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Brazzaville sous le joug des pénuries d'électricité, d'eau et de carburants


Ouenze, un quartier de Brazzaville, dans le noir à la suite d'une coupure d'électricité, à Brazzaville, le 10 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Ouenze, un quartier de Brazzaville, dans le noir à la suite d'une coupure d'électricité, à Brazzaville, le 10 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Au Congo-Brazzaville, les populations vivent les méfaits de 45 jours de coupures d'électricité qui ne prendront fin que le 5 décembre. Les autorités expliquent ces délestages par la maintenance d'une centrale à Pointe-Noire. Et pour ne rien arranger, Brazzaville connaît aussi des pénuries d’eau et de carburant.

Depuis le 21 octobre dernier, les Brazzavillois font face à d'intempestives coupures d'électricité. Ceux, dont les activités dépendent du courant, en souffrent le plus.

Arsène Vembe tient un office d'informatique à Bacongo. "Je n'en peux plus. Chaque jour, il faut démarrer le groupe électrogène. Mes recettes ont baissé jusqu'à 2000 francs CFA par jour, alors qu'on arrivait jusqu'à 30.000 francs", dénonce-t-il.

A Ouenzé, les plaintes sont nombreuses, surtout lorsqu'il s'agit de pénurie d'eau potable et de carburant. "J'ai beaucoup de commandes, mais je ne peux pas travailler convenablement. Le courant vient à partir de 18 heures au moment où nous fermons l'atelier", témoigne un maître-soudeur.

Pénurie d'eau et de carburant

"Gouverner c'est prévoir, c'est une situation difficile. On n'a pas l'eau. Il faut attendre jusqu'à 4h du matin pour espérer percevoir un filet d'eau au robinet. On dort sous de grandes chaleurs, pas moyen même de faire fonctionner un ventilateur", déplore un habitant de Bacongo.

Dans de nombreux ménages, on a cessé de faire des prévisions et les soirées de football sont vécues dans la rue.

"45 jours, ce n'est pas 45 secondes. On est obligé d'aller dans les ciné foot pour suivre les matchs. Les abonnements de télévisions ne servent plus aujourd'hui. Et quand vous allez chercher le carburant pour le groupe à la station, aucune goutte d'essence. C'est dur", affirme Dimitri Miki, un chef de famille.

La direction de distribution de la société d'électricité annonce la fin de ces délestages le 5 décembre. Selon la société, ces coupures sont équitablement réalisées sur tous les quartiers de Brazzaville, pour permettre à tous de bénéficier du peu de courant qui est servi.

Une rotation inéquitable

Pour les associations de défense des droits de consommateurs, la rotation des coupures n'est pas équitable. Mermans Babounga est le secrétaire exécutif de l'Association congolaise des droits de consommateurs.

"La redistribution du courant n'est pas équitable. En plus, les consommateurs ne savent pas quel jour ils seront coupés, alors que la société a sorti un calendrier, mais qui est resté interne. Les consommateurs souffrent, surtout les commerçants des produits alimentaires et les petits artisans. C'est vrai que nous avons vérifié à Pointe-Noire, qu'il s'agit bien d'un service de maintenance sur l'une des centrales électriques", indique Mermans Babounga.

Baudouin Mouanda, célèbre photographe à Brazzaville travaille depuis quelques années sur les coupures de courant dans la capitale. Cette fois-ci, ses photographies nourrissent les réseaux sociaux.

"Un jour vers 18 heures, c'est en plein marché Total de Bacongo que le courant était parti et toutes vendeuses se sont mises à crier en allumant les bougies. Cela m'a inspiré, j'ai vu que leur activité avait pris un coup. J'ai donc réalisé ce travail à la suite de ce que j'avais déjà fait sur les ombres de la corniche, c'est-à-dire les étudiants qui viennent lire sous les lampadaires, faute d'électricité à la maison", explique le photographe.

Les Brazzavillois se demandent bien si ces 45 jours sonneront définitivement la fin des délestages.

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