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La junte malienne, sous pression, appelle à reprendre une vie normale


Les membres armés des Forces Armées Maliennes (FAMA) à Bamako
Les membres armés des Forces Armées Maliennes (FAMA) à Bamako

La communauté internationale a accentué mercredi la pression sur les militaires ayant pris le pouvoir au Mali qui a été suspendu de l'Union africaine (UA), ce qui n'a pas dissuadé les putschistes d'appeler les Maliens à reprendre une vie normale.

L'UA a suspendu le Mali "jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel" et demandé "la libération du président (Ibrahim) Boubacar Keita, du Premier ministre et des autres responsables du gouvernement arrêtés par la force par l'armée".

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), médiatrice dans la crise qui frappe le Mali depuis juin, a également suspendu ce pays avant une réunion jeudi en visioconférence.

A l'issue d'un sommet extraordinaire, l'UE a réclamé la libération "immédiate" des dirigeants arrêtés et un "retour immédiat de l'état de droit". "La stabilité de la région et du Mali, la lutte contre le terrorisme doivent demeurer des priorités absolues", selon le président du Conseil de l'UE, Charles Michel, soulignant "l'extrême préoccupation" des Européens.

Par la voix de Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, les Etats-Unis ont eux "fermement" condamné "la mutinerie" et exigé que la "liberté et la sécurité" des dirigeants maliens et de leurs familles soient "assurées".

L'Algérie, qui partage 1.400 km de frontières avec le Mali et a joué un rôle important dans les pourparlers de paix dans ce pays, "réitère son ferme rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement".

Autre pays du Maghreb partenaire du Mali, le Maroc a appelé à une "transition civile pacifique, permettant un retour rapide et encadré à l’ordre constitutionnel".

Ces condamnations n'ont pas dissuadé le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui a pris le pouvoir, de demander à ses compatriotes de "vaquer librement à leurs occupations". Il a notamment demandé aux fonctionnaires de reprendre le travail jeudi a assuré "que toutes les dispositions sont prises pour la protection des personnes et des biens, ainsi que les lieux de travail".

Il a aussi demandé "d'arrêter immédiatement les actes de vandalisme et de destruction des édifices publics". Des manifestants ont incendié mardi le cabinet d'avocat de l'ex-ministre de la Justice Kassim Tapo.

- Pas un mot sur IBK -

Ismaël Wagué n'a en revanche rien dit sur le président Keïta, dit IBK, ni le chef du gouvernement, Boubou Cissé, toujours au camp militaire de Kati, le quartier général des auteurs du coup d'Etat près de Bamako.

D'autres responsables civils et militaires ont également été arrêtés mardi.

Le calme régnait mercredi dans la capitale, qui portait encore les stigmates des incidents ayant ponctué ce renversement de pouvoir, notamment les bureaux abritant le cabinet d'avocats de l'ex-ministre de la Justice Kassim Tapo, attaqués et incendiés par des gens en colère, selon des journalistes de l'AFP.

Dans le centre de Bamako, la population vaquait à ses occupations, mais les administrations et les banques étaient fermées.

Le président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans, a annoncé à la télévision publique sa démission dans la nuit de mardi à mercredi, puis la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale. "Ai-je réellement le choix?", a-t-il déclaré, en disant vouloir éviter que du sang ne soit versé pour qu'il se maintienne au pouvoir.

Le colonel-major Ismaël Wagué, chef d'état-major adjoint de l'armée de l'air, a ensuite annoncé la création du CNSP, expliquant que les militaires avaient "décidé de prendre (leurs) responsabilités" face au chaos et à l'insécurité.

Les militaires ont appelé la société civile et les mouvements politiques à "créer les meilleures conditions d'une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles" dans un "délai raisonnable".

Les putschistes ont annoncé la fermeture des frontières et l'instauration d'un couvre-feu, tout en tentant de rassurer la communauté internationale sur ses intentions.

- Respect des accords passés -

"Tous les accords passés" seront respectés, a affirmé le colonel Wagué.

"La (mission de l'ONU) Minusma, la force (anti-jihadiste française) Barkhane, le G5 Sahel (qui regroupe cinq pays de la région), la force Takuba (un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat) demeurent nos partenaires", a-t-il assuré, en ajoutant que les militaires étaient "attachés au processus d'Alger", l'accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays.

Le coup d'Etat prolonge la crise socio-politique à laquelle est confronté le Mali depuis plusieurs mois et que la médiation de la Cédéao n'a pas pu résoudre.

Une coalition hétéroclite d'opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile a multiplié les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion.

Mercredi soir, ni le M5, ni la figure de proue de la contestation, l'influent imam Mahmoud Dicko, n'avaient encore fait part de leurs intentions après le renversement de leur bête noire.

Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l'appel du Mouvement du 5 juin avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

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