RDC

Décès du deuxième cas d'Ebola détecté à Goma

Campagne de vaccination contre Ebola au Centre de santé Himbi à Goma en RDC le 17 juillet 2019.

La mort du deuxième malade d'Ebola à Goma, grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, a suscité l'inquiétude des populations de la région face à une épidémie qui défie les professionnels de santé depuis une année.

"Le malade confirmé d'Ebola à Goma est décédé, toutes les mesures pour couper la chaîne de contamination sont déjà prises", a déclaré à l'AFP Jean-Jacques Muyembe, le nouveau responsable nommé par la présidence congolaise pour coordonner la riposte contre l'épidémie.

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Ce malade était arrivé au centre de traitement "au 11e jour de sa maladie, c'était vraiment sans espoir car la maladie était déjà à un degré très avancé. Il est donc décédé dans la nuit de mardi à mercredi", a indiqué de son côté le Dr Aruna Abedi, coordonnateur de la riposte contre Ebola dans la province du Nord-Kivu.

"Nous demandons à la population de ne pas cacher les cas suspects. Le centre de traitement n'est pas un mouroir, il faut amener le malade à temps", a insisté le Dr Aruna.

L'homme décédé à Goma est le deuxième cas d'Ebola enregistré dans ce grand centre urbain de l'est du pays, seize jours après un premier cas et un an après la déclaration de l'épidémie de fièvre hémorragique dans les régions rurales du Nord-Kivu et d'Ituri, dans l'est de la RDC.

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Ville d'un à deux millions d'habitants, Goma est située sur le bord du lac Kivu et à la frontière avec le Rwanda. L'angoisse a gagné les habitants après l'annonce de ce deuxième décès d'Ebola.

"J'ai maintenant peur que cette maladie nous atteigne tous. Nous entendions parler de ça de loin et maintenant le virus est dans notre ville", s'est désolée une ouvrière de 27 ans, Anuarite Sifa.

"Mais pourquoi la route qui relie Goma à Butembo (un des principaux foyer de l'épidémie) n'est pas fermée ?", s'est-elle interrogée.

"Ce nouveau décès prouve qu'Ebola était déjà ici à Goma. Que Dieu nous vienne en aide sinon ça sera catastrophique, et pour nous et pour les autres villes" reliées à Goma, a commenté Joseph Bakisula, un homme de 32 ans. "Que les autorités prennent d'autres mesures pour nous mettre à l'abri !".

- Bateaux immobilisés -

Depuis la déclaration de l'épidémie le 1er août 2018, aucun cas n’a été enregistré dans la capitale congolaise, Kinshasa, qui se situe à deux heures d’avion des principaux foyers d’infection.

La maladie a jusqu'à présent été relativement circonscrite mais l'apparition de cas dans une ville comme Goma renforce la menace d'une propagation de l'épidémie déjà responsable de 1.803 morts, selon les derniers chiffres publiés mercredi par les autorités.

Mercredi avant midi, cinq bateaux en provenance de Goma ont été immobilisés dans le port de Bukavu, de l'autre côté du lac Kivu, provoquant l’inquiétude dans cette autre ville de l'est de la RDC.

Un canot rapide avec à son bord du personnel médical et des représentants de la mairie est allé à la rencontre des bateaux immobilisés à quelques mètres du quai d'accostage pour un contrôle des manifestes, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Qu'allons-nous faire si Ebola arrive ici où il n'y a ni d'infrastructures sanitaires appropriées, ni une annonce de vaccination pour la prévention ?", se demandait un père de famille, Léonard Malekera. "La rentrée scolaire c'est pour bientôt, si la maladie atteint Bukavu, ça sera une catastrophe".

"Je ne vais plus serrer les mains aux gens", a déclaré une femme de 22 ans.

"A Bukavu, il n'y a pas de cas d'Ebola, la population ne doit pas paniquer mais doit se conformer aux normes hygiéniques en attendant le contrôle qui s'effectue dans les bateaux qui viennent de Goma", ont déclaré les autorités provinciales dans un communiqué.

Plusieurs rotations de bateaux, certains transportant jusqu'à 500 passagers ainsi que des marchandises relient chaque jour Goma et Bukavu (un million et demi d'habitants).

"La psychose qui gagne Bukavu est fondée au vu des échanges commerciaux entre Bukavu et Goma à travers le lac Kivu", estime Jean-Chrysostome Kijana, président de la Société civile du Sud-Kivu qui appelle les autorités à prendre les choses "au sérieux".

"Les services aux ports ne doivent pas être complaisants dans l'élaboration et le contrôle des manifestes" des embarcations, d'autant que des passagers descendent habituellement au cours du trajet, a-t-il ajouté.