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Malaise des ouvriers de chantiers de la Can 2019 au Cameroun


Les ouvriers grévistes de l’un des chantiers de la Can à Garoua, Cameroun, 6 juillet 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Les ouvriers grévistes de l’un des chantiers de la Can à Garoua, Cameroun, 6 juillet 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Des mouvements d’humeur à répétition sont enregistrés sur les chantiers de la Coupe d’Afrique des Nations de football que doit abriter le Cameroun en 2019.

Le plus récent a concerné certains ouvriers des chantiers de la ville de Garoua dans le nord du Cameroun.

Principale revendication, des arriérés de salaire qui varient, selon les grévistes, entre quatre et six mois.

Il s’agit du troisième mouvement d’humeur enregistré depuis le début de l’année sur l’ensemble des chantiers de la Can 2019.

Revendications des ouvriers également au stade d’Olembe en construction à Yaoundé, à Yaoundé, 6 juillet 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Revendications des ouvriers également au stade d’Olembe en construction à Yaoundé, à Yaoundé, 6 juillet 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Pendant deux jours, près de 800 ouvriers engagés sur les chantiers de la Can 2019 par la société Prime Potomac ont manifesté leur mécontentement à Garoua dans le nord du Cameroun.

Pancartes en main, ils ont en plus effectué une marche de protestation vers les services du gouverneur de la région du Nord, dont Garoua est le chef-lieu.

"Je suis à cinq mois sans salaire, ma femme a accouché il y’a une semaine, mon enfant ne connaît même pas l’odeur de l’eau de Cologne", lance un ouvrier gréviste.

Un autre ajoute l’air menaçant : "chaque jour, on promet qu’on va nous payer, puis on ne donne rien ".

Malgré la présence des forces de sécurité déployées pour contenir les grévistes, ceux-ci ne décolèrent point.

"Quelqu’un travaille 6 mois sans salaire, comment vais-je vivre? ", s’interroge un autre ouvrier.

>> Lire aussi : Le président de la CAF flexible sur l'organisation de la CAN 2019 en été

Ce dernier, l’air abattu, ne cache pas sa galère, rappelant au passage que ses enfants le traitent de "papa menteur parce qu’il ne leur envoie plus d’argent".

Et comme s’ils s’étaient passé le même mot d’ordre, les grévistes vont s’écrier : "qu’on nous régularise ! On ne veut même plus travailler ! On rentre à Yaoundé ! On rentre à Douala ! On rentre chez nous ! ".

L’argent de Prime Potomac

Prime Potomac Cameroun, la société qui les emploie, s’est vue octroyer 6 marchés pour un coût total de 26 milliards de francs cfa.

Cette société doit livrer à l’Etat du Cameroun, quatre terrains d’entraînements, réhabiliter un hôtel et en construire un autre, de quatre étoiles, d’une capacité de 130 chambres.

Les grévistes pensent que la société ne reçoit plus les paiements de l’Etat, ses comptes ayant été bloqués. D’où, le malaise que vit les ouvriers grévistes.

"Nous recevons bel et bien l’argent de l’Etat, mais la procédure veut qu’on ce soit déposer dans les décomptes, qu’ils soient signés à temps et conduits jusqu’au paiement", a expliqué à VOA Afrique, M. Edibi Nkolo, directeur général de la société Prime Potomac Cameroun, rencontré à Yaoundé.

Selon un communiqué publié le 05 juillet, Prime Potomac avait décidé "de libérer une deuxième vague de 800 ouvriers, dont la date de fin d’emploi était prévue pour le 30 Juin dernier. Malheureusement, pour des raisons indépendantes de notre volonté, ces ouvriers n’ont pas pu être libérés, faute de moyens", a écrit Ben Modo, président directeur général de Prime Potomac Solutions.

VOA Afrique a en outre appris que, 3.000 ouvriers sur les 4.500 que comptait Prime Potomac sur ses différents chantiers à Garoua, ont été déclarés en cessation d’activités. L’entreprise ayant acquis du matériel pour faire avancer les travaux.

Le directeur général de Prime Potomac Cameroun, Edibi Nkolo, à Yaoundé, 6 juillet 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Le directeur général de Prime Potomac Cameroun, Edibi Nkolo, à Yaoundé, 6 juillet 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Mais, "toutes ces personnes libérées ont été payées au mois en mars 2018", rassure M. Edibi Nkolo.

Grèves à répétition

En fin juin dernier, certains ouvriers du chantier du stade qui devra abriter le match d’ouverture de la CAN à Olembe, en banlieue de Yaoundé, ont observé deux jours de cessation d’activités.

Ils ont réclamé de meilleures conditions de travail et de vie, les primes, le reclassement du personnel entre autres.

Situation similaire en début d’année 2018, sur le chantier du stade de Japoma, situé non loin de Douala.

>> Lire aussi : La tenue de la CAN 2019 au Cameroun pas "remise en cause" à ce stade, selon la CAF

"Il y’a des sociétés qui font de la sous-traitance avec les employés sur les chantiers de la CAN. Il y’a un désordre dans ce secteur, même le ministère du travail n’arrive pas à avoir la maîtrise de ces sous-traitance", regrette Célestin Bama, de la Centrale syndicale des travailleurs du Cameroun, (CSTC).

M. Bama dénonce "les contrats iniques fiscelés sur le dos des ouvriers camerounais", "qui sont d’ailleurs interdits de se syndiquer", precise-t-il.

Respect du calendrier

La troisième mission d’inspection de la CAF est attendue au Cameroun dans de prochains jours. Le cabinet d’audit Roland Berger est annoncé au Cameroun. Ce cabinet viendra jauger les infrastructures du Cameroun pour la CAN.

La ville de Garoua est l’une des étapes de cette descente sur le terrain.

"Les différents chantiers évoluent, comme toute entreprise, il peut y avoir de petites difficultés à l’origine de récents malentendus. Les travaux se poursuivent sur tous les chantiers à Garoua", a déclaré, Jean Abaté, gouverneur de la région du Nord.

Pour se rendre compte du niveau d’exécution des travaux de la CAN, le premier ministre du Cameroun effectue une visite de différents chantiers cette semaine.

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