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Trump s'en prend à Macron avant le sommet de l'Otan


Donald Trump et Emmanuel Macron à Londres le 3 novembre 2019.
Donald Trump et Emmanuel Macron à Londres le 3 novembre 2019.

Donald Trump a attaqué de front le président français Emmanuel Macron mardi avant le sommet du 70e anniversaire de l'Otan, renforçant le climat de zizanie régnant entre des Alliés confrontés à des défis inédits.

Ces commémorations s'annonçaient peu festives vu les différends sur la Syrie ou le financement de l'organisation et Emmanuel Macron a jeté de l'huile sur le feu en jugeant l'Alliance née en 1949 "en mort cérébrale".

Avant même les rencontres officielles au complet, mardi soir à Buckingham Palace et mercredi dans un golf de luxe en périphérie de Londres, le président américain s'en est pris à ce jugement, le qualifiant de "très insultant".

C'est un jugement "très, très méchant a l'adresse de 28 pays", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg. Donald Trump s'est dit "très surpris" par la déclaration d'Emmanuel Macron, qu'il doit rencontrer mardi dans la journée, et l'a jugée "très dangereuse" pour la France.

"Personne n'a besoin de l'Otan plus que la France", a-t-il affirmé, critiquant par ailleurs durement la volonté de Paris de taxer les géants technologiques américains.

L'administration Trump a déjà menacé d'imposer des droits de douane pouvant atteindre 100% sur l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français dont le roquefort, les yaourts, le vin pétillant.

- "Mauvais payeurs" -

"Je suis en désaccord" avec Emmanuel Macron a pour sa part déclaré Jens Stoltenberg. "Il ne faut pas mettre en doute l'unité et la volonté des alliés de se défendre les uns les autres", a-t-il ajouté précisant que c'est la base de la dissuasion.

Le secrétaire général espère se voir confier à Londres la mission d'améliorer la réflexion stratégique au sein de l'Otan.

70 ans après sa création, l'Alliance est confrontée à de nouveaux défis comme la montée en puissance de la Chine et la militarisation de l'espace, en plus de relations difficiles avec la Russie qui montre ses muscles sur son flanc Est.

Vladimir Poutine a dénoncé mardi le comportement "pas correct voire grossier" de l'Otan, accusée par le Kremlin d'avoir continué à s'agrandir malgré les promesses faites selon le Kremlin avant la chute de l'URSS: "Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre volonté de coopérer avec l'Otan, sur des menaces réelles comme le terrorisme international, les conflits armés locaux et le danger de la prolifération des armes de destruction massives".

Hôte de la rencontre, le Premier ministre britannique Boris Johnson veut appeler les 29 pays membres à l'unité mais les noms d'oiseaux avaient commencé à pleuvoir dès la semaine dernière.

Répliquant aux déclarations d'Emmanuel Macron sur l'Otan, le président turc Recep Tayyip Erdogan lui avait lancé: "Fais d'abord examiner ta propre mort cérébrale!"

Leur contentieux porte sur l'intervention lancée par Ankara en octobre dans le Nord-Est de la Syrie sans en informer les autres membres de l'Alliance. Les deux chefs d'Etat doivent se retrouver mardi après-midi avec Boris Johnson et Angela Merkel pour discuter du conflit syrien.

Outre les attaques contre la France, Donald Trump, qui depuis son élection pousse ses alliés à augmenter leurs budgets militaires pour partager davantage le fardeau, a lancé une nouvelle charge contre les "mauvais payeurs" de l'Otan, notamment l'Allemagne.

Le milliardaire veut maintenir la pression sur les alliés pour leur faire respecter leur engagement de consacrer 2% de leur PIB pour leur budgets militaires en 2024. La France dépensera l'équivalent de 2% en 2025, mais l'Allemagne, à 1,42% en 2020, ne respectera pas son engagement avant le début de la décennie 2030.

S'il s'est félicité d'avoir "obtenu 130 milliards de dollars", en référence à la somme que le Canada et les membres européens auront ajoutée aux budgets de la défense en quatre ans, il s'est dit insatisfait.

La visite du président américain à Londres est scrutée de près au Royaume-Uni, dans un contexte politique explosif à neuf jours des législatives. Boris Johnson espère gagner une majorité suffisante pour mettre en oeuvre le Brexit, pour lequel ont voté 52% des Britanniques en 2016.

Le milliardaire républicain a assuré ne pas vouloir se "mêler de ces élections". Il a toutefois redit être favorable au Brexit dont le Premier ministre britannique s'est fait le champion et a fait l'éloge de ce dernier, jugé "très compétent".

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