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La menace de frappes occidentales en Syrie maintenue malgré le veto de Moscou


Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, New York, le 10 avril 2018
Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, New York, le 10 avril 2018

Les Occidentaux ont maintenu, en dépit du veto russe à l'ONU, leur détermination à riposter fermement à l'attaque chimique présumée imputée au régime de Bachar al-Assad et faisaient toujours planer mercredi la menace de frappes militaires en Syrie.

La confrontation entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien s'est durcie: Moscou, soutien indéfectible de Damas, a opposé mardi son veto au Conseil de sécurité à un projet de résolution américain visant à créer un mécanisme d'enquête indépendant sur le recours aux armes chimiques en Syrie.

Mais en face, les Occidentaux, Etats-Unis et France en tête, ont redoublé de détermination après avoir déjà fait clairement planer la menace de représailles militaires.

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"La France mettra tout en oeuvre contre l'impunité chimique", a assuré l'ambassadeur français François Delattre. Elle annoncera "dans les prochains jours" la "décision" sur sa riposte, en coordination avec les alliés américain et britannique, a précisé à Paris le président Emmanuel Macron.

S'inscrivant dans cette fièvre diplomatique, Donald Trump et la Première ministre britannique Theresa May sont aussi "tombés d'accord", lors d'une conversation téléphonique, "pour ne pas laisser l'usage d'armes chimiques se poursuivre", a rapporté la Maison Blanche.

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Le président américain, qui avait lui promis lundi une décision "très bientôt", a annulé un déplacement prévu en fin de semaine au Pérou afin de continuer à gérer le dossier syrien, renforçant le sentiment d'une action imminente.

Au Conseil de sécurité, deux projets concurrents présentés mardi par les Russes n'ont pas réuni suffisamment de voix pour être adoptés.

L'ambassadeur de Russie aux Nations unies, Vassily Nebenzia, a justifié le 12e veto russe en sept années d'un conflit qui a fait plus de 350.000 morts, par la volonté de "ne pas entrainer le Conseil de sécurité dans des aventures".

Et la Russie, dont les troupes sont sur le sol syrien, a prévenu qu'une intervention militaire américaine serait "très, très dangereuse".

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L'Organisation internationale sur les armes chimiques (OIAC), un organisme dont le mandat est d'enquêter sur une attaque présumée mais qui n'a pas la responsabilité d'en identifier les responsables, a annoncé mardi l'envoi "sous peu" d'une équipe en Syrie pour faire la lumière sur ce qui s'est passé à Douma.

Selon les Casques Blancs, les secouristes en zones rebelles, et l'ONG médicale Syrian American Medical Society, plus de 40 personnes ont été tuées samedi dans ce dernier bastion rebelle dans la Ghouta orientale aux portes de Damas, tandis que plus de 500 blessés ont été soignés, notamment pour des "difficultés respiratoires".

L'OIAC a été invité par Damas, qui, comme Moscou, nie l'existence d'une telle attaque chimique. Selon des diplomates, cela pourrait permettre au pouvoir syrien de retarder d'éventuelles frappes occidentales.

Mais tout en saluant l'envoi d'experts, Washington a tenu à ne pas lier leur enquête à la riposte américaine.

"Les Etats-Unis ont leurs propres mécanismes", "nous savons qu'un produit chimique a été utilisé même si nous ne savons pas avec certitude lequel", a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert.

Au-delà d'éventuelles frappes contre le régime, les mises en garde de Donald Trump affirmant que Damas, mais aussi ses soutiens, la Russie et l'Iran, devraient "payer le prix fort" ont ravivé le climat de Guerre froide qui s'installe de plus en plus. Moscou et Téhéran accusent Washington de chercher un "prétexte" pour frapper le pouvoir syrien.

Emmanuel Macron a d'ailleurs pris soin de préciser que d'éventuelles frappes françaises viseraient "à s'attaquer aux capacités chimiques détenues par le régime" et non pas aux "alliés" de ce dernier. "Nous ne souhaitons aucune escalade dans la région", a-t-il assuré.

En avril 2017, Donald Trump avait déjà fait bombarder une base militaire syrienne, en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

Lundi, le destroyer lance-missile USS Donald Cook a quitté le port chypriote de Larnaca, où il faisait escale, et se trouve dans une zone d'où il peut facilement frapper la Syrie.

L'Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) a émis de son côté mardi après-midi un message de mise en garde invoquant "de possibles frappes aériennes en Syrie (...) dans les 72 heures à venir".

Face au risque d'attaques, l'armée syrienne a placé ses forces "en état d'alerte" pour les trois jours à venir dans les aéroports et les bases militaires du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans les rues de la capitale, des Syriens semblaient rester de marbre face aux menaces.

"Personne n'a peur d'une frappe", lance sur un ton de défi Amal, ingénieure de 27 ans. "On sait que tout ce qu'ils font, c'est pour miner (...) l'engagement de l'armée qui libère les régions" tenues par la rébellion.

A Douma, le dernier groupe insurgé Jaich al-Islam est en train de quitter la ville après plusieurs semaines de bombardements intensifs du régime, qui ont fait plus de 1.700 morts dans les secteurs rebelles de la Ghouta orientale.

Des dizaines de milliers de personnes, combattants de deux autres groupes insurgés et leurs familles, ont déjà été évacués.

Avec AFP

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