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Le Congo échoue à se porter partie civile dans l'affaire des "biens mal acquis" du clan Nguesso


Le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso devant une réunion de consultation de haut niveau avec les dirigeants africains sur les élections en République démocratique du Congo au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 17 janvier 2019.
Le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso devant une réunion de consultation de haut niveau avec les dirigeants africains sur les élections en République démocratique du Congo au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 17 janvier 2019.

Le juge français qui enquête sur l'origine du patrimoine fastueux de plusieurs proches du président congolais Denis Sassou Nguesso a rejeté la demande de la République du Congo d'être admise au dossier du côté des parties civiles.

L'Etat congolais a fait appel de cette décision, rendue en février par le juge d'instruction chargé de l'enquête dite des "biens mal acquis", dans laquelle sont mises en examen la fille, le gendre et le neveu du président congolais, soupçonnés de "blanchiment de détournement de fonds publics".

Le magistrat instructeur a jugé cette demande irrecevable tout d'abord car la République du Congo n'a fourni "aucune pièce justifiant d'un préjudice" dans cette affaire, selon la décision.

Le juge relève par ailleurs que les avocats du Congo ont "contesté depuis le début cette procédure", qui contient "des éléments mettant en cause directement" le président de ce petit Etat forestier, qu'il dirige depuis 35 ans.

L'avocat du président Nguesso et de plusieurs mis en examen avait d'ailleurs riposté contre ces accusations en déposant en 2016 une plainte pour tentative d'escroquerie au jugement. Celle-ci visait l'ONG anticorruption Transparency International dont la plainte avait, entre autres, déclenché l'ouverture de l'instruction.

"L'Etat congolais n'est pas réductible à la famille Nguesso ; quand il s'agit de faire des affaires avec ce pays, on sait faire la distinction", a ironisé l'avocat en France du Congo Me Antoine Vey, joint par l'AFP.

"On dénie à l'Etat du Congo le droit d'agir dans une affaire qui le concerne", s'étonne-t-il.

"Comment déclarer recevable comme victime un Etat qui dénie les faits commis sur son sol alors que le coeur du détournement a lieu en son sein ?", a réagi pour sa part l'avocat de Transparency International, William Bourdon.

Depuis 2010, des magistrats financiers parisiens tentent de déterminer si les fortunes de trois familles présidentielles, celles de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale) et feu Omar Bongo (Gabon), ont pu être bâties en France grâce à des deniers publics détournés de ces pays.

La justice a déjà saisi plusieurs propriétés du clan Sassou Nguesso ainsi qu'une dizaine de voitures de luxe. L'hôtel particulier avec sept pièces et piscine intérieure à Neuilly-sur-Seine (région parisienne), acquis par Julienne Sassou Guesso, fille du président, et son mari Guy Johnson, avait été saisi à titre conservatoire.

La République du Gabon a, pour sa part, été admise comme partie civile dans ce dossier.

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