à l’autre.

La France a été le premier des grands pays les plus touchés (avec plus de 15.700 décès) à donner une date pour le début du déconfinement: le 11 mai. Ce jour-là, les écoles commenceront à rouvrir progressivement, mais pas les bars, ni les restaurants ou les cinémas, a annoncé lundi Emmanuel Macron.

Mais si "l'épidémie commence à marquer le pas", comme l'a estimé le président français, l'embellie est encore fragile: la France a enregistré mardi un grand nombre de morts du Covid-19 (762), même si le nombre de patients en réanimation, un indicateur crucial, a continué à décroître.

La reprise sera donc très graduelle. La plupart des grandes manifestations culturelles de l'été dans le pays sont annulées, le départ du Tour de France cycliste a été reporté au 29 août et les organisateurs du Festival de Cannes envisagent de "nouvelles formes" pour l'édition 2020.

"Une fête" -

Egalement à l'arrêt depuis plus d'un mois, l'Italie (21.000 morts) a autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces.

Dans sa librairie de Syracuse, en Sicile, Marilla Di Giovanni se réjouit de voir revenir les clients: "C'est une fête. Les gens entrent un par un, je leur demande de garder la distance de sécurité, mais c'est la dimension humaine qui revient".

Le débat sur la fin du confinement et la relance de l'activité s'est aussi intensifié aux Etats-Unis, sur fond de polémique politique.

Donald Trump, après avoir affiché sa détermination à dicter le tempo, s'est montré mardi plus conciliant avec les gouverneurs des Etats les plus exposés, New York en tête, qui redoutent un déconfinement précipité et mal coordonné.

Dans l'Etat de New York, justement, le bilan est reparti à la hausse avec 778 nouveaux décès dans les dernières 24 heures, pour un total de plus de 10.800 morts, même si le ralentissement de la pandémie semble s'y confirmer.

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