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Un maire-adjoint veut "casser les dents" des militants du non lors du référendum au Burundi


Pierre Nkurunziza au palais présidentiel à Bujumbura, le 29 juin 2017.
Pierre Nkurunziza au palais présidentiel à Bujumbura, le 29 juin 2017.

"Celui que vous allez attraper en train de faire campagne pour le non, livrez-le à nous", affirme un adjoint au maire de la localité de Butihinda (nord-est) et chef de la branche locale du parti au pouvoir Cndd-FDD dans un extrait vidéo diffusé sur les réseaux sociaux.

Un responsable du parti au pouvoir au Burundi a menacé de "casser les dents" de ceux qui feront campagne pour le "non" lors du référendum constitutionnel prévu en mai, qui pourrait permettre au président Pierre Nkurunziza de diriger jusqu'en 2034, indiquent des sources concordantes.

Le Cnared, principale plate-forme de l'opposition en exil, a immédiatement dénoncé vendredi un "terrorisme d'Etat". "Ca sera un référendum où les gens n'auront le droit que de voter pour le oui", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Cnared, Pancrace Cimpaye.

Revocat Ruberandinzi, adjoint au maire de la localité de Butihinda (nord-est) et chef de la branche locale du parti au pouvoir Cndd-FDD, s'est adressé aux habitants le samedi 27 janvier à l'issue de travaux communautaires.

Evoquant des "déstabilisateurs" qui passeront "maison par maison pour vous dire de voter non", M. Ruberandizi a soutenu: "le président a dit publiquement que celui qui va faire la campagne du non aura franchi une ligne rouge, et aura quitté le groupe des saints pour celui des criminels".

"Celui que vous allez attraper en train de faire campagne pour le non, livrez-le à nous", a ajouté celui qui est aussi le responsable local des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir que l'ONU a qualifié de milice. "Nous allons casser les dents de ces déstabilisateurs, de ces contestataires".

L'annonce en avril 2015 de la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat controversé avait marqué le début d'une crise politique qui a fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 déplacés, selon les sources (ONU et ONG). La CPI a ouvert une enquête sur ces violences, principalement attribuées aux forces de sécurité et aux Imbonerakure.

Lors du référendum prévu en mai, les Burundais doivent voter sur un projet de révision de la Constitution qui permettrait à M. Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, de briguer à partir de 2020 deux nouveaux mandats de sept ans.

Le gouvernement a lancé le 12 décembre une "campagne d'explication" autour de la réforme constitutionnelle. Mais la campagne officielle ne commencera que deux semaines avant le référendum, et personne n'est encore autorisé à défendre ouvertement le oui ou le non.

A la mi-janvier, le groupe parlementaire d'opposition Amizero y'Abarundi avait dénoncé l'arrestation de plus de 40 de ses partisans, auxquels le gouvernement reproche de militer avant l'ouverture officielle de la campagne.

Ce groupe dénonce un "deux poids-deux mesures flagrant", estimant que les ministres et responsables du Cndd-FDD) n'hésite pas à faire campagne pour le oui.

Avec AFP

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