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Des avocats renoncent à défendre des opposants camerounais face à l'"arbitraire"


Une vue du palais de justice de Mokolo, région de l'Extrême-Nord, Cameroun, le 17 février 2018, .
Une vue du palais de justice de Mokolo, région de l'Extrême-Nord, Cameroun, le 17 février 2018, .

Un collectif d'avocats camerounais a renoncé jeudi à défendre une centaine de militants du parti du principal opposant, Maurice Kamto, écroués depuis près d'un an, et dénoncé "l'arbitraire" et "l'illégalité" de leur détention

Le 22 septembre 2020, la police avait violemment réprimé les "marches pacifiques" organisées par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de M. Kamto et par d'autres partis de l'opposition pour réclamer le départ du président Paul Biya, 88 ans et au pouvoir sans partage depuis près de 39 ans.

Plus de 500 militants et cadres du MRC avaient été arrêtés. Certains ont été relâchés depuis, mais 124 d'entre eux sont toujours détenus, selon le MRC.

Jeudi, un collectif d'une cinquantaine d'avocats qui les défendaient a annoncé ne plus être en mesure d'accomplir sa tâche.

"Le collectif déclare ne pouvoir s'associer à l'arbitraire et à l'illégalité, et prend la lourde et délicate décision de son retrait des procédures en cours", ont-t-ils écrit dans une déclaration publique.

Ils invoquent également "l'impossible accès à une justice équitable rendue par un tribunal impartial et indépendant".

Pour leur part, les 124 opposants qui estiment être des "otages politique de M. Biya" ont annoncé, dans une déclaration commune, avoir eux aussi décidé "de ne plus se soumettre à une parodie de jugement".

"Je prends acte de sa décision de se retirer de la procédure car personne ne peut leur en vouloir de ne pas accepter de servir de caution à une parodie de justice", a réagi M. Kamto devant la presse à propos de la décision du collectif.

"J'espère qu'avec cet acte, à défaut pour cette justice de se ressaisir, les Camerounais comprendront que nous entrons dans une période grave de turbulence", a-t-il averti.

M. Kamto, rival malheureux du chef de l'Etat réélu en 2018 dans un scrutin contesté par l'opposition, se présente comme "le président élu" et a été emprisonné sans procès neuf mois durant en 2019 avant d'être relâché à l'issue d'intenses pressions internationales.

Les autorités ont assuré à plusieurs reprises que les personnes arrêtées le 22 septembre sont poursuivies notamment pour "tentative d'insurrection" ou de "révolution". Certaines ont déjà été condamnées pour ces chefs d'accusation.

Deux mois après leur interpellation, Amnesty International accusait le régime de M. Biya de poursuivre une "implacable répression des opposants" caractérisée par des "arrestations et détentions arbitraires".

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