Le ministre de la Justice, un proche de Trump, s'en prend à ses tweets

Le ministre américain de la justice, Bill Barr, à Capitol Hill à Washington, le 26 janvier 2019.

Soucieux d'apaiser la violente polémique qui secoue Washington, le ministre américain de la Justice Bill Barr a juré jeudi qu'il ne recevait d'ordre de personne mais a déploré que les tweets de Donald Trump rendent son travail "impossible".

Sur la défensive depuis la révision à la baisse des recommandations de peine à l'encontre de Roger Stone, un ami du président, M. Barr, qui est régulièrement couvert d'éloges par le locataire de la Maison Blanche, a tenté dans un entretien accordé à la chaine ABC de reprendre la main.

"Je me félicite que le président ne m'ait jamais demandé d'intervenir en quoi que ce soit dans une affaire pénale", a-t-il affirmé.

"J'ai un problème avec certains des tweets", a-t-il ajouté, assurant que certaines prises de position du milliardaire républicain sur le célèbre réseau social compliquaient sa mission.

"Je pense qu'il est temps d'arrêter de tweeter sur les affaires dont le ministère de la Justice a la charge", a-t-il encore dit.

Lire aussi : Trump accusé d'ingérence judiciaire au profit d'un ami proche

Les propos de M. Barr sur les tweets de @realDonaldTrump ont surpris tant il a multiplié, depuis sa nomination, les prises de position interprétées comme favorables au président.

Le chef de la majorité républicaine du Sénat Mitch McConnell, l'un des plus solides défenseurs du président, a invité ce dernier à "écouter les conseils" de son ministre.

"Le ministre de la Justice a dit que cela rendait son travail difficile", a-t-il insisté jeudi soir auprès de la chaîne Fox News.

Rapidement, la Maison Blanche a tenu à faire savoir qu'il n'existait aucun désaccord entre les deux hommes.

"Le président n'a pas été gêné du tout par ces commentaires et a le droit, comme tout autre citoyen américain, de partager publiquement ses opinions", a réagi Stephanie Grisham, porte-parole de la Maison Blanche.

M. Trump "utilise les réseaux sociaux de façon extrêmement efficace pour se battre pour les Américains contre les injustices dans notre pays", a-t-elle ajouté, précisant qu'il faisait pleinement confiance à Bill Barr pour "faire son travail et faire respecter la loi".

- "Erreur judiciaire"-

Roger Stone, qui a conseillé Donald Trump avant et pendant sa campagne, a été reconnu coupable en novembre de mensonge au Congrès et de subornation de témoin dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection américaine de 2016.

Les quatre procureurs chargés du dossier avaient initialement requis entre 7 et 9 ans de prison à son encontre mais le ministère les a déjugés en demandant une peine "bien moindre" au nom des "intérêts de la justice".

Entre-temps, sans qu'il soit possible d'établir avec certitude un lien de cause à effet, Donald Trump avait dénoncé dans un tweet une "situation très injuste" et une "erreur judiciaire".

Aaron Zelinsky, Jonathan Kravis, Adam Jed et Michael Marando, les quatre procureurs qui avaient requis les peines initiales, ont depuis signifié leur retrait de l'affaire Stone dans une motion transmise au juge.

L'opposition a immédiatement dénoncé une ingérence politique dans ce dossier judiciaire et a même évoqué un possible "abus de pouvoir". La cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi a dénoncé une décision "scandaleuse" de l'administration Trump qui "affecte l'Etat de droit".

Le ministère de la Justice a affirmé que sa décision avait été prise avant le tweet de Donald Trump.

La peine de Roger Stone doit être annoncée le 20 février par un juge fédéral.