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Face aux appels croissants à le destituer, Trump nie toute pression sur l'Ukraine


Le président Donald Trump, lors de sa rencontre avec le président polonais Andrzej Duda en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 23 septembre 2019, à New York.
Le président Donald Trump, lors de sa rencontre avec le président polonais Andrzej Duda en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 23 septembre 2019, à New York.

Donald Trump a farouchement nié lundi avoir fait pression sur l'Ukraine pour tenter de nuire à son rival politique Joe Biden, balayant la menace d'une procédure de destitution malgré les appels de plus en plus pressants agitant l'opposition démocrate.

Alors même que la pression monte sur les chefs démocrates du Congrès américain pour qu'ils lancent cette procédure explosive, le président républicain a affirmé ne pas prendre "du tout au sérieux" cette perspective.

"Je n'ai mis aucune pression sur" l'Ukraine, a affirmé M. Trump, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York.

Passant à l'offensive, il a du même coup tenté de retourner les projecteurs sur Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, favori de la primaire démocrate et donc l'un de ses sérieux rivaux potentiels pour la présidentielle de 2020.

"Joe Biden et son fils sont corrompus", a accusé sur un ton outré M. Trump, en reprenant des rumeurs non étayées concernant une affaire présumée de corruption en Ukraine, et des pressions sur un procureur.

"Si un républicain disait ce que Joe Biden a dit, il aurait droit à la chaise électrique immédiatement", a poursuivi le dirigeant de la première puissance mondiale.

La veille, il avait confirmé avoir parlé cet été à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de cette affaire présumée en mentionnant explicitement Joe Biden et son fils, Hunter, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien à partir de 2014.

L'opposition soupçonne Donald Trump d'avoir, lors de cette conversation, profité de sa position pour pousser M. Zelensky à enquêter sur Joe Biden, en utilisant notamment une aide militaire comme levier de pression.

- "Abus de pouvoir" -

Le président républicain dément. Affirmant que sa conversation avec M. Zelensky avait été "très honnête", il a dit "espérer" que sa retranscription puisse être publiée.

"Alors, publiez la retranscription de l'appel", l'a défié Joe Biden.

Les démocrates réclament en outre que la Maison Blanche livre au Congrès le signalement présenté en août par un mystérieux lanceur d'alerte, membre des services de renseignement américains, pour sonner l'alarme sur cet appel.

Lundi soir, les quotidiens Washington Post et New York Times ont rapporté, citant de hauts responsables de l'administration, que dans les jours précédant la conversation téléphonique, M. Trump avait ordonné à son chef d'état-major de suspendre quelque 400 millions de dollars sur l'aide militaire prévue pour l'Ukraine.

Les responsables ont reçu pour instruction de dire aux parlementaires que ce gel était lié à "un processus inter-organismes" sans fournir d'autres informations, selon le Washington Post.

Trois puissantes commissions parlementaires, menées par des démocrates, ont menacé lundi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo de forcer ses services à leur livrer d'autres documents concernant l'Ukraine.

Ils concernent "les tentatives du président et de son avocat personnel, Rudy Giuliani, de demander l'aide d'un pouvoir étranger afin d'intervenir dans l'élection présidentielle de 2020", accusent les démocrates.

Après deux ans de la vaste enquête russe et une multitude d'investigations parlementaires ciblant Donald Trump, cette affaire ukrainienne semblait bien lundi plus proche de faire pencher la balance vers l'ouverture d'une procédure de destitution.

La Chambre des représentants, à majorité démocrate, serait chargée d'ouvrir cette procédure de mise en accusation. Puis le Sénat, contrôlé par les républicains qui restent en majorité fidèles à M. Trump, serait chargé du "procès".

Réticente jusqu'ici à emprunter cette voie impopulaire, la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a menacé dimanche Donald Trump d'une escalade vers une "toute nouvelle étape de l'enquête" parlementaire s'il empêchait le lanceur d'alerte de témoigner. Une inflexion remarquée.

Plusieurs autres élus démocrates influents au Congrès, également réticents jusque-là, semblent suivre la même tendance.

- Audition très attendue -

Une date butoir se profile: l'audition publique prévue jeudi du directeur par intérim du renseignement national (DNI) Joseph Maguire. Nancy Pelosi veut qu'il livre à cette occasion les détails du signalement.

L'aile progressiste du parti démocrate, partisane depuis des mois d'une procédure de destitution, apparaît elle chauffée à blanc, dénonçant désormais explicitement ses propres chefs.

Chez les candidats démocrates à la Maison Blanche, l'étoile montante Elizabeth Warren a de nouveau appelé ce week-end à lancer une procédure de destitution.

Si la majorité républicaine au Sénat a annoncé lundi qu'elle tentait d'organiser dès cette semaine une réunion à huis clos avec les responsables du renseignement, le soutien à Donald Trump est encore solide dans ses rangs.

Est-il convenable pour un président de parler de Joe Biden à un dirigeant étranger? "Non", a tranché le sénateur républicain Marco Rubio à l'AFP. "Mais cela est différent d'une faute passible d'une procédure de destitution", a-t-il immédiatement ajouté.

Les démocrates "espèrent qu'ils tiennent quelque chose, mais moi je ne le vois vraiment pas", a renchéri son collègue John Barrasso.

Avec AFP

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