Crimes/enquêtes
Commission anti-corruption: Jacob Zuma obligé de témoigner, tranche la justice

La plus haute juridiction sud-africaine a ordonné jeudi à l'ancien président Jacob Zuma de témoigner devant la commission Zondo, qui enquête sur les soupçons de corruption durant sa mandature (2009-2018).
Les conclusions de la commission anti-corruption ne déboucheront pas directement sur des inculpations, mais pourront être transmises au parquet pour d'éventuelles poursuites.
Depuis des mois, empilant tour à tour les recours ou faisant valoir son droit au silence, l'ancien président a réussi à éviter de témoigner.
"M. Jacob Zuma est enjoint de comparaître et de témoigner devant la commission aux dates fixées par celle-ci", a ordonné la Cour constitutionnelle sud-africaine dans un jugement rendu jeudi. Et il "n'a pas le droit de garder le silence pendant cette procédure", a-t-elle ajouté.
M. Zuma, 78 ans, n'a témoigné qu'une seule fois devant la commission présidée par le juge Raymond Zondo, en juillet 2019. Mais il s'était retiré au bout de quelques jours, considérant qu'il était traité comme un "accusé" et non comme un témoin.
Début octobre, la commission anti-corruption était montée d'un cran en assignant l'ancien chef d'Etat à témoigner, menaçant qu'une absence sans motif constituerait "une infraction pénale".
Après des mois à jouer au chat et à la souris, M. Zuma s'était finalement présenté mais n'avait pas fait entendre le son de sa voix. Et cette audition s'était concentrée sur l'examen de la demande de l'ex-président de récuser Raymond Zondo, qui selon lui ne pouvait pas être impartial.
La commission avait répliqué en saisissant la Cour constitutionnelle, afin qu'elle se prononce sur l'obligation de M. Zuma à témoigner.
A nouveau convoqué en janvier, l'ancien chef d'Etat avait fait savoir, par le biais de ses avocats, qu'il ne se présenterait pas. Cette fois-là, les auditions n'avaient toutefois pas eu lieu, le président de la commission devant s'isoler après qu'un de ses proches collaborateurs a été testé positif au Covid-19.
La commission n'a pas encore donné de nouvelle date de convocation.
Englué dans les scandales, l'ancien président avait été poussé à la démission et remplacé par Cyril Ramaphosa, qui a promis d'éradiquer la corruption.
La commission d'enquête, qui devait initialement siéger jusqu'en mars, doit demander une prolongation en raison du retard causé par la pandémie de Covid-19. Elle a déjà entendu des dizaines de ministres ou ex-ministres, élus, hommes d'affaires ou hauts fonctionnaires.
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Conflit communautaire dans l'ouest de la RDC: au moins 300 morts depuis juin

Les violences communautaires en cours dans l'ouest de la République démocratique du Congo ont fait au moins 300 morts depuis juin 2022, indique Human Rights Watch dans un rapport publié jeudi.
En octobre, le gouvernement avait chiffré à "plus de 180" le nombre de morts dans ce conflit entre les communautés Teke et Yaka. Il estimait alors que la situation était "sous contrôle", mais le conflit, qui a débuté dans la province de Maï-Ndombe et s'est étendu à la province voisine de Kwilu, a perduré et les violences continuent.
Elles ont fait "au moins 300 morts lors de cycles d'attaques et de représailles", écrit Human Rights Watch. "Le gouvernement devrait traiter de toute urgence les litiges de longue date liés au pouvoir coutumier et aux droits fonciers afin d'éviter la récurrence de telles violences", ajoute l'organisation de défense des droits de l'Homme.
Les violences ont démarré autour d'un conflit foncier entre les Teke, qui se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo sur une distance d'environ 200 kilomètres, et les Yaka, venus s'installer après eux.
"Des villageois issus de communautés majoritairement Teke et Yaka, toutes deux impliquées dans un litige lié à une redevance coutumière et à l’accès à la terre, ont endommagé, détruit, pillé et brûlé des centaines de maisons ainsi que des écoles et des centres de santé", précise HRW. L'ONG ajoute que "dès la fin du mois de juin, des membres de la communauté Yaka se sont organisés en groupes, appelés 'Mobondo' en référence à des fétiches".
"Armés de machettes, de couteaux, de lances, d'arcs et de flèches, de fusils de chasse et de quelques fusils d'assaut militaires, ils ont attaqué et tué des dizaines de villageois teke, selon plusieurs témoins", affirme le rapport. "Certains villageois teke ont pris part à l'éruption initiale des violences, ciblant les Yaka ainsi que leurs magasins et leurs maisons", écrit également HRW. "Toutefois, les assaillants Mobondo ont rapidement pris le dessus", selon l'organisation.
HRW ajoute que "le gouvernement n'a pas renforcé les effectifs des forces de sécurité provinciales, pourtant débordées, avant le mois de septembre, et n'a pas fourni une aide adéquate aux plus de 50.000 personnes déplacées par les violences". Selon l'ONG, certains membres des forces de sécurité congolaises auraient eux-mêmes "commis des exactions, notamment des exécutions extrajudiciaires, des pillages et des violences sexuelles".
RDC: Qui a tué 21 militants de l'Unafec à Lubumbashi ?

Plus d'une vingtaine de militants politiques sont morts, par balles ou par noyade, la semaine dernière à Lubumbashi, grande ville du sud-est de la République démocratique du Congo, selon leur parti et une ONG qui ont accusé mercredi de mystérieux hommes en tenue militaire.
Les victimes étaient membres du parti Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec). Le vendredi 24 mars, "des personnes en tenue militaire, guidées par un civil, ont trouvé nos jeunes (de l'Unafec) à l'endroit où ils font régulièrement leurs réunions et ils ont commencé à tirer", a expliqué Jean Umba Lungange, président national de l'Unafec, lors d'une réunion avec les cadres du parti, en présence des journalistes.
"Certains ont reçu des balles et d'autres, en fuyant, se sont noyés dans la rivière Naviundu", a-t-il poursuivi. "Nous nous retrouvons pour le moment avec 21 corps", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il y avait aussi des "personnes disparues".
"Certains commandos ont fait perdre la vie à plus de 25 personnes, certaines par balles et d'autres par noyade", a affirmé de son côté au cours d'une conférence de presse à Lubumbashi Bertin Tchoz, un responsable de l'ONG "Gouvernance sécuritaire et paix du cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga".
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'armée dans la région a dit ne pas être au courant de cet événement, d'autant plus, a-t-il dit, que l'Unafec "n'a pas saisi l'armée sur cette affaire". Après la découverte lundi de cinq corps sans vie dans la rivière Naviundu, le maire de Lubumbashi (chef-lieu de la province du Haut-Katanga), Martin Kazembe, avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour "déterminer les responsables".
Parti membre de "l'Union sacrée", plateforme du président Félix Tshisekedi, l'Unafec est minée par des divisions internes depuis le décès en août 2021 de son fondateur, Gabriel Kyungu wa Kumwanza.
Burkina: inquiétude de la société civile après des cas d'"enrôlement forcé"

Des organisations de la société civile du Burkina Faso ont exprimé leur inquiétude après des cas d'"enlèvement" et d'"enrôlement forcé" de citoyens comme supplétifs de l'armée dans la lutte contre le jihadisme, et dénoncé la "négation récurrente et systématique des libertés d’opinion".
Le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MBDHP) "a appris avec consternation l’enlèvement et l’enrôlement forcé de Boukaré Ouédraogo, président du mouvement de l'Appel de Kaya, comme VDP. (Volontaire pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l'armée)", survenu le 22 mars, écrit l'organisation dans un communiqué transmis mercredi à l'AFP.
Une autre organisation, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), a confirmé l'enlèvement et l'enrôlement, dans un communiqué séparé. Selon le MBDHP, M. Ouedraogo se serait rendu mercredi dernier "à la résidence du gouverneur du Centre-nord pour rencontrer le président de transition Ibrahim Traoré", en visite à Kaya, le chef-lieu de la région, explique le MBDHP, citant des témoins.
Pour le CISC, l'arrestation de Boukaré Ouédraogo est liée à une conférence de presse quelques jours plus tôt où il avait interpellé le président Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch fin septembre, sur la situation sécuritaire dans la région. Les deux organisations ont dénoncé une "arrestation arbitraire" et appelé à la libération immédiate de M. Ouedraogo tout en déplorant la "tendance actuelle à la négation récurrente et systématique des libertés d’opinion et d’expression de citoyens".
Samedi, lors d'une rencontre avec des ressortissants de Kaya, le capitaine Ibrahim Traoré a reconnu avoir ordonné l'enrôlement d'un citoyen sans le nommer, l'accusant d'avoir divulgué des informations qui ont engendré l'attaque d'un "point névralgique" près de la ville qui avait fait au moins quatorze morts dont quatre soldats.
"Par leur (sa) faute, des hommes sont tombés. Nous lui avons fait comprendre et nous l'avons engagé immédiatement pour être VDP. Et il en sera ainsi de tous ceux qui ne sont pas capables de défendre la patrie", avait-il lancé sous les acclamations de l'auditoire.
Selon d'autres organisations de la société civile, samedi, deux de leurs représentants ont également été interpellés et enrôlés comme VDP, après avoir critiqué la gestion de la transition lors d'une conférence de presse. Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, qui ont fait au total 10.000 morts civils et militaires selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
- Jacques Aristide
Fusillade dans une école de Nashville: la tueuse était une ancienne élève
Trois enfants et trois adultes ont été tués lundi par un ancien élève lourdement armé dans une école primaire de Nashville, dans le sud des États-Unis, un drame qui semble prémédité et qui a rouvert le débat sur les ravages des armes à feu aux Etats-unis.
Un pétrolier danois attaqué par des pirates dans le golfe de Guinée

Un pétrolier danois sous pavillon libérien a été attaqué par des pirates au large du Congo-Brazzaville dans le golfe de Guinée et le contact a été perdu depuis trois jours avec l'équipage de 16 marins, a annoncé mardi son armateur.
Lors de cette attaque intervenue samedi soir à 140 milles nautiques à l'ouest du port de Pointe-Noire, des pirates ont pu monter à bord du Monjasa Reformer et "la totalité de l'équipage s'est mis en sécurité dans la citadelle" (refuge blindé, ndlr) du navire, a indiqué l'armateur Monjasa.
Aucune communication avec les marins de ce pétrolier, long de 134 mètres et d'une capacité de 13.700 tonnes, n'a eu lieu depuis, affirme la compagnie dans un communiqué. "Les communications sont actuellement coupées et nous travaillons avec les autorités locales pour établir une communication et comprendre la situation à bord", précise Monjasa, basé à Fredericia dans l'ouest du Danemark.
Au moment de l'incident, signalé à 22H39 GMT, le navire était immobilisé avec 16 membres d'équipage à bord, indique l'armateur. Les derniers contacts ont eu lieu via la société Montec Ship Management, qui assurait la liaison opérationnelle avec le navire. "Toutes nos pensées vont à l'équipage et aux proches", ajoute Monjasa, sans dévoiler les nationalités des marins.
Le golfe de Guinée, qui s'étend sur 5.700 kilomètres entre le Sénégal et l'Angola, a été pendant plusieurs années le nouveau point noir de la piraterie mondiale, mais les attaques avaient baissé dernièrement. Selon le Centre maritime d'information, de coopération et d'alerte (Mica), seuls trois navires ont été attaqués dans le secteur en 2022, contre 26 en 2019.