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Massacre d'Orlando : quand les mots manquent, des chiens sont là pour soulager


Les membres de la communauté LGBT dans l'État de Washington, le mercredi 15 juin 2016.
Les membres de la communauté LGBT dans l'État de Washington, le mercredi 15 juin 2016.

Ils passent leur temps allongés au sol depuis leur arrivée à Orlando, où tout le monde s'agite depuis la tuerie de dimanche, mais ces chiens venus de l'Illinois soulagent par leur seule présence tous ceux qu'ils croisent.

Ce mercredi soir, ils se sont installés sur les marches de la Trinity Downtown, église où se déroule un rassemblement en hommage aux victimes de l'attaque qui a fait 49 morts et 53 blessés.

Face à ce barrage amical devant l'entrée, les visages s'éclairent systématiquement, quel que soit l'âge.

Beaucoup s'agenouillent et passent la main sur le pelage de ces Golden Retrievers, avant de prendre une carte de visite. Car ces chiens sont aujourd'hui des stars, avec page Facebook et même, pour certains, Phoebe notamment, compte Twitter.

Depuis la fusillade sur le campus de l'université Northern Illinois, en février 2008, des chiens gérés par différentes organisations sont de toutes les grandes tragédies qui ont frappé les Etats-Unis.

A Orlando, ils auront visité les trois hôpitaux où se trouvaient des blessés de l'attentat perpétré dimanche dans le club gay Pulse, explique Tim Hetzner, président du Lutheran Church Charities, les oeuvres de l'église luthérienne aux Etats-Unis, propriétaire des chiens.

Outre les rescapés, ils y ont vu les urgentistes, les ambulanciers et les médecins. Ils ont aussi rencontré des familles de victimes et arrivent à peine d'un rendez-vous avec le personnel du Pulse.

- 'Affection sans limite' -

Caresser un chien couché par terre, le geste paraît anodin. Mais pour un public traumatisé, il peut actionner des ressorts psychologiques insoupçonnés.

"Ils se calment, leur rythme cardiaque ralentit et ils sont davantage disposés à parler", ce qui les aide à dépasser leur état, observe Tim Hetzner.

Pour Shelby Gerber, jeune fille pétillante venue assister au rassemblement, c'est précisément le fait de ne pas avoir à parler au contact du chien qui "vous ôte de la pression". "Parfois, vous êtes trop submergés pour dire quoi que ce soit."

"Les chiens offrent leur affection sans limite, ils respectent la confidentialité, (...) ils ne vous jugent pas. Combien avez-vous d'amis avec ces qualités là tout le temps?", interroge Tim Hetzner.

"Il s'est passé beaucoup de choses cette semaine. Ca a été dur. J'ai trois enfants, donc il y a eu beaucoup de discussions. Des discussions difficiles", raconte Jennifer Blackwood, ravie de voir ses filles auprès des chiens.

Les animaux venus avec Tim Hetzner de l'Illinois (nord) appartiennent à la paroisse et sont soumis, dès 8 semaines, à un protocole de dressage de 12 à 14 mois, selon lui.

"Ils n'aboient pas (lorsqu'ils sont en situation), ils ne mordent pas, ils ne lèchent pas. Cela nécessite un dressage au quotidien", explique cet homme au visage rond et au regard perçant.

"Ils sont tellement patients avec moi", s'émerveille Shelby Gerber.

"Mon niveau d'anxiété est assez élevé en ce moment avec tout ce qui se passe", dit-elle. "J'entends les hélicoptères de chez moi. Et des choses comme ça (les chiens) sont vraiment chouette."

Tous de race Golden Retriever, connue pour son caractère affectueux, les "chiens de confort" sont aussi dressés par plusieurs personnes en même temps, pour s'habituer à multiplier les contacts.

- Depuis l'ouragan Katrina -

Tim Hetzner, qui se présente comme à l'origine du concept, explique avoir eu l'idée lors d'une mission de l'église luthérienne à la Nouvelle-Orléans, après le passage de l'ouragan Katrina, en 2005.

Chargés de secourir des personnes isolées, "nous avons découvert que des gens préféraient mourir que de se séparer de leur animal", se souvient-il.

"Le fait pour eux de rester avec leur animal les aidait à se remettre", dit-il.

"Les chiens sont doux. Ils sont purs. Ils ne savent pas mentir. Ce n'est pas comme les humains", fait valoir C. Hernandez, policier présent pour assurer la sécurité devant l'église.

Il émet néanmoins des réserves sur l'impact d'un échange de quelques minutes, voire quelques secondes.

"Si vous avez un chien à vous, (...) dont vous pouvez vous occuper, cela peut peut-être vous aider davantage. Cela vous amène à vous concentrer sur autre chose" que le drame, dit-il.

A Sandy Hook, l'école primaire du Connecticut où un tireur a fait 26 morts, dont 20 enfants de CP, en décembre 2012, l'église luthérienne a placé trois de ses chiens, qui s'y trouvent toujours.

Ils sont aujourd'hui environ 120 Golden Retrievers issus du programme, répartis dans 23 Etats.

L'église luthérienne voyage sur ses propres deniers, financée par des dons. Le fait d'être issu d'une paroisse n'a jamais posé de problème, assure Tim Hetzner. "Nous ne cherchons pas à amener les gens à l'église."

Avec AFP

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