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Réintégration difficile pour les filles des groupes armés dans l’est de la RDC


Des jeunes filles membres d'une milice marchent dans leur village, dans le Sud-Kivu, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)
Des jeunes filles membres d'une milice marchent dans leur village, dans le Sud-Kivu, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)

Les filles anciennement associées aux groupes armés sont difficilement acceptées quand elles réintègrent la vie civile. C'est ce que révèle une enquête de l’ONG Child Soldier International.

L’ONG britannique a, avec d’autres ONG congolaises, interviewé plus de 150 jeunes filles sorties des groupes armés dans cette région de la RDC où, selon l’Unicef, plus de 70 groupes armés restent actifs et continuent à recruter des enfants.

Les membres d'une milice dans les haut-plateaux, au Sud-Kivu, RDC, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)
Les membres d'une milice dans les haut-plateaux, au Sud-Kivu, RDC, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)

La plupart de filles interviewées ont fait part des difficultés qu’elles rencontrent après le retour dans leurs communautés d'origine. Elles affirment être l’objet de stigmatisation et d’isolement total.

"Elles ne demandent pas grand-chose, juste une acceptation au sein de groupe sociaux, à la prière comme aussi à l'église", explique à VOA Afrique Marie de la Soudière, chercheuse de Child Soldier International.

D'autres ONG locales ont déjà commencé le travail de sensibilisation communautaire pour un apprentissage au métier pour certaines de ces jeunes filles. Le but est de leur permettre d’être autonomes dans le futur.

Simon Kangeta, de l’Association des Jeunes pour le Développement intégré (AVPD) de Kalundu, et Joahkim Kifungo du Progamme d'appui de lutte contre la misere (PAMI), œuvrent dans ce secteur depuis plus de dix ans. Ils estiment que le travail est difficile suite à des conflits récurrents dans leurs milieux.

"Là nous avons entamé un programme d'alphabétisation pour elles," indique M. Kangeta. Son ONG a des activités dans la pleine de la Ruzizi au Sud-Kivu.

M. Kifungo estime, pour sa part, que les jeunes filles issues des groupes armés sont toujours en danger tant que ces milices restent actives.

Les membres d'une milice dans les haut-plateaux, au Sud-Kivu, RDC, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)
Les membres d'une milice dans les haut-plateaux, au Sud-Kivu, RDC, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)

"Les enfants nous reviennent à trois voire quatre reprises dans le programme de réinsertion sociale, c'est un problème! " s'exclame monsieur M. Kifungo.

Pour l'Unicef/RDC, 80 % d'enfants ont réussi à quitter les groupes armés, depuis le lancement de ce processus de réintégration et réinsertion sociale, mais la situation des jeunes filles reste préoccupante.

"Il y a environ plus 70 groupes armés encore actifs ici dans l'est de la RDC. Il est donc difficile aujourd'hui d'établir le nombre exact d'enfants qui restent encore dans les groupes armés, du fait que les milices continuent à naître, fusionnent et les conflits continuent. Lorsque les communautés savent que les filles ont été utilisées et recrutées par les groupes armés, cela pose un problème pour leur réintégration sociale", affirme André Mussa, chargé de la protection de l'enfance pour Unicef zone est en RDC.

Dans l'est de la RDC, les groupes armés utilisent les enfants jusqu'à présent, des filles ou des garçons.

Le plus souvent les chefs de ces milices se justifient en disant être des groupes d'autodéfense contre des agresseurs.

Ils nient la présence d’enfants mais ceux-ci sont visibles. Ils sont vite écartés pour échapper au micro et à la caméra de VOA Afrique.

Ici, nous sommes au Sud-Kivu dans la pleine de la Ruzizi où plus de 20 groupes armés sont encore actifs.

Des jeunes filles membres d'une milice marchent dans leur village, dans le Sud-Kivu, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)
Des jeunes filles membres d'une milice marchent dans leur village, dans le Sud-Kivu, avril 2017. (VOA/Charly Kasereka)

Le leader de la milice expl tente de se justifier. "Seulement les plus forts gardent nos positions, pas les enfants. Mais nous voulons (nous-mêmes) aussi être démobilisés et quitter cette brousse", déclare M. Mussa.

La coordination de la société civile au Nord-Kivu a récemment demandé à la justice congolaise et celle de la sous-région de juger tous les seigneurs de guerre déjà aux arrêts.

Tabo Taberi Sheka de la milice ''Nduma defense of Congo'' qui s'est récemment rendu à la Mission des Nations unies au Congo (Monusco). Djamil Mukulu de la rébellion Ougandaise d'islamiste de la rebellion ougandaise ADF a, lui, été arrêté depuis plusieurs mois en Tanzanie.

Beaucoup reste à faire pour en finir avec la question d’enfants soldats. La sensibilisation doit donc continuer pour permettre une bonne réintégration et la réinsertion sociale de tous ces enfants, filles et garçons, ayant perdu leur enfance au sein de ces milices.

Reportage de Charly kasereka à Goma pour VOA Afrique

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