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Donald Trump face au malaise de son propre camp républicain


Manifestation pro-immigration devant la Maison Blanche le 5 septembre.
Manifestation pro-immigration devant la Maison Blanche le 5 septembre.

Le président Donald Trump s'est efforcé vendredi de rassurer sa majorité sur ses orientations politiques, au lendemain d'un accord de principe avec l'opposition démocrate du Congrès sur l'immigration clandestine, qui a déclenché une mini-révolte chez les conservateurs.

Le dirigeant républicain a multiplié les tweets sur le terrorisme, après un nouvel attentat à Londres; l'organisation Etat islamique; une chaîne de télévision sportive accusée d'être politisée; et l'immigration, le sujet qui enflamme Washington ces jours-ci.

"Les migrations en chaîne ne pourront être autorisées par aucune future loi sur l'immigration", a-t-il prévenu, écrivant en lettres capitales "migrations en chaîne".

Les "migrations en chaîne", terme prisé des conservateurs anti-immigration, désignent les immigrés légaux qui parviennent à venir aux Etats-Unis grâce au parrainage de membres de leur famille précédemment immigrés, notamment des frères ou soeurs, ou des enfants.

Le républicain semble ainsi tracer une sorte de ligne rouge dans la régularisation très spécifique à laquelle il semble ouvert dans le cadre de son accord avec les démocrates. S'il est d'accord pour donner des papiers à plusieurs centaines de milliers de sans-papiers qui sont arrivés enfants aux Etats-Unis, il refuserait apparemment que ces régularisations ouvrent la voie à de futures vagues d'immigration.

L'accord est loin d'être finalisé avec les démocrates; un ensemble de mesures pour sécuriser la frontière avec le Mexique doit encore être négocié en contrepartie, au sein de la future loi.

Mais plusieurs élus du parti républicain, qui dispose de la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat, ont exprimé leur déception, pour deux raisons. D'abord parce que certains sont opposés à toute forme de régularisation, qu'ils considèrent être une trahison du programme populiste et anti-immigration du candidat Trump. Ensuite en raison de la méthode, parce qu'ils n'ont pas été consultés par le président, qui a négocié directement avec les chefs démocrates.

- Une victoire coûte que coûte -

Les parlementaires classés "trumpistes" s'activent frénétiquement avec la Maison Blanche pour façonner le futur compromis selon leurs critères.

"Nous faisons des propositions législatives qui devraient être soutenues par beaucoup de conservateurs", a dit Mark Meadows, le président du groupe des ultra-conservateurs de la Chambre, au quotidien USA Today.

"Nous sommes en train de discuter en interne pour trouver un compromis", a même Paul Ryan, président républicain de la Chambre.

Les plus conservateurs exigent l'inclusion de fonds pour la construction du mur frontalier promis par Donald Trump, bien que celui-ci ait dit jeudi que cela pourrait finalement attendre.

Les démocrates, eux, demandent le vote d'une proposition de loi nommée Dream Act, qui accorderait des permis de résident permanent - les cartes vertes - aux jeunes sans-papiers... ce qui les autoriserait mécaniquement à demander la nationalité américaine au bout de quelques années.

C'est ce que les conservateurs appellent une "amnistie", un terme connoté et mal défini, qui assimile tous les sans-papiers à des délinquants et qui vise à étiqueter comme laxiste toute politique de régularisation.

"Ce sera la plus grande amnistie de l'histoire moderne", a dénoncé une organisation anti-immigration, la Fédération pour une réforme de l'immigration américaine (FAIR).

En 2013, une partie des républicains avaient pourtant soutenu un grand projet de réforme qui aurait ouvert la voie à la naturalisation d'une grande partie des quelque 11 millions de sans-papiers des Etats-Unis.

Sensible à la grogne au sein de ses supporteurs, Donald Trump, jeudi, a martelé: "nous ne parlons pas de citoyenneté, nous ne parlons pas d'amnistie. Nous voulons autoriser les gens à rester ici".

Mais les démocrates n'entendent pas créer une procédure de régularisation qui créerait des citoyens de seconde zone.

"Je ne sais pas où il en est aujourd'hui", résumait le sénateur républicain Bill Cassidy jeudi.

Les prochaines semaines verront donc une bataille, à moitié publique et à moitié en coulisses, entre la Maison Blanche, les républicains et les démocrates, sur les contours exacts de la réforme.

Mais in fine, le président Trump a montré cette semaine qu'il était prêt à mettre son poids derrière toute loi ayant une chance d'être adoptée par le Congrès, avec ou sans les voix de toutes ses troupes.

Avec AFP

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