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Trois mois de grève à l'université de Brazzaville


Dans la cour de l'université à Brazzaville, le 21 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Dans la cour de l'université à Brazzaville, le 21 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Depuis deux mois et demi à Brazzaville, Bayardelle, à la faculté des lettres et des sciences humaines, un des plus importants établissements de l'université Marien Ngouabi, est devenu désert.

La cohue des étudiants est aujourd'hui remplacée par des chants d'oiseaux. Dans cet univers perdu, quelques usagers de l'administration scolaires sont quand même reçus par le service minimum.

"Hier, je suis venu, mais comme ils n'ont rien, c'était fermé. Aujourd'hui, ils m'ont reçu et je peux espérer récupérer mon attestation la semaine prochaine", témoigne un ancien étudiant.

Reportage d'Arsène Séverin sur la grève à l'université de Brazzaville
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Les étudiants, ne sachant plus à quel saint se vouer, expriment leur amertume : "Cela fait trois mois qu'on est à la maison, les choses roulent au ralenti, on attend même les sessions de rattrapage, mais rien", déplore un étudiant de la faculté des Sciences.

"Nombreux sont au village où ils font des champs. Ce n'est pas avantageux, car on ne lit plus nos leçons, on va perdre certaines notions", s'inquiète une étudiante de la faculté des Lettres et des sciences humaines.

Les étudiants finalistes sont inquiets pour leur avenir.

"C'est l'unique université publique que nous avons au Congo, lorsqu'elle est paralysée pendant au moins trois mois, il se pose un problème sur la crédibilité de nos diplômes", dit un étudiant en master II de Philosophie.

"Nous sommes bien évidemment découragés, puisque nous ne pouvons pas faire des recherches, étant donné que l'université n'est pas fonctionnelle", regrette pour sa part un étudiant en Sociologie.

Quant aux enseignants qui maintiennent leur mouvement de grève, ils veulent tout simplement être payés.

Pour le Professeur Mbete, la grève va de soi : "Nous avons travaillé, nous demandons juste à être payés. Jusque-là, ils n'ont pas de proposition à faire, sinon nous demander de faire le bénévolat".

"Qui aujourd'hui accepterait de travailler bénévolement ? On n'est pas fermé, on n'est pas catégorique, la balle est dans le camp du gouvernement", tempête l'enseignant.

Interrogé sur la question, Bruno Jean Richard Itoua, ministre de l'Enseignement supérieur, appelle les enseignants à comprendre la situation générale du pays et de revenir à l'université.

"L'université est en grève, il y a quelques arriérés de salaires, c'est pénible, certes, mais ils ne sont pas les seuls", a déclaré le ministre.

"L'année n'est pas encore en péril. Mais nous allons continuer à dialoguer avec les syndicalistes et les travailleurs, nous espérons que nous allons les convaincre de revenir travailler et que les enfants puissent commencer l'année académique très rapidement", affirme le ministre.

Gabriel Bissenga, président du syndicat des enseignants et autres agents de Marien Ngouabi, explique que depuis le 7 septembre, les enseignants observent une grève car "la tutelle nous doit six mois de salaires impayés, nous avons présenté notre cahier des charges, mais nous n'avons pas de réponse jusqu'à présent".

"On a jamais commencé des discussions franches avec le ministre, tous les travailleurs de l'université sont indignés, ce sont des propos purement mensongers. Nous voulons être payés régulièrement chaque fin du mois comme les autres fonctionnaires", suggère le syndicaliste.

Apres près de deux mois de grève, Marien Ngouabi reste fermée. Et personne ne sait quand les cours reprendront ici.

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