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Vincent Bolloré en garde à vue sur des soupçons de corruption en Afrique


Vincent Bolloré, le 17 avril 2015 à Paris.
Vincent Bolloré, le 17 avril 2015 à Paris.

L'emblématique homme d'affaires français Vincent Bolloré et des cadres de son groupe éponyme ont été placés en garde à vue mardi à propos de soupçons de corruptions ayant permis à une filiale d'obtenir des concessions portuaires en Afrique de l'Ouest.

L'homme d'affaires est entendu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris qui vise à déterminer si le groupe Bolloré a utilisé ses activités de conseil politique, via sa filiale Havas, pour obtenir la gestion des ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée, selon ces sources, confirmant une information du journal Le Monde.

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Des juges d'instruction tentent de déterminer si le groupe Bolloré a prodigué des conseils à des dirigeants africains via sa filiale de publicité Havas pour se voir attribuer la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.

Le responsable du pôle international de Havas, Jean-Philippe Dorent, et Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré, ont également été placés en garde à vue, a précisé une source judiciaire.

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Dans un communiqué publié en fin de matinée, le groupe Bolloré a "formellement" démenti avoir commis des irrégularités en Afrique.

"Le lien qui tente d'être fait par certains entre l'obtention de ces concessions et les opérations de communication est dénué de tout fondement économique et révèle une méconnaissance lourde de ce secteur industriel", insiste-t-il.

L'annonce de cette garde à vue a fait plonger l'action du groupe Bolloré à la Bourse de Paris: le titre perdait près de 8% en milieu de journée, dans un marché pratiquement à l'équilibre (+0,03%).

Au coeur de l'enquête, initiée par une plainte d'un ancien associé franco-espagnol de Bolloré, Jacques Dupuydauby, se trouvent les conseils prodigués en 2010 par Havas lors des campagnes électorales victorieuses d'Alpha Condé en Guinée et de Faure Gnassingbé au Togo. Tous deux avaient eu recours aux activités de conseil d'Havas, pilotées par M. Dorent.

En Guinée, SDV avait obtenu la gestion du port de Conakry quelques mois après l'élection de M. Condé en 2010. Et au Togo, il avait remporté le marché peu avant la réélection en 2010 de M. Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.

"Je privilégie les amis"

"Les concessions obtenues au Togo l'ont été en 2001, bien avant l'entrée du groupe dans Havas et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du n°1 (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d'offres), défaillance constatée avant l'élection du président", a fait valoir le groupe Bolloré dans son communiqué.

"Bolloré remplissait toutes les conditions d'appel d'offres. C'est un ami, je privilégie les amis. Et alors ?", avait expliqué Alpha Condé au journal Le Monde en 2016, à propos de ce dossier.

Une perquisition avait eu lieu en avril 2016 à la tour Bolloré de Puteaux, près de Paris, siège notamment de la filiale Bolloré Africa Logistics, en particulier dans les bureaux de Vincent Bolloré lui-même.

C'est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, président du groupe Pefaco, une société spécialisée dans l'hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, que les enquêteurs ont été amenés à se pencher sur les activités africaines de Vincent Bolloré.

Francis Perez comptait notamment parmi ses relations Jean-Philippe Dorent.

A chaque fois, la désignation de SDV a donné lieu à une bataille judiciaire entre le groupe Bolloré et les anciens gestionnaires des ports.

Dans le volet togolais, l'ancien associé de M. Bolloré, Jacques Dupuydauby, accuse la présidence togolaise d'avoir été corrompue par le groupe français. Dans son bras de fer judiciaire avec Vincent Bolloré, il a été condamné en Espagne à 3 ans et neuf mois de prison pour "détournement d'actifs" du groupe Bolloré. La cour d'appel de Paris doit se prononcer le 16 mai sur la demande d'extradition de Madrid.

S'agissant de Conakry, Bolloré avait perdu sa bataille devant le tribunal face à l'ancien concessionnaire, Necotrans, et avait été condamné en 2013 à lui verser plus de 2 millions d'euros.

Necotrans, spécialiste de la logistique en Afrique, avait été placé en redressement judiciaire en juin 2017 et avait été racheté peu après par le groupe Bolloré.

Avec AFP

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