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Facebook poursuivi par la justice américaine


Le procureur de Washington a lancé des poursuites contre Facebook concernant sa gestion des données personnelles dans le cadre de l’affaire Cambridge Analytica.

Facebook est accusé d'avoir laissé les informations personnelles de dizaines de millions de personnes arriver entre les mains de la compagnie britannique d'analyse de données ayant travaillé pour Donald Trump alors qu’il était candidat à la présidentielle en 2016.

Le procureur général du District de Columbia Karl Racine a "lancé des poursuites contre Facebook aujourd'hui pour avoir mal protégé les données de ses utilisateurs", les exposant à la merci de "manipulations politiques" lors de la campagne présidentielle, indique un communiqué de son bureau. Selon M. Racine, le réseau social a fait preuve de laxisme et trompé les utilisateurs autour de la possibilité de voir leurs données utilisées par des tiers.

Ces poursuites interviennent alors que Facebook est au cœur d’une nouvelle polémique sur la question des données personnelles, révélée par le New York Times. Selon l’enquête du journal américain publiée le 18 décembre, le réseau social a partagé les données personnelles de ses utilisateurs dans le cadre de partenariats commerciaux. Parmi 150 compagnies, Spotify, Netflix et la Banque Royale du Canada ont pu lire, écrire et supprimer des messages privés d’utilisateurs, rapporte le New York Times.

Ces partenariats, dont le plus ancien remonte à 2010 et certains étaient encore actifs en 2017, "exemptent effectivement ces partenaires commerciaux" des règles de confidentialité habituelles de Facebook, indique l’enquête, citant des centaines de pages de documents internes à Facebook. Par ailleurs, Facebook a donné à Apple, entre autres compagnies, le pouvoir de voir les contacts et les entrées de calendrier des utilisateurs, même dans les cas où ils avaient désactivé le partage de toutes les données.

"Tous ces arangements le sont toujours dans un but lucratif, donc nous ne sommes pas protégés du tout", a dit à VOA Afrique Komi Aftese, ingénieur de base des données dans la région de Washington. Selon l'expert, "Les règles, les lois en jeux essayent de s’adapter dans chaque continent, mais c'est toujours derrière Facebook, donc ils ont aussi cette possibilité de manipuler un peu même les lois en place, et pour cette confidentialité ce n'est pas toujours respecté."

Facebook à nouveau au banc des accusés
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La notion de confidentialité est d'ailleurs quasiment inexistante, selon M.Afetse, soulignant que le domaine du privé online est très aléatoire. "Chaque fois que vous tapez quelque chose, que ce soit sur le clavier de votre ordinateur, sur votre téléphone portable ou sur votre tablette, ce n'est pas privé", précise l'ingénieur, avant de rappeler que "ces grandes compagnies sont en réalité des grandes sociétés industrielles qui sont dans le commercial et qui vont vendre et acheter des informations tout comme des biens matériels que nous voyons dans les magasins."

Réponse de Facebook au New York Times

En réponse au rapport du New York Times, Facebook a déclaré n’avoir violé ni les accords de confidentialité des utilisateurs, ni l’accord avec la Commission fédérale du commerce (FTC) qui interdit au réseau social de partager des données d'utilisateurs sans consentement explicite. "Aucun de ces partenariats ou fonctionnalités n’a donné aux entreprises accès à l’information sans la permission des personnes, ni n’a violé notre accord de 2012 avec la FTC", a déclaré dans un blog mardi Konstantinos Papamiltiadis, directeur des plateformes et programmes de développement de Facebook.

Le principal argument de Facebook est qu’il n’aurait pas besoin du consentement explicite des utilisateurs, car ses partenaires commerciaux, dits "partenaires d’intégration", sont "des extensions fonctionnelles de Facebook lui-même", rapporte le journaliste du New York Times Nick Confessore.

"Protéger les informations des personnes nécessite des équipes plus fortes, des technologies plus performantes et des politiques plus claires. C’est sur cela que nous nous concentrons depuis 2018", a déclaré dans un communiqué Steve Satterfield, directeur de la protection de la vie privée et des politiques publiques de Facebook, soulignant que les partenariats "constituent un domaine d'intervention."

Les sénateurs américains montent au créneau

Au moins deux sénateurs américains ont réclamé une surveillance accrue de la part du gouvernement fédéral à la suite du rapport du New York Times.

La sénatrice Amy Klobuchar (D-Minnesota) a estimé le partage de données de Facebook comme étant "inacceptable" et a appelé le Congrès à adopter le projet de loi sur la confidentialité des données qu’elle et le sénateur républicain John Kennedy de Louisiane ont présenté en avril. Quant au sénateur Brian Schatz (D-Hawaii), il s'est dit irrité par le rapport.

"Cela n'a jamais été aussi clair. Nous avons besoin d'une loi fédérale sur la protection de la vie privée. Ils ne vont jamais se porter volontaires pour faire ce qu'il faut. La Commission fédérale du commerce doit être habilitée à superviser de grandes technologies", a-t-il tweeté.

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    Nathalie Barge

    Après une carrière dans la communication en France et en Angleterre, Nathalie Barge a pratiqué le photojournalisme dans plus de 40 pays dont 17 en Afrique, devenant reporter de guerre indépendante. Lors de ses visites en Sierra Leone pendant la guerre civile, elle a mêlé l'écriture à ses prises de vue, relatant des témoignages de victimes et dénonçant le trafic du diamant et l'utilisation des enfants soldats. Grace à sa détermination, Nathalie est entrée dans les mines de diamants de Tongo contrôlées par les rebelles du RUF, et lors de la crise des otages onusiens en mai 2000, elle s'est rendue à Freetown, qui se vidait de ses habitants à l'approche des rebelles. Nathalie Barge a rejoint la VOA en 2008.

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