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Guinée: nouvelle mobilisation contre Condé, un nouveau mort


Manifestation contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, à Conakry, en Guinée, le 24 octobre 2019. REUTERS / Saliou Samb NO RESALES. PAS D'ARCHIVES
Manifestation contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, à Conakry, en Guinée, le 24 octobre 2019. REUTERS / Saliou Samb NO RESALES. PAS D'ARCHIVES

Un jeune Guinéen a été tué par balles lors de heurts survenus jeudi à Conakry après la dispersion par les policiers et les gendarmes d'une nouvelle manifestation de masse des opposants au président Alpha Condé, ont annoncé sa famille et un médecin.

Alpha Souleymane Diallo, 19 ans, est au moins le 18e civil à trouver la mort depuis le début, le 14 octobre, d'une mobilisation contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé. Un gendarme a également été tué.

Le mouvement ne donne aucun signe de fléchir et la communauté internationale s'inquiète du risque d'escalade dans un pays à l'histoire tourmentée, coutumier des protestations et des répressions brutales.

Un flot de Guinéens vêtus de rouge, couleur de l'opposition, s'est à nouveau répandu dans les rues de la capitale pour ce qui peut être considéré comme l'acte 5 de la mobilisation à l'initiative du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un collectif de partis d'opposition, de syndicats et de membres de la société civile.

Ce rassemblement avait valeur de test au lendemain de la publication d'un rapport accusateur sur les agissements répressifs des forces de sécurité.

Des heurts ont éclaté quand les manifestants ont tenté de dévier de l'itinéraire fixé par les autorités.

Les forces de sécurité déployées en nombre les ont repoussés à l'aide de gaz lacrymogène, provoquant la débandade du cortège, ont rapporté les correspondants de l'AFP. Le ministère de la Sécurité a indiqué que les forces de l'ordre avaient répliqué, après sommations, aux jets de pierres des manifestants qui cherchaient à forcer le barrage.

Les accrochages se sont ensuite étendus à plusieurs quartiers périphériques qui résonnaient de détonations.

- "Projet diabolique" -

Alpha Souleymane Diallo, de retour de la manifestation, s'est retrouvé pris dans ces affrontements et quand il s'est mis à fuir, a fait face à des policiers qui lui ont tiré deux balles dans la poitrine, selon le témoignage de ses camarades rapporté par son frère aîné, Boubacar.

Ces événements sont survenus au lendemain de la publication par Amnesty International d'un rapport indiquant que tous les voyants sont "au rouge" pour les droits humains à l'approche de la présidentielle. Le document dénonce l'usage excessif de la force, les interdictions de manifestations pacifiques, les arrestations "massives" et "arbitraires", les cas de torture et l'impunité des forces de sécurité.

Le gouvernement guinéen s'est défendu contre un rapport volontairement à charge et ignorant ses efforts selon lui.

Les Guinéens ont manifesté dans plusieurs autres villes. A Kindia, à l'est de Conakry, des responsables locaux du FNDC ont été arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient à manifester, malgré l'interdiction des autorités, a rapporté un militant, Aldallah Conté.

A Conakry, le FNDC entendait modifier le parcours de ses précédentes marches et rallier le Palais du peuple, siège de l'Assemblée nationale et symbole politique situé près des lieux du pouvoir. Mais les autorités ont jusqu'alors tenu les manifestations de l'opposition à l'écart du centre et ont refusé de déroger à cette règle jeudi. Elles avaient pourtant autorisé un rassemblement pro-Condé auprès du Palais du peuple le 31 octobre.

"Nous ne demandons pas grand-chose à Monsieur Condé. Nous lui demandons de renoncer à ce projet diabolique (de troisième mandat), de libérer les détenus, d'arrêter les tueries de Guinéens et de faire justice pour les personnes tuées lors des manifestations", a dit une marcheuse, Mme Bah Aminatou, avant que la manifestation ne dégénère.

Le FNDC appelle à faire barrage au projet prêté à M. Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, de briguer sa propre succession en 2020 et de réviser dans ce but la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

A 81 ans, M. Condé, ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires et militaires, entretient le flou sur ses intentions, mais a lancé en septembre des consultations sur la Constitution.

Avec AFP

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