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L'opposant Navalny, incarcéré, appelle les Russes à "sortir dans la rue"


Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny pendant l'attente d'une audience dans un poste de police de Khimki, près de Moscou, en Russie, le 18 janvier 2021. Photo Instagram @ NAVALNY / Social Media via REUTERS/INSTAGRAM @NAVALNY.
Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny pendant l'attente d'une audience dans un poste de police de Khimki, près de Moscou, en Russie, le 18 janvier 2021. Photo Instagram @ NAVALNY / Social Media via REUTERS/INSTAGRAM @NAVALNY.

L'opposant russe Alexeï Navalny a appelé ses partisans à manifester contre le pouvoir, après son arrestation la veille et son incarcération jusqu'au 15 février.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny appelle ses partisans à descendre dans la rue. "Ne vous taisez pas, résistez", a-t-il déclaré depuis un commissariat transformé en salle d'audience. Son bras droit, Léonid Volkov, a annoncé l'organisation de manifestations le 23 janvier.

L'appel intervient alors que le camp de l'opposant préparait une campagne active en vue des législatives de septembre.

M. Navalny accuse le président Vladimir Poutine d'avoir ordonné son assassinat en août dernier, ce que nie la Russie. Après avoir survécu à un empoisonnement présumé, il a été soigné en Allemagne.

L'opposant a été interpellé dès son retour à Moscou dimanche pour non-respect d'un contrôle judiciaire en allant se faire soigner à l'étranger. Dans l'attente du jugement le 2 février, Navalny a été placé en détention pour 30 jours, lors d'une audience improvisée au commissariat de Khimki.

Plusieurs de ses partisans l'attendaient dehors par -20°C, scandant "liberté", avant qu'il ne soit conduit dans une prison de la capitale, selon ses proches.

Selon l'ONG spécialisée OVD-Info, près d'une cinquantaine de personnes ont par ailleurs été arrêtées lors d'un rassemblement de soutien à Saint-Pétersbourg.

"C'est juste une honte, on nous interdit de dire ce qu'on pense et qui on soutient!", a dit à l'AFP Natalia Semionova, 50 ans, lors de cette action.

Plus tôt dans la journée, Alexeï Navalny avait dénoncé une "parodie de justice" organisée dans "l'illégalité la plus totale".

"Pépé, dans son bunker, a tellement peur, qu'on déchire et qu'on jette le code de procédure pénale à la poubelle", a-t-il ajouté, en référence à Vladimir Poutine et au fait qu'un tribunal siège dans un commissariat.

Des opposants arrêtés

Le service pénitentiaire avait prévenu jeudi que l'opposant serait appréhendé à son retour pour avoir violé le contrôle judiciaire qui lui était imposé dans le cadre d'une peine de prison avec sursis pour détournements de fonds, que l'opposant juge politiquement motivée.

Il est aussi visé depuis fin décembre par une enquête pour escroquerie, suspecté d'avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d'euros) de dons.

A l'occasion de son retour dimanche, des dizaines de ses partisans, venus l'accueillir à l'aéroport de Vnoukovo, ont été arrêtés par les forces anti-émeute. Et l'avion de M. Navalny a été dérouté à la dernière minute vers un autre aéroport, Cheremetievo.

L'opposant était tombé dans le coma en août alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk en Russie, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois.

Trois laboratoires européens ont conclu à un empoisonnement par un agent innervant militaire soviétique de type Novitchok, conclusion confirmée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, malgré les dénégations de Moscou.

Largement ignoré dans les médias d'Etat russes, Alexeï Navalny est la principale voix de l'opposition grâce à une audience considérable sur les réseaux sociaux et à ses enquêtes sur la corruption des élites.

Sa notoriété reste toutefois limitée en dehors des grandes agglomérations.

La communauté internationale exige la libération de Navalny

L'arrestation a suscité un concert de condamnations en Europe et aux Etats-Unis.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à sa libération "immédiate", tout comme la chancellerie allemande qui a dénoncé une arrestation "arbitraire".

La France, la Pologne et le Royaume uni avaient fait de même, tout comme la future administration du président élu américain Joe Biden, le chef de la diplomatie de Donald Trump, et le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a répliqué en affirmant que les Occidentaux s'en prenaient à la Russie pour "détourner l'attention de la profonde crise qui mine le modèle de développement libéral".

Selon lui, dans l'affaire Navalny il s'agit seulement "de faire respecter la loi russe".

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