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Huile de palme : les ONG contre le financement des agro-industriels


Deux activistes libériens protestent devant la banque néerlandaise ABN-AMRO à Amsterdam, le 9 octobre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Deux activistes libériens protestent devant la banque néerlandaise ABN-AMRO à Amsterdam, le 9 octobre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Déforestation et accaparement des terres au Cameroun par les agro-industriels du secteur de l’huile de palme, l’ONG Milieudefensie, pointe le doigt accusateur sur certaines banques néerlandaises et européennes.

L’ONG accuse ces banques de financer des agro-industriels qui ne respectent pas les droits des populations camerounaises, du Liberia et de l'Indonésie. La classe politique néerlandaise, belge et même certains députés du parlement de l’Union européenne s’inquiètent de la situation.

Pour le cas du Cameroun, les communautés riveraines des agro-industriels producteurs d'huile de palme vivent dans la pauvreté, leur environnement est aussi en constante voie de destruction.

Ces griefs recensés par l’organisation non-gouvernementale "Milieudefensie”, sont contenus dans une plainte déposée en juillet dernier contre le groupe ING, installé aux Pays-Bas.

Avec un collectif d’organisations non gouvernemental coordonné par “les Amis de la terre”, Milieudefensie a porté plainte contre le ING aux Pays-Bas auprès de l’OCDE. La plainte n’a pas encore abouti, mais elle suit son cours normal, confie un cadre de Milieudefensie sous anonymat.

Pour sa part, Evert Hassink, chargé de la recherche chez Milieudefensie affirme que "le groupe ING a financé l’agro-industriel Socfin au Cameroun pour la production de l'huile de palme".

C’est de notre responsabilité de s’assurer que les entreprises néerlandaises atteignent leurs objectifs selon les standards de l’OCDE, que les banques se doivent de respecter. Si les banques n’investissent pas en respectant ces standards, nous portons cette plainte vers les banques pour les confronter”, explique Evert Hassink.

Le responsable de la communication du groupe ING à Amsterdam, Christophe Linke n’a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet.

Pour sa part, Florence Kroff de l’ONG "Fian" pense que cette banque n’a pas cessé de financer son partenaire Socfin au Cameroun. Après notre campagne de dénonciation, "ING nous a dit qu’il alla ING nous a dit qu’il allait arrêter de financer Socfin", a-t-elle précisé.

Dans un récent rapport, Global Witness a révélé que la banque néerlandaise, ABN-AMRO a financé l’agro-industriel Halycon basé au sud du Cameroun.

Un autre rapport publié par le centre de recherche néerlandais Somo ,indique que la banque ABN a financé en 2017 et 2018 le groupe Socfin au Cameroun pour la production de l'huile de palme.

“Nous n’avons pas prêté de l’argent à une entreprise au Cameroun. Nous n’investissons pas dans l’huile de palme en Afrique, notre objectif est de travailler plutôt pour une production durable de l’huile de palme. C’est pour cela que nous travaillons seulement avec une poignée d’entreprises qui partagent cette même ambition de créer une production durable d’huile de palme", se défend Richard Kooloos, chef des investissements bancaires durables à ABN-AMRO à Amsterdam.

Les Pays-Bas sont l'un des grands importateurs d'huile de palme en Europe. Un volume d'importation qui ne devrait pas se faire au péril des droits vitaux des autres, souligne l'ONG "Milieudefensie".

"Je défends les financements durables comme nouveau moyen de financement, on devrait plus y mettre l'accent aujourd’hui, cet important changement dont nous avons besoin dans notre société et notre économie", soutient au sein du parlement européen le député néerlandais Paul Tang, membre du parti travailliste PVDA.

Mais le calvaire des populations de la région du Sud où l’agro-industriel Socfin exploite plus de 58.000 hectares pour la production de l’huile de palme est loin de s’arrêter.

Sa majesté Bruno Mvondo, chef traditionnel, à Yaoundé, le 4 octobre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Sa majesté Bruno Mvondo, chef traditionnel, à Yaoundé, le 4 octobre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


"On se rend compte qu’il y a de grands investissements, mais la population ne profite pas de cela, les communautés se rendent compte qu’elles n’ont plus de terres pour cultiver, elles ne peuvent travailler que dans les plantations mais les plantations ne peuvent leur donner ce que leurs terres leur donnaient hier", s’alarme Bruno Mvondo chef traditionnel du village Bitchili, par ailleurs président du réseau des chefs traditionnels pour la gestion durable des écosystèmes en Afrique centrale.

La société camerounaise de palmeraies (Socapalm) est la filiale locale de Socfin. Ce dernier dit "avoir toujours été attentif à son impact social et environnemental dans les pays où il est implanté".

Cette année, la Socapalm a produit 135 642 tonnes d'huile de palme brute, contre 118 840 tonnes en 2017, sur une surface de 29 804 hectares.

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