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Après six ans d'exil, son parti annonce le retour de l'ex-président Bozizé en Centrafrique


Le président centrafricain Francois Bozize et Jacques Chirac, le 14 février 2007.
Le président centrafricain Francois Bozize et Jacques Chirac, le 14 février 2007.

Si ce retour annoncé de longue date se confirme, pourrait bouleverser le paysage politique centrafricain à un an de la présidentielle prévue fin 2020: après le coup d'Etat qui l'a renversé en 2013 et six années d'exil, l'ex-président François Bozizé est revenu au pays, annonce lundi son parti.

"Depuis hier, je peux vous le dire de la manière la plus solennelle: François Bozizé se trouve bel et bien dans la capitale centrafricaine", a lancé devant la presse Bertin Béa, le secrétaire général du Kwa na Kwa (KNK), la formation politique de l'ancien chef de l'Etat.

Mais, pour l'heure, M. Bozizé reste invisible. De quoi susciter des doutes sur sa présence. "Cette annonce ne me semble pas crédible", a réagi le porte-parole du gouvernement, Maxime-Ange Kazagui.

C'est que le temps presse pour le président déchu, qui n'a jamais caché son intention de chercher à reprendre le pouvoir par les urnes: selon le code électoral, les candidats à la présidentielle de décembre 2020 doivent se trouver sur le territoire national au moins un an avant le scrutin.

"Dans les jours à venir, François Bozizé prendra la parole pour s'adresser à ses compatriotes", assure Bertin Béa, ajoutant: "en attendant, ne me demandez pas comment il est arrivé, ni où il se trouve". Question de "sécurité", lâche-t-il.

François Bozizé jouit toujours d'une grande influence dans un pays qu'il a dirigé de 2003, à l'issue d'un coup d'Etat, à 2013. Une période marquée par deux guerres civiles.

La seconde, en 2013, provoque finalement sa chute. Après des années d'instabilité et de mauvaise gouvernance, la Séléka, une coalition de groupes armés rebelles venus du nord et de l'est, met en débandade l'armée régulière et fond sur Bangui.

Sa garde armée sud-africaine vole en éclats et François Bozizé doit fuir la capitale. Le chef de file de la Séléka, Michel Djotodia, le remplace.

- milices anti-balakas -

Après son départ, la Centrafrique sombre vite dans une spirale de violences intercommunautaires, déclenchant l'opération Sangaris de l'armée française en décembre 2013.

Et, depuis le Cameroun voisin où il est accueilli par le président Paul Biya, M. Bozizé continue d'user de son influence pour tenter de rétablir son régime.

La Centrafrique lance en 2013 un mandat d'arrêt international contre lui pour "crimes contre l'Humanité et incitation au génocide". Accusé d'avoir soutenu, depuis le Cameroun, les milices chrétiennes anti-balakas, au départ formées pour contrer les exactions de la Séléka à dominante musulmane, Bozizé est également sous le coup de sanctions des Nations unies. Ses déplacements en avion sont interdits et ses avoirs gelés.

Après un régime de transition dirigé par Catherine Samba Panza, il ne peut donc se présenter à la présidentielle de janvier 2016 que remporte Faustin Archange Touadera.

Dans la foulée de cette élection, une circulaire du ministère centrafricain des Transports interdit également à toute compagnie aérienne desservant ce pays d'y amener M. Bozizé.

Depuis lors, ses avocats et ses fidèles, encore nombreux dans le pays, militaient pour que le gouvernement autorise son retour.

- "Contraint à l'exil" -

"Rien n'oblige un Etat à refuser l'entrée sur son territoire à ses propres nationaux", avait déclaré en octobre Me Nicolas Tiangaye, membre du collectif des avocats de François Bozizé. "La constitution stipule que nul ne peut être contraint à l'exil".

Mercredi, le tribunal administratif de Bangui avait toutefois rejeté une première requête de ses avocats, qui demandaient la suspension de cette circulaire.

Ces dernières semaines, plusieurs figures de l'opposition s'étaient exprimées en faveur d'un retour de l'ancien président, dont Anicet Georges Dologuélé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2016.

"Si nous n'arrêtons pas le cycle d'exil et/ou de clochardisation des anciens chefs d'Etat, nous courrons le risque d'entretenir la frustration de leurs partisans", avait insisté le chef de file de l'Union pour le renouveau centrafricain début décembre.

Le parti de M. Bozizé "est l'un des partis les plus structurés du paysage politique centrafricains mais il est en déshérence", estime Thierry Vircoulon, directeur de l'observatoire Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales.

Selon lui, si le "KNK retrouve un leader, cela pourrait peser lourd sur l'élection de 2020", ajoutant, toutefois "qu'il paraitrait assez simple" pour Bangui "d'invalider" une potentielle candidature du président déchu.

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