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"Les rêveurs ont perdu le sommeil": Los Angeles défile pour les jeunes sans-papiers


Julia Paley d'Arlington, Virginie, exprime son soutien aux "dreamers", pendant une manifestation devant la Maison Blanche, Washington, le 4 septembre 2017.
Julia Paley d'Arlington, Virginie, exprime son soutien aux "dreamers", pendant une manifestation devant la Maison Blanche, Washington, le 4 septembre 2017.

Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Los Angeles contre la décision du président Donald Trump de supprimer le programme qui protège les jeunes sans-papiers, le Daca.

"Ils nous appellent les dreamers ("les rêveurs") mais c'est nous avons perdu le sommeil", lit-on sur la pancarte de Sophia Begar, une jeune femme de 19 ans amenée du Mexique aux Etats-Unis par ses parents lorsqu'elle était bébé.

Sophia Begar fait partie des 800.000 bénéficiaires du Daca, dont plus de 200.000 vivent en Californie, qui ont pu grâce à ce programme mis en place par l'ex-président Barack Obama obtenir un statut légal et un permis de travail temporaires.

"Mes parents voulaient une meilleure vie pour moi et ma soeur", explique à l'AFP Sophia, qui étudie pour devenir infirmière.

"C'est une sensation de malaise, ça fait très peur. J'ai passé toute ma vie ici et je vais me faire expulser vers mon pays natal dont je ne connais rien", se désole-t-elle, marchant au milieu d'un cortége multiéthnique.

Avec la fin du Daca, et sans une hypothétique réforme migratoire au Congrès dans les mois à venir, ces jeunes pourraient être contraints de retourner dans la clandestinité. Et l'avenir qu'ils s'étaient construits en étudiant et démarrant des carrières se retrouve bien compromis.

Retour dans les limbes

En annulant le programme, le président Trump s'inscrit dans la tonalité de sa campagne électorale anti-immigration clandestine, mais force le Congrès à se confronter de nouveau à une loi migratoire après plusieurs échecs, notamment autour de la réforme qu'avait souhaitée le président Obama.

Une enquête du site Politico montre que 76% des américains soutiennent une régularisation des "dreamers".

Paula Hernández n'est toutefois pas très optimiste.

"Le Congrès n'arrive à adopter aucune loi, de la réforme fiscale à celle de la santé et ça ne devrait pas être différent pour la loi migratoire", juge la jeune femme de 24 ans, arrivée elle aussi du Mexique aux Etats-Unis à sept ans.

"Mettre fin au Daca pour forcer la main (aux parlementaires) n'est pas la meilleure manière de procéder. (Trump) aurait pu le faire en maintenant le programme pour que nous ne nous retrouvions pas dans les limbes", ajoute-t-elle.

Parmi les slogans dimanche au parc McArthur où se déroulait la manifestation, beaucoup dénonçaient aussi le décret migratoire de Trump qui suspend temporairement l'entrée aux Etats-Unis des ressortissants de 6 pays musulmans, à l'exception de ceux qui ont des attaches familiales américaines parmi quelques rares dérogations.

Les manifestants conspuaient aussi une autre promesse phare de Trump: construire un mur à la frontière avec le Mexique pour endiguer l'immigration clandestine.

Beaucoup étaient venus avec leurs bambins et défilaient sous les applaudissements de voisins, certains prenant des photos ou vidéos avec leurs téléphones portables.

"C'est ça les Etats-Unis, c'est ce que nous sommes", estime Kathy Hamrock, conseillère étudiante de 67 ans qui travaille dans un quartier à large population hispanique où elle a pu découvrir "les beaux rêves, les talents merveilleux" des jeunes immigrés qui viennent la voir dans son bureau.

Sa pancarte propose une autre solution: "expulsez Trump".

De l'autre côté de la rue, une poignée de contre-manifestants porte des panneaux où l'on lit: "Dieu bénisse Trump" ou "mort au Daca".

"Je suis en faveur d'une immigration légale et de +dreamers+ américains. Ce n'est pas une question de politique, c'est la Constitution", assure Fred Macintosh, 55 ans.

Quoiqu'il arrive, Paula, Sophia et les autres veulent rester coûte que coûte aux Etats-Unis, et elles étudient leurs recours juridiques.

"J'existais avant le Daca, et je continuerai à exister après, mais ça sera dix fois plus difficile", conclut Paula.

Avec AFP

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