Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Climat de peur pour les immigrés de Floride sous la présidence Trump


Une manifestation soutient la loi contre l'immogration à l'aéroport de Los Angeles, en Californie, le 4 février 2017.
Une manifestation soutient la loi contre l'immogration à l'aéroport de Los Angeles, en Californie, le 4 février 2017.

Lorsque la journaliste vénézuélienne Eulimar Nunez a vu les images du chaos déclenché dans les aéroports par le décret anti-immigration du président Donald Trump, elle a décidé d'essayer de devenir citoyenne américaine.

Comme elle, de nombreux étrangers - légaux ou illégaux - vivent en Floride dans la peur et la confusion.

"Ce n'est pas que je pense qu'il va s'en prendre aux Vénézuéliens, mais tout est si instable et les règles changent si vite que je suis terrifiée", dit la jeune femme de 34 ans, qui vit à Miami comme résidente permanente depuis 2010.

Eulimar Nunez se dit "choquée" de l'imbroglio juridique et de la confusion qui entourent le décret signé par Donald Trump le 27 janvier, bloquant l'entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays principalement musulmans (Iran, Irak, Syrie, Soudan, Yémen, Somalie, Libye) pendant trois mois et des réfugiés pour quatre mois.

Des détenteurs de visas valides pour les Etats-unis ont été arrêtés, des étudiants ou des chercheurs n'ont pas pu retourner aux Etats-Unis dans un premier temps, jusqu'à ce que la justice fédérale suspende l'application du texte une semaine après.

"Je suis choquée par le manque de communication dans la prise de ces décisions et par la négligence avec laquelle elles ont été appliquées", dit Eulimar Nunez.

"J'ai très peur d'être dépendante du pouvoir discrétionnaire des agents (d'immigration) américains", ajoute-elle.

Cette peur est partagée par de nombreux étrangers qui, comme Eulimar Nunez, se précipitent pour tenter de solidifier leur statut légal aux États-Unis, que ce soit par un visa de travail, un permis de résidence permanente - les fameuses cartes vertes - ou l'obtention de la citoyenneté américaine.

"Depuis que Trump a gagné, c'est de la pure folie", confie Lorraine Perez, avocate spécialisée dans l'immigration à Miami.

"Les craintes ne sont pas infondées", dit-elle. Les avocats disent avoir obtenu un projet de décret qui rendrait plus difficile l'obtention de visas de travail - par exemple pour les dirigeants d'entreprises ou les gens qui cherchent à venir en Amérique pour investir - en exigeant un niveau d'éducation plus élevé.

Personne ne sait si et quand Donald Trump signera ce décret, mais les gens se précipitent pour boucler leurs demandes le plus rapidement possible.

"Je suis avocate depuis 20 ans et je n'ai jamais rien vu de pareil", dit Me Ada Pozo, avocate spécialisée sur l'immigration dont le cabinet est présent à Miami, Atlanta et New York.

Dans ces trois villes, son volume de travail a été multiplié par cinq. "Les gens ont vraiment peur et à juste titre".

Peur et rumeurs

Les autorités américaines ont déclaré à l'AFP ne pas avoir de chiffres récents sur une éventuelle augmentation du nombre de demandes de visa depuis que Donald Trump a remporté l'élection présidentielle. Mais la peur est palpable.

"Mon conseil aux résidents qui satisfont aux critères pour devenir citoyens américains est de déposer une demande, parce que ces droits sont en train d'être limités", assure l'avocate.

La nervosité des immigrés vivant en Floride s'est accentuée quand le maire de Miami, Carlos Gimenez, a décidé le 26 janvier de se plier à une menace de coupure budgétaire du président Trump et a retiré Miami de la liste des "villes sanctuaires" dans lesquelles les autorités locales refusent de coopérer avec les services fédéraux d'immigration pour arrêter ou expulser des sans-papiers.

La semaine dernière, un tweet faisant état de barrages routiers installés par les services l'immigration dans plusieurs secteurs de Miami s'est répandu comme une traînée de poudre.

Les journalistes se sont précipités sans pouvoir trouver aucun barrage.

"Rien de tout cela n'était vrai mais les gens sont dans un état de panique, d'incertitude et de peur", note Francisco Portillo, directeur de l'ONG Francisco Morazan Honduran Organization, qui aide les immigrés latinos à naviguer dans la bureaucratie américaine.

"Des mères ne veulent pas laisser leurs enfants aller à l'école de peur qu'ils soient arrêtés", dit Francisco Portillo.

Plusieurs centaines de clandestins ont été arrêtés au cours de la semaine écoulée dans le cadre d'opérations menées par les autorités fédérales à travers les Etats-Unis. Ces arrestations visent essentiellement ceux ayant un casier judiciaire ou accusés de délits.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG