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Sénégal: tourisme et récolte de sel au Lac Rose menacés par la montée des eaux


Une vue du lac Rose également connu aussi sous le nom de lac Retba à Niaga, près de Dakar, Sénégal, le 23 mai 2021.
Une vue du lac Rose également connu aussi sous le nom de lac Retba à Niaga, près de Dakar, Sénégal, le 23 mai 2021.

Au Sénégal, le tourisme et la récolte de sel au Lac Rose sont menacés à la suite d’une montée des eaux spectaculaire pendant la saison des pluies. Des tonnes de sel récoltées l’été dernier ont été emportées par les flots, faisant craindre la disparition de la teinte rose si caractéristique du lac.

La hausse brutale du niveau de l'eau et les pluies diluviennes probablement liées au changement climatique risquent de faire disparaitre la couleur si prisée du lac, dû notamment à la concentration de sel.

Les travailleurs effectuent les dernières récoltes avant l'épuisement en mettant dans des sacs le gros sel qui est utilisé pour la cuisine et exporté dans toute la région. La hauteur a presque doublé, il est impossible à présent d'extraire le sel traditionnellement, c'est-à-dire de remplir un sceau en se tenant debout sur le lac. Et la plupart des hommes ne savent pas nager.

"Depuis 2 mois, personne ne peut rentrer dans le lac pour travailler parce qu’il y a des risques de noyade. Le sel est au fond du lac, personne ne peut plonger pour exploiter le sel. Ça c’est un problème. Et deuxièmement, si ce phénomène perdure, on risque de perdre complètement le sel par dissolution. C’est un problème parce qu'il y a tellement d’eau douce dans le lac que si ça continue comme ça, ce sera terrible. L'exploitation du sel va disparaître une bonne fois pour toutes”, regrette Maguette Ndiour, président de la Coopérative des exploitants de sel du lac Rose.

Les cours d’eau naturels historiques qui se déversaient dans le Lac Rose ont repris leurs droits avec les inondations de l’été dernier.

"Ce que nous avons constaté c’est que, avec le retour des pluies, il y a eu des ruissellements importants dans ces zones-là, avec la reconstitution de marigots, de cours d’eau, et tous ces marigots et ces cours d’eau-là, se sont, de façon naturelle, trainés si vous voulez en suivant la topographie vers le Lac Rose. Maintenant, est-ce qu’il peut y avoir possibilité de pollution, etc? Ça c’est les études peut-être qui pourront confirmer tout ça”, s’inquiète Mamadou Alpha Sidibé, directeur de la gestion et de la prévention des inondations au ministère de l’Eau et de l’Assainissement.

Ibrahima Mbaye, gérant d'un hôtel au bord du Lac Rose et président de l'association ARR Lac Rose, garde toujours un oeil vigilant sur le couloir d'évacuation d'eau se déversant dans le lac, en observant si oui ou non des poissons se trouvent dans les eaux.

La disparition de sel est une mauvaise nouvelle pour le tourisme. L’attraction autour de cette véritable curiosité naturelle où les eaux exceptionnelles virent journellement du mauve au rose écarlate représente une forte source de revenu qui menace de disparaitre.

Les entreprises autour du lac, vendeurs, artisans et exploitants de bateaux, qui emmènent les touristes visiter le lac, comptent leurs pertes et s’inquiètent pour l’avenir.

"La destination du Sénégal va avoir des problèmes parce que le Lac Rose, la coloration rose et l'exploitation de sel pouvait amener beaucoup de monde à venir découvrir. Donc là c'est une perte pour nous les artisans. C'est une perte pour tous les gens qui gravitent autour du lac mais aussi c'est une perte pour le Sénégal, économiquement”, regrette Mor Gueye, président du village artisanal.

Le lac rose est l’un des sites les plus visités du Sénégal et est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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