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La Turquie continue de frapper les milices kurdes en Syrie, Washington s'inquiète


Des policiers turcs sont devant l'ambassade américaine à Ankara, le 1 février 2013.
Des policiers turcs sont devant l'ambassade américaine à Ankara, le 1 février 2013.

La Turquie a prévenu lundi qu'elle continuerait de frapper les combattants kurdes dans le nord de la Syrie tant qu'ils n'auraient pas reculé à l'est de l'Euphrate, mais Washington a jugé ces affrontements "inacceptables" et appelé à la fin des combats.

"Les YPG (Unités de protection du peuple kurde), comme les Etats-Unis l'ont promis (...), doivent repasser à l'est de l'Euphrate dès que possible et tant qu'elles ne le feront pas elles (resteront) une cible", a déclaré lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, au sixième jour de l'offensive de son pays dans le nord de la Syrie.

Dans le même temps, des avions de combat turcs ont bombardé des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak, dans la région de Gara, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu. En juillet, l'aviation avait effectué des raids contre le PKK dans la région de Hakurk, également dans la partie septentrionale du territoire irakien.

Engagée depuis mercredi dans l'opération "Bouclier de l'Euphrate", visant à la fois les combattants kurdes et les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, l'armée turque a annoncé dimanche avoir tué "25 terroristes kurdes" dans des frappes aériennes et des tirs d'artillerie, après avoir essuyé la perte d'un premier soldat au sol.

La Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, veut éviter que les Kurdes syriens ne forment une ceinture continue le long de sa frontière avec la Syrie voisine, ravagée par un conflit complexe qui a fait plus de 290.000 morts depuis 2011.

"Le but de l'opération est de nettoyer la région du groupe jihadiste EI et d'empêcher le PYD (Parti de l'Union démocratique) et les YPG de mettre en place un couloir de bout en bout" qui "diviserait la Syrie", a affirmé le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus, cité par la chaîne de télévision turque NTV.

"Nettoyage ethnique"

De son côté, l'émissaire présidentiel américain auprès de la coalition internationale antijihadiste, Brett McGurk, a qualifié les affrontements entre la Turquie et les forces arabo-kurdes d'"inacceptables", appelant toutes les parties à "cesser" les combats.

"Nous voulons dire clairement que ces combats sont inacceptables et suscitent notre profonde inquiétude", a fait savoir le Pentagone dans un communiqué obtenu par l'AFP.

Ankara considère le PYD et sa branche armée comme des organisations "terroristes", bien qu'elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les jihadistes, par Washington, allié traditionnel de la Turquie.

En visite à Ankara la semaine dernière, le vice-président américain Joe Biden avait "dit très clairement" que les forces kurdes devaient "retraverser" l'Euphrate vers l'est, faute de quoi elles perdraient le soutien des Etats-Unis. Mais Ankara assure n'avoir depuis pas vu de changement.

"Dans les endroits où elles se rendent, les YPG forcent tout le monde à migrer, y compris les Kurdes qui ne pensent pas comme elles, et procèdent à un nettoyage ethnique", a déclaré M. Cavusoglu.

Selon lui, la zone autour de la ville de Minbej, à l'ouest de l'Euphrate et récemment reprise par les YPG à l'EI, est majoritairement arabe.

61 frappes

Le chef de la diplomatie turque a également salué le succès de l'opération éclair dans la localité de Jarablos, reprise à l'EI dès mercredi dernier par des rebelles syriens soutenus par la Turquie. "L'objectif de cette opération (...) est de nettoyer la région du groupe terroriste Daech (acronyme arabe de l'EI)", a-t-il déclaré.

L'armée turque a indiqué dans un communiqué avoir ouvert le feu à 61 reprises sur 20 cibles dans le nord de la Syrie au cours des dernières 24 heures, sans préciser quels groupes étaient visés.

Dimanche, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme avait affirmé que les bombardements turcs en Syrie avaient provoqué la mort d'au moins 40 civils, des allégations fermement démenties par Ankara, qui assure que l'armée prend "toutes les mesures nécessaires pour éviter de toucher la population civile".

Le Conseil militaire de Jarablos, lié aux Forces démocratiques syriennes pro-Kurdes, a annoncé dans un communiqué que ses forces s'étaient retirées au sud de la rivière Sajur "pour protéger la vie des civils". Si cette décision va dans le sens des demandes d'Ankara, elle maintient toutefois les combattants affiliés aux FDS à l'ouest de l'Euphrate.

Sur le front diplomatique, le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné "les violations, les agressions et les massacres commis par le régime turc", les qualifiant de "crimes contre l'Humanité", dans une lettre adressée à l'ONU et diffusée par l'agence officielle de presse syrienne Sana.

Avec AFP

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