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Un gendarme célébré en héros pour avoir pris la place d'une otage en France


Le lieutenant-colonel français Arnaud Beltrame, tué après après s'être livré à la place d’une femme dans une prise d’otages à Trebes, France , 3 mars 2018.
Le lieutenant-colonel français Arnaud Beltrame, tué après après s'être livré à la place d’une femme dans une prise d’otages à Trebes, France , 3 mars 2018.

Les enquêteurs tentaient samedi d'éclaircir les circonstances de l'attentat jihadiste perpétré la veille dans le sud de la France par un assaillant abattu après des attaques ayant fait quatre morts, dont un gendarme célébré en héros pour avoir pris la place d'une otage.

Annoncé tôt samedi, le décès des suites de ses blessures du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 45 ans, marié et sans enfant, a bouleversé tout le pays.

"Il est tombé en héros", a salué le président Emmanuel Macron dans un communiqué. L'officier, qui s'était livré à la place d'une femme que l'assaillant avait pris comme "bouclier" selon une source proche de l'enquête, a fait "preuve d'un courage et d'une abnégation exceptionnels", a insisté le président français.

"Ça ne m'étonne pas de lui", a confié la mère du gendarme sur la radio RTL. "C'est quelqu'un qui, depuis qu'il est né, fait tout pour la patrie". Pour son frère, Cédric Beltrame, "il a donné sa vie pour quelqu'un d'autre. Il savait certainement qu'il n'avait pratiquement aucune chance".

La Grande Mosquée de Paris, à l'unisson de représentants musulmans, a rendu hommage à son "courage et à la valeur de son engagement".

Les drapeaux et étendards de la gendarmerie étaient mis en berne samedi et les fleurs commençaient à s'amonceler devant la caserne de Carcassonne.

Arrivée avec un bouquet de roses blanches portant l'inscription "Merci", Marie-Claire Castel, a appelé à un "hommage national" pour Arnaud Beltrame. "C'est un héros (...) il a sauvé des vies", dit-elle, très émue.

Brusque passage à l'acte

L'enquête confiée aux services antiterroristes se concentre sur l'entourage du tueur, Radouane Lakdim. Ce Français d'origine marocaine âgé de 25 ans a été abattu par les forces de l'ordre après une équipée meurtrière entre la cité historique de Carcassonne et un supermarché de Trèbes, une petite commune toute proche.

Un jeune homme de 17 ans, présenté comme un ami de Lakdim, a été placé en garde à vue dans la nuit, ainsi qu'une "proche qui partageait sa vie".

>> Lire aussi : Le groupe Etat islamique revendique la prise d'otages en France

Les enquêteurs tentent notamment de comprendre les raisons du passage à l'acte de l'assaillant, alors qu'il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Avant d'être abattu par les forces de l'ordre, il s'était présenté comme "un soldat" du groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a peu après revendiqué les attaques.

La dernière attaque en France, ciblée depuis 2015 à de nombreuses reprises, remontait à plus de cinq mois: elle avait fait deux morts le 1er octobre 2017 à Marseille (sud-est).

"C'est la première fois qu'un individu se réclame de Daech alors même que l'Etat islamique s'est effondré. La chute du Califat n'a pas changé la donne. C'est ce que nous craignions", a souligné dans Le Figaro l'ancien patron de l'unité d'intervention de la gendarmerie, Frédéric Gallois.

"Nous avions suivi" Radouane Lakdim "et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation", mais "il est passé à l'acte brusquement", a concédé M. Collomb.

Aucun signe précurseur

Né au Maroc le 11 avril 1992, cet homme vivait à Carcassonne. A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) "en raison de ses liens avec la mouvance salafiste", selon le procureur de Paris, François Molins.

En août 2016, il a fait un mois de prison après des condamnations pour "port d'arme prohibé", "usage de stupéfiants" et "refus d'obtempérer". En 2016 et 2017 il a de nouveau été suivi par les services de renseignement, qui n'ont décelé aucun "signe précurseur pouvant laissent présager un passage à l'acte terroriste", selon M. Molins. Sa surveillance a alors cessé.

Macron évoque une probable "attaque terroriste" en France (vidéo)
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Lors de ses attaques, il a demandé "la libération de frères" dont, selon une source proche du dossier, celui de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.

Radouane Lakdim a entamé son équipée meurtrière peu après 09H00 GMT vendredi en volant à Carcassonne une voiture dont il a tué le passager et blessé grièvement le conducteur. Il a tiré ensuite sur quatre policiers, blessant l'un à l'épaule, avant de prendre la fuite.

Vers 10H15 GMT, il est entré dans un supermarché de Trèbes et tué un employé et un client. "J'ai vu un individu très excité qui avait une arme de poing, un couteau et qui criait Allah Akbar", a raconté à l'AFP Christian Guibbert, un ex-policier qui faisait ses courses.

Vers 13H20 GMT, Redouane Lakdim seul avec l'officier de gendarmerie retenu en otage, a tiré sur le militaire, déclenchant l'assaut des forces de l'ordre.

Engagée dans la coalition militaire intervenant en Syrie et en Irak contre l'EI, la France vit sous la menace terroriste, avec une vague d'attentats jihadistes qui ont fait 245 morts depuis 2015.

"La lutte contre Daech se poursuivra sans faiblesse, avec force et détermination", a martelé samedi la ministre des Armées, Florence Parly.

Avec AFP

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