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Les crabes de plus en plus rares dans les assiettes des Gabonais


Charlotte Cocodji, avec son fils à ses côtés, nettoyant les crabes dans sa cuisine du Cap Estérias, au nord de Libreville, au Gabon. Août 2022.
Charlotte Cocodji, avec son fils à ses côtés, nettoyant les crabes dans sa cuisine du Cap Estérias, au nord de Libreville, au Gabon. Août 2022.

L’activité économique du Cap Estérias, un village du nord de Libreville qui vit essentiellement des activités de pêche, est en danger. D’année en année, ses ressources naturelles se raréfient. De grands projets immobiliers détruisent les zones de reproduction des crustacés.

Une partie de chasse aux crabes commence par la maitrise du montage des pièges, encore appelés "casiers". Derrière les cases de ce petit village dit cap Estérias, sis au nord de Libreville, Yan Penda, 17 ans, fabrique les casiers à partir d’une boite de conserve vide et des ficelles rattachées à une planche.

"Tu prends la noix de palme, tu mets en bas de la boite. Ici quand le crabe vient, il mange et le piège se referme sur lui. Il n y a pas que la caisse là hein ! On a beaucoup de pièges", explique le jeune vacancier.

Dans la famille de Yan, on est pêcheur de génération en génération. Mais aujourd’hui, leur activité est menacée par la déforestation des palétuviers.

Visite guidée avec les piégeurs de crabes du Gabon
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Sous les échasses de cet écosystème en partie détruit, il nous conduit relever ses pièges à crabes, posés la veille.

"Avant, quand même, ça rapportait. La fin du mois j’ai vu mon oncle compter 300.000 francs CFA. Je lui demande tu as fait quel genre de bricole ? Il me dit: petit, c’est les crabes que tu vois là! Aujourd’hui, même pour avoir une recette de 20.000 francs, c’est impossible", se lamente-t-il.

Or la pression immobilière pesant sur la reproduction des crustacés , les crabes et les couteaux de mer du Cap Estérias se raréfient. Dans les ménages comme celui de Charlotte Cocodji, les crabes farcis sont devenus une denrée rare.

"Avant on trouvait ça facilement, maintentant c’est difficile. Il faut maintenant aller vers Idolu, loin, loin bas", déplore la quinquagénaire.

Yan Penda (à g.) et un compagnon de chasse posent des pièges à crabes dans les mangroves du Cap Esterias, au nord de Libreville, au Gabon.
Yan Penda (à g.) et un compagnon de chasse posent des pièges à crabes dans les mangroves du Cap Esterias, au nord de Libreville, au Gabon.

Selon les scientifiques, un large éventail de poissons, de mollusques et de crustacés dépend des forêts côtières. Malgré les dispositions légales, le littoral gabonais continue de perdre sa mangrove face à la poussée de l'urbanisation, alors même que le code de l’environnement interdit la construction de bâtiments sur des sites naturels sensibles ou proches des rivages.

Un constat alarmant amplifié par le plaidoyer des défenseurs de l’environnement.

"Nous menons des plaidoyers auprès du gouvernement et des partenaires internationaux afin que notre cause soit entendue. À savoir: la prise des mesures qui conservent le littoral du Cap Estérias, qui est peuplé de mangroves et, si possible, faire en sorte que ces grands espaces soient transformés en zone de réserve", explique Paul Kopédina Itanguino, responsable d’une ONG locale.

Devant l’ampleur de la disparition annoncée de ce riche écosystème, les autorités gabonaises renforcent les mesures pour contraindre les promoteurs immobiliers à réaliser des études d’impact environnemental avant de construire près des mangroves. Par ailleurs, le parc national d'Akanda, créé il y a 20 ans sous l'ancien président Omar Bongo Ondimba, couvre une partie de cette zone.

"Les auteurs de destruction de mangroves vont être traduits devant les tribunaux", prévient, Jean Hervé Mve Beh, directeur général des écosystèmes aquatiques au ministère gabonais des Eaux et Forêts. "Une brigade a été mise en place pour traquer les contrevenants à la loi. Car ici, il s’agit d’un patrimoine commun qui doit être préservé", assène-t-il.

Wendy Sherman salue les efforts du Gabon en matière de protection de l'environnement
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