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L'Europe lance une nouvelle aide financière pour les réfugiés en Turquie


Des infirmiers turcs transportent un survivant d'un navire qui a chaviré dans un hôpital de Kocaeli, en Turquie, le 22 septembre 2017.
Des infirmiers turcs transportent un survivant d'un navire qui a chaviré dans un hôpital de Kocaeli, en Turquie, le 22 septembre 2017.

La Commission européenne a donné son feu vert à une seconde aide de 3 milliards d'euros pour l'accueil des réfugiés syriens en Turquie, plaidant pour le maintien du lien fragile avec Ankara malgré des tensions récurrentes.

Cette nouvelle aide, après une première du même montant, avait été promise sous conditions dans le cadre de leur accord migratoire controversé de mars 2016, qui a permis de freiner de manière spectaculaire les arrivées de migrants sur les côtes grecques.

L'annonce de ce soutien financier, considéré comme un dû par Ankara, intervient en amont d'une réunion programmée le 26 mars à Varna en Bulgarie entre les dirigeants de l'UE et le président Recep Tayyip Erdogan, pour faire le point sur les relations tourmentées entre Turcs et Européens.

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L'aide européenne, prévue pour 2018 et 2019, devra toutefois encore faire l'objet d'un débat interne dans l'UE, certaines capitales rechignant à fournir les deux tiers du montant prévu, comme le demande Bruxelles.

La première tranche du fonds, pour 2016 et 2017, "a permis l'accès à l'éducation à 500.000 enfants et à 1,2 million de réfugiés de bénéficier de versements mensuels en espèces" en Turquie, a souligné le commissaire européen en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos.

Au total, plus de 70 projets ont été financés ou programmés en faveur des près de 3,5 millions de réfugiés syriens se trouvant sur le sol turc, indique la Commission, selon laquelle 1,85 milliard a été effectivement versé à fin 2017.

-'Geste positif'-

"Je vous assure que cet argent a été donné", a déclaré M. Avramopoulos, alors que la Turquie a plusieurs fois déploré la lenteur de l'aide financière européenne. "Maintenant nous sommes devant un nouveau budget analogue" nécessaire pour poursuivre l'aide, a plaidé le commissaire grec.

La Commission insiste sur la nécessité de préserver le lien avec la Turquie, rappelant que sur le plan migratoire, le nombre d'arrivées irrégulières en Grèce est "inférieur de 97%" à celui qui était observé avant leur accord de 2016.

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"Notre coopération avec la Turquie est un élément clé pour relever des défis communs", a souligné M. Avramopoulos, jugeant qu'elle "est dans l'intérêt de l'UE, et de la Turquie également".

Il a notamment appelé Ankara a faire un "geste positif" de son côté, en libérant les deux soldats grecs détenus "pour entrée illégale" sur son territoire. Mais ce différend n'est que le dernier d'une longue liste.

La Turquie se plaint régulièrement du blocage de ses négociations d'adhésion, lancées en 2005, et reproche aux Européens de ne pas avoir encore exempté ses ressortissants de visas malgré la promesse d'avancées dans ce dossier dans le cadre de l'accord migratoire de 2016.

Les pays européens critiquent de leur côté les dérives autoritaires du régime turc, déplorant notamment son durcissement après le coup d'Etat manqué de juillet 2016. Et ils ont peu goûté les accusations de comportement "nazi" proférées l'an dernier par M. Erdogan à l'encontre de dirigeants européens.

Le rôle de la Turquie sur le front syrien, où son armée cherche à chasser une milice kurde syrienne (YPG), alliée de Washington et des Occidentaux, a aussi accentué les crispations.

-'Evident' ?-

La nouvelle "tranche" d'aide pour la Turquie, à laquelle la Commission a donné mercredi un cadre juridique, pourrait elle susciter des tensions à l'intérieur de l'UE.

"Il semble évident que l'on doit maintenir la même division" que pour la première tranche, à savoir un milliard d'euros provenant du budget de l'UE et le reste provenant des Etats membres, a précisé mercredi M. Avramopoulos.

Mais cela ne semble pas aussi "évident" pour les Etats membres. "Lors des négociations sur le budget 2018 de l'UE, la Commission a promis que l'aide viendrait du budget européen: nous souhaitons que ce soit le cas", a déjà prévenu un diplomate d'un grand pays.

Par ailleurs, une autre proposition de la Commission mercredi devrait être soutenue par la plupart des Etats membres.

Bruxelles a mis sur la table une législation imposant des "conditions plus strictes" à certains pays pour obtenir des visas de court séjour dans l'UE, quand ils ne coopérent pas assez au renvoi de leurs ressortissants en séjour irrégulier dans l'Union.

Avec AFP

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