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VIH/Sida: déconsidérés, les pairs éducateurs camerounais crient à l'aide


Au cours d’un plaidoyer, deux pairs éducateurs témoignent sur leurs difficiles conditions de vie et de travail à Yaoundé, le 26 novembre 2021. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Au cours d’un plaidoyer, deux pairs éducateurs témoignent sur leurs difficiles conditions de vie et de travail à Yaoundé, le 26 novembre 2021. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

En 2020, ils ont organisé 283.000 dépistages du VIH qui ont permis de détecter 5811 cas positifs.

Au Cameroun, environ un millier de pairs éducateurs et agents de santé communautaires engagés dans la lutte contre le SIDA sont aux abois. Ils ne sont pas pris en compte sur le plan salarial dans les subventions que reçoivent les associations locales.

Dans le cadre des activités la semaine internationale de dépistage, un plaidoyer pour la valorisation du statut du pair éducateur a été initié à Yaoundé par les associations Affirmative Action et Cameroonian Foundation for Aids (CAMFAIDS​).

Par ce plaidoyer, "nous voulons que le pair éducateur quitte le statut de bénévole à celui de prestataire payé", explique Nickel Kamen Liwandi, directeur exécutif de CAMFAIDS, une association de prévention du VIH.

Maillons essentiels dans la communication sur le changement de comportement, les pairs éducateurs servent aussi de relais entre les cibles de dépistage et les personnes atteintes de VIH les services de santé.

Un danger permanent

Malgré le contexte sanitaire marqué par la pandémie de Covid-19, ils ont mené l’an dernier plus de 345.000 conversations éducatives sur l’ensemble du territoire camerounais.

"Nous faisons face à la violence de nos cibles, des injures, des stigmatisations, des arrestations arbitraires s’agissant par exemple des pairs éducateurs qui sont en contact avec des usagers de drogues, des clients des travailleurs de sexe. Lorsqu’ils se retrouvent parfois dans leur milieu si la police arrive, ils sont embarqués", témoigne Marcel Edima, pair éducateur à la CAMFAIDS.

C’est dans un endroit réputé dangereux au quartier Mvog-mbi, dans le 4e arrondissement de Yaoundé, que Mylène Nsegbeu, paire éducatrice à Humanity First Cameroon a mené les activités communautaires lors de la semaine internationale du dépistage du VIH.

"C’est un endroit où nous trouvons plus des usagers de drogue, ce n’est pas facile de les convaincre à accepter le dépistage mais lorsque nous parvenons à leur donner la bonne information sur le VIH, ils cèdent et ça nous permet quand même de pouvoir atteindre nos objectifs mais tout ceci se fait à mes risques et périls", confie-t-elle à VOA Afrique.

Témoignage d'une patiente de VIH
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Pas de plan de carrière

En 2020, alors que le niveau des dépistages du VIH a connu une baisse de 20% dans le monde selon le Fonds mondial, les pairs éducateurs du Cameroun ont réussi à organiser 283.000 dépistages du VIH qui ont permis de détecter 5811 cas positifs.

"De nombreux pairs éducateurs sont démotivés, ce qui affecte plusieurs projets et programmes où ils interviennent", a alerté Jacques Ombilitek, directeur exécutif adjoint d’Affirmative Action lors d’une conférence de presse.

L’association est membre du plaidoyer pour la valorisation du statut des pairs éducateurs.

"Le pair éducateur a besoin d’une protection sociale, d’une sécurité de sa personne, d’une reconnaissance comme corps de métier, un statut qui est reconnu comme tel et qui peut faciliter la négociation pour leur prise en charge effective dans les subventions", martèle Jacques Ombilitek.

Depuis 2021, le Fonds mondial accorde aux pairs éducateurs une indemnité mensuelle qui s’élève à 35.000 CFA. Jusqu’ici les pairs éducateurs n’avaient droit qu’aux frais d’activités, selon les responsables d’associations locales de prévention de VIH.

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