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L'Otan prépare un "reset" de l'Alliance après l'arrivée de Biden


Le président Joe Biden descend les marches d'Air Force One après son arrivée à l'aéroport régional de Hagerstown en route vers Camp David, le vendredi 12 février 2021, à Hagerstown, Maryland.
Le président Joe Biden descend les marches d'Air Force One après son arrivée à l'aéroport régional de Hagerstown en route vers Camp David, le vendredi 12 février 2021, à Hagerstown, Maryland.

Désengagement américain en Afghanistan, casse-tête du financement, tensions avec l'allié turc: l'Otan prépare un "reset" de ses relations avec les Etats-Unis, mais l'Alliance doit solder de lourds contentieux pour se reconstruire, avertissent les diplomates européens.


Ce mercredi, la première prise de contact entre les alliés et le gouvernement de Joe Biden sera virtuelle. Le nouveau patron du Pentagone, Lloyd Austin, s'adressera à ses 29 homologues depuis Washington et aucune décision n'est attendue au cours des deux journées de discussions, car les Américains veulent d'abord se concerter.

"Cette première réunion avec l'administration Biden doit permettre de préparer le sommet qui se tiendra plus tard dans l'année", a expliqué lundi le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg.

"Nous devons reconstruire la confiance perdue", a-t-il reconnu. "Il y a beaucoup de travail de réparation à faire", a confirmé le représentant d'un Etat membre. Une réunion des ministres des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est prévue les 23 et 24 mars et le sommet pourrait se tenir avant la fin du premier semestre, a-t-on confié de même source.

Des arbitrages sont pourtant attendus rapidement pour Resolute Support, la mission de formation de l'Otan en Afghanistan.

L'accord conclu avec les talibans par l'administration Trump prévoit le départ de toutes les troupes étrangères le 1er mai et "personne n'a envie de rester", a reconnu Jens Stoltenberg.

Mais les conditions pour un départ ne sont pas réunies, car les talibans n'ont pas déposé les armes, a-t-il déploré. L'Alliance est confrontée à un dilemme: se replier à la date prévue ou poursuivre la mission dans un environnement hostile, car les talibans ont promis la guerre.

"C'est le commandant en chef (le président Joe Biden, ndlr) qui prend ce genre de décisions", a averti le porte-parole du Pentagone.

Jens Stoltenberg n'a pas voulu préjuger lundi des décisions qui seront prises. "Il est très embêté que le +reset+ (réinitialisation) de l'Alliance commence avec un choix difficile, voire impossible pour les alliés", a commenté un diplomate européen. "Cette guerre n'est plus gagnable, mais l'Otan ne peut se permettre de la perdre piteusement", a-t-il jugé.

Le désengagement américain a été lancé par Barack Obama. Joe Biden était son vice-président et il est peu probable que devenu président il revienne sur l'engagement de réduire la présence américaine dans ce pays, avertissent les analystes.

2.500 Américains sont encore présents en Afghanistan dans Resolute Support, dont les effectifs ont été ramenés à 9.600 militaires de 36 pays membres de l'Otan ou partenaires de l'Alliance.

"Nous sommes entrés ensemble, nous ajusterons notre présence ensemble et nous partirons ensemble, quand le moment sera venu", assure Jens Stoltenberg.

- La facture -

Les tensions croissantes avec l'allié turc sont un autrecontentieux sur lequel les Européens attendent un arbitrage de Joe Biden. "Ce sera très difficile", prédit le diplomate européen. Le ton est monté lundi lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé les Etats-Unis de "soutenir les terroristes turcs" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), accusés d'avoir exécuté 13 Turcs retenus en captivité dans le nord de l'Irak depuis plusieurs années.

La colère de la Turquie va peser sur la première réunion de l'Otan, mais les alliés refusent de sanctionner les écarts du président turc. "La Turquie est un allié important et nous devons la garder au sein de l'Otan", ont expliqué plusieurs diplomates avant la réunion.

Le troisième noeud est financier. Pendant quatre années, Européens et Canadiens ont enduré les remontrances américaines à propos de leurs difficultés pour augmenter leurs dépenses de défense.

Les affrontements avec Donald Trump ont souvent été humiliants et Jens Stoltenberg reconnait qu'ils étaient "injustes".

"Il n'est pas normal qu'un pays qui engage des troupes et du matériel dans une mission aérienne de l'Otan ou dans un groupement tactique paie la facture", a-t-il déclaré.

Mais son idée de faire financer ces déploiements sur le budget de l'Alliance est jugée "totalement improvisée" et "n'a reçu aucune adhésion", a-t-on averti de source diplomatique.

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