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Muhammadu Buhari réélu pour un second mandat à la tête du Nigeria


Le président nigérian Muhammadu Buhari salue à descente d’avion, de retour des vacances du Royaume-Uni, à Abuja, Nigeria, 18 août 2018. (Twitter/Bashir Ahmad)
Le président nigérian Muhammadu Buhari salue à descente d’avion, de retour des vacances du Royaume-Uni, à Abuja, Nigeria, 18 août 2018. (Twitter/Bashir Ahmad)

Muhammadu Buhari a été réélu président du Nigeria, avec 56% de voix, selon les résultats définitifs communiqués par la commission électorale (INEC) mercredi matin. Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique avec 190 millions d'habitants.

Le président sortant "est déclaré vainqueur et est réélu", a officialisé le président de l'INEC, Mahmood Yakubu mercredi à l'aube, sachant que la compilation des résultats avait mis fin au suspense dès mardi soir.

Avec les résultats des 36 Etats du pays ainsi que de la capitale fédérale Abuja, M. Buhari a gagné en comptant une avance de près de 4 millions de voix par rapport à son principal rival, Atiku Abubakar, à 56% contre 41%.

Quelques centaines de personnes s'étaient rassemblées dans le quartier général du parti au pouvoir, le Congrès des Progressistes (APC) à Abuja, pour sabrer le champagne au son de l'afropop mardi soir, lorsque les résultats quasi-complets rendaient l'élection pliée.

Toutefois, vu l'heure tardive de l'annonce de la réélection du président, il y avait alors peu de ferveur ou célébration populaire dans le pays, même à Kano, l'un de ses fiefs, où ses partisans étaient sortis en masse en 2015 pour célébrer sa première victoire.

M. Buhari s'est adressé à ses partisans dans son QG de campagne mercredi matin en célébrant "une autre victoire de la démocratie nigériane".

"Le nouveau gouvernement va intensifier ses efforts dans la sécurité, la restructuration de l'économie et le combat contre la corruption. Nous allons nous efforcer de renforcer notre unité et notre cohésion afin qu'aucune partie ni aucun groupe ne se sente à la traîne ou laissé pour compte", a-t-il déclaré.

Depuis lundi, au fur et à mesure que l'INEC annonçait les résultats, Etat par Etat, parti par parti, le suspense se réduisait, dans cette course qui s'annonçait pourtant serrée entre le président sortant et le candidat du Parti Populaire Démocratique (PDP).

Les écarts entre les candidats, tout deux haoussas du nord et musulmans, étaient certes moins prononcés que lors du scrutin de 2015, entre Buhari et Goodluck Jonathan, chrétien du Delta, mais Buhari a réussi à maintenir une large avance sur son adversaire.

- Recours légaux -

Atiku Abubakar, riche homme d'affaires et ancien vice-président du Nigeria entre 1999 et 2007, a la réputation d'être l'un des hommes politiques les plus corrompus du pays.

Buhari, ancien général qui avait déjà dirigé le pays en 1983 pendant les dictatures militaires, est un homme austère qui s'est engagé à mener une lutte féroce contre la corruption, le "cancer" qui ronge le premier producteur de pétrole d'Afrique.

Après un premier bilan très mitigé et critiqué sur les questions économiques et sécuritaires, Buhari gardait une large avance dans ses bastions où il dépassait les 70%, mais a perdu près de 435.000 voix dans l'immense ville de Kano (nord), l'un de ses fiefs. Ses détracteurs l'accusent également de mener une chasse aux sorcières contre ses opposants sous couvert de lutte anti-corruption.

M. Abubakar n'a de son côté pas réussi à faire l'unanimité dans la région yorouba du sud-ouest, où le parti au pouvoir a gardé la majorité des votes, ou dans le sud-est igbo, malgré le choix de Peter Obi, ancien gouverneur de l'Etat d'Anambra, comme vice-président.

L'opposition a dénoncé des fraudes massives du parti au pouvoir pour maintenir Muhammadu Buhari à la tête du pays, et avait demandé l'interruption des résultats mardi soir. Toutefois, cette demande ne peut se faire que par voie de justice.

"Situation Room appelle les partis politiques et les candidats qui ont des griefs avec le processus électoral à utiliser les recours légaux pour le faire", a annoncé le groupe de surveillance de la société civile dans un communiqué, après avoir dénoncé des manquements graves dans l'organisation du scrutin.

Retards à l'ouverture des bureaux de vote, intimidations d'électeurs, destruction de matériel électoral: la société civile et les observateurs ont dénoncé de nombreuses irrégularités et recensé au moins 53 morts dans des violences électorales.

- Faible taux de participation -

La mobilisation des électeurs nigérians a été faible lors de ce scrutin, avec un taux de participation d'environ 40%.

L'affluence a ainsi reculé dans quasiment tous les Etats du pays, notamment dans le sud-est. Dans l'Etat d'Abia par exemple, où les mouvements séparatistes pro-Biafra ont une forte assise populaire, le taux de participation n'a été que de 18%.

A Lagos également, capitale économique de l'Afrique de l'ouest et réservoir très important de voix avec plus de 6 millions d'électeurs enregistrés, le niveau de participation ne dépassait pas les 20%.

Les observateurs s'inquiètent de cette "faible mobilisation" qui "pourrait affecter la crédibilité du vainqueur de cette élection", déjà entachée par des accusations de fraudes.

"Cela aura un impact négatif sur le prochain gouvernement", explique l'un d'eux à l'AFP.

"La raison principale pour laquelle les électeurs ne se déplacent pas, c'est qu'il ne sentent pas la présence de l'Etat dans leur vie quotidienne", explique à l'AFP Nana Nwachukwu, activiste pour la campagne Not Too Young Too Run (Pas trop jeune pour s'engager en politique).

"L'apathie générale est due au fait que les Nigérians ne peuvent pas compter sur leur gouvernement", note-t-elle.

Le Nigeria est le premier producteur de pétrole du continent avec près de 2 millions de barils par jour, mais manque toujours d'infrastructures basiques, d'électricité ou d'eau courante et 87 millions de Nigérians vivent désormais sous le seuil de l'extrême pauvreté.

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