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La communauté internationale demande la libération des leaders de la contestation malienne


Des partisans de l'opposition brandissent des pancartes lors d'une manifestation à Bamako, au Mali, le 11 août 2018. REUTERS / Luc Gnago - RC1F5FAB3060
Des partisans de l'opposition brandissent des pancartes lors d'une manifestation à Bamako, au Mali, le 11 août 2018. REUTERS / Luc Gnago - RC1F5FAB3060

La communauté internationale exhorte le pouvoir malien sous pression à libérer les leaders de la contestation pour tenter de mettre fin aux troubles qui ont conduit à l'instauration d'un climat semi-insurrectionnel à Bamako au cours du week-end.

Bamako a connu des incidents épars dans la nuit de dimanche à lundi. Lundi matin, des policiers affichaient une forte présence près de deux des trois ponts qui enjambent le fleuve Niger, axes cruciaux de circulation entre les deux parties de la capitale.

Toutes les banques sont restées fermées.

Mais, indice possible d'une précaire baisse de tension, le trafic a repris sur les ponts qui avaient été coupés par la contestation.

Les incidents de la nuit ont aussi été sans commune mesure avec les émeutes qui ont fait au moins onze morts entre vendredi et dimanche midi, selon un responsable des urgences d'un grand hôpital.

La contestation fait, elle, état d'un bilan plus lourd. Deux personnes blessées lors des affrontements de Badalabougou, quartier où la confrontation entre Bamakois et forces de sécurité tirant à balles réelles a donné lieu à des images de scènes de guerre samedi soir, ont succombé, ont annoncé leurs parents lundi.

Au centre des évènements de Badalabougou, l'imam Mahmoud Dicko, qui prêche là et que ses fidèles disaient vouloir protéger d'une arrestation, avait lancé dimanche un appel au calme qui paraît avoir été au moins partiellement entendu.

- Condamnation vigoureuse -

La capitale, préservée en temps normal par les violences jihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays, a été la proie vendredi, samedi et une partie de dimanche de ses troubles civils les plus graves depuis des années.

La tension demeure, ainsi que la pression sur le président Ibrahim Boubacar Keïta, qui focalise la colère et dont la contestation réclame le départ.

L'escalade en cours alarme les alliés et les voisins du Mali, inquiets d'un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au jihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée.

Dans un communiqué commun, les représentants de l'Union africaine, de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'ONU et de l'UE au Mali ont exprimé leur préoccupation et appelé à la retenue toutes les parties prenantes à la crise.

Ils ont condamné "avec vigueur" la violence, mais aussi, à l'adresse directe du pouvoir, le recours à la force létale par les forces de sécurité. Ils ont aussi demandé la libération des leaders de la contestation.

Une vingtaine d'opposants, dont plusieurs chefs de file du Mouvement dit du 5-Juin, ont été arrêtés depuis vendredi, a déclaré un de leurs avocats, Alifa Habib Koné.

Le Mouvement dit du 5-juin, coalition hétéroclite de leaders religieux, de personnalités du monde politique et de la société civile, s'est aggloméré autour de l'imam Dicko, éminente personnalité publique et bête noire du pouvoir.

- Exigences radicales -

Le Mouvement a fait descendre des milliers de Bamakois dans la rue à trois reprises depuis juin. Frustré de ne pas voir ses exigences satisfaites par le pouvoir, il est entré vendredi en "désobéissance civile". Les tensions qui se sont intensifiées depuis les législatives contestées de mars-avril ont alors dégénéré.

Le mouvement canalise une multitude de mécontentements dans l'un des pays les plus pauvres du monde: contre la dégradation sécuritaire et l'incapacité à y faire face, le marasme économique, la défaillance de l'Etat, ou le discrédit répandu d'institutions suspectes de corruption.

Le mouvement dit être pacifique et accuse le pouvoir des violences.

Ses exigences radicales placent le chef de l'Etat dans une situation très compliquée: dissolution du Parlement, démission des juges de la Cour constitutionnelle, formation d'un gouvernement dont il nommerait le Premier ministre et, au bout du compte, départ du président.

M. Keïta, 75 ans, président depuis 2013 réélu en 2018, a proposé un gouvernement d'union nationale. Il a annoncé la dissolution de la Cour constitutionnelle. Il a ouvert la voie à des législatives partielles là où la Cour a invalidé les résultats des élections de mars-avril.

La décision de la Cour constitutionnelle passe pour un élément déclencheur de la crise.

Aucune des ouvertures de M. Keïta n'a jusqu'alors fait retomber la fièvre, au contraire. Ce qui reste du Mouvement du 5-Juin maintient ses revendications. A l'exception de l'imam Dicko, un certain nombre de ses chefs non arrêtés semblent se tenir à l'abri.

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