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Le Pentagone confronté aux effets de la "pression maximale" de Trump sur l'Iran


La porte-parole du Pentagone Dana White et le lieutenant-général de la Marine Kenneth McKenzie Jr. Lors d’un point de presse à Washington, DC, du 5 avril 2018.
La porte-parole du Pentagone Dana White et le lieutenant-général de la Marine Kenneth McKenzie Jr. Lors d’un point de presse à Washington, DC, du 5 avril 2018.

Le Pentagone, qui a déployé porte-avions et bombardiers dans le Golfe, espère contrer les risques que fait peser sur les militaires américains déployés au Proche-Orient la politique de "pression maximale" de Donald Trump sur l'Iran.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, qui a annoncé le 5 mai l'envoi du porte-avions USS Abraham Lincoln et de bombardiers B-52 dans le Golfe, a invoqué "des indications inquiétantes d'escalade et de mises en garde" de Téhéran.

Le Pentagone a ensuite évoqué des "signaux clairs et récents montrant que les forces iraniennes et leurs affidés font des préparatifs pour une attaque possible contre les forces américaines".

Lundi, le président américain a mis en garde l'Iran contre tout passage à l'acte contre les intérêts américains. "On va voir ce qui va se passer avec l'Iran", a lancé M. Trump. "S'ils font quelque chose, ils vont souffrir énormément".

Il n'a pas précisé la nature de ces menaces, mais selon plusieurs responsables militaires américains, il s'agit de mouvements d'armes et de groupes pro-iraniens à terre et en mer, d'instructions données à des groupes pro-iraniens d'attaquer des intérêts américains dans la région, comme des ambassades ou des consulats, voire des soldats américains.

En fait, selon ces responsables ayant requis l'anonymat, le Pentagone subit les conséquences de la politique agressive de Donald Trump, notamment sa décision annoncée le 8 avril de placer les Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime, sur la liste américaine des "organisations terroristes étrangères", de même que la force Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens.

L'Iran a aussitôt répliqué en considérant désormais les Etats-Unis comme un "Etat parrain du terrorisme" et en assimilant les forces américaines déployées au Moyen-Orient, dans la Corne de l'Afrique et en Asie centrale, à des "groupes terroristes".

- Des "proies à saisir" -

A partir de là, les soldats américains dans le Golfe sont devenus "des proies à saisir", note avec amertume un de ces responsables militaires, qui prend très au sérieux les menaces iraniennes.

Quelque 5.200 soldats américains sont encore déployés en Irak où ils participent avec l'armée irakienne à la lutte contre le groupe Etat islamique, toujours présent dans le pays malgré la perte de son "califat" géographique.

Mais les Gardiens de la Révolution exercent eux aussi une vraie influence en Irak, où ils soutiennent les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, et sont présents en Syrie où les Etats-Unis maintiennent quelque 2.000 militaires aux côtés de la coalition arabo-kurdes Forces démocratiques syriennes (FDS).

Depuis des mois, cette proximité inquiète l'armée américaine, qui craint pour ses soldats sur le terrain pendant que les pressions diplomatiques s'accentuent. C'est une des raisons qu'invoquait l'ex-ministre de la Défense Jim Mattis quand il s'est opposé publiquement il y a un an au retrait américain de l'accord nucléaire et au rétablissement de sanctions économiques contre l'Iran.

Et lorsque la Maison Blanche a fait savoir début mai que Donald Trump envisageait de placer les Frères musulmans égyptiens sur la liste noire américaine des "organisations terroristes", cette initiative du président américain s'est heurtée à de vives objections au sein de l'administration, en particulier au sein du Pentagone, selon le New York Times.

Lundi, dans un contraste saisissant avec les propos de M. Trump, les responsables militaires questionnés par l'AFP tentaient de discrètement calmer le jeu.

"Nous avons dit très clairement que nous n'étions pas intéressés par un conflit avec l'Iran", a souligné l'un d'eux, toujours sous le couvert de l'anonymat. Le déploiement militaire dans le Golfe "n'est pas une force d'invasion, c'est une force faite pour lancer un message".

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