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Redoutant un avenir sans pétrole, Brazzaville réoriente sa jeunesse vers l'agriculture


Ruphin Kinanga, jeune producteur agricole demande plus de soutien de l'Etat, au Congo-Brazzaville, le 14 août 2021. (VOA/Arsène Séverin)
Ruphin Kinanga, jeune producteur agricole demande plus de soutien de l'Etat, au Congo-Brazzaville, le 14 août 2021. (VOA/Arsène Séverin)

Brazzaville estime que l’agriculture est la principale voie pour sortir de la crise économique qui sévit dans le pays.

Le président congolais Denis Sassou N'Guesso a appelé les jeunes à s'impliquer davantage dans l'agriculture pour faire face à la crise économique. Les autorités prêchent depuis des mois "une agriculture au sens large" qui permettra au pays de stopper ses importations des produits alimentaires, dépassant chaque année les 500 milliards de francs CFA.

Dans son message à la nation à l’occasion des 61 ans d’indépendance de la République du Congo le 15 août, le chef de l’Etat congolais s’est particulièrement adressé à la jeunesse du pays qui se détourne des projets dans le secteur agricole.

"Les options prises et les efforts déployés pour parvenir à secteur agricole au diapason des objectifs visés, notamment en terme d’autosuffisance alimentaire ont été souvent entravés par le peu d’intérêt de la population", déplore-t-il, indexant principalement "la jeunesse".

Face à la crise qui sévit dans le pays depuis des années, le gouvernement estime que l’agriculture est la principale porte de sortie. Elle devrait être appliquée "au sens large", selon les autorités.

Zones économiques spéciales

Pour l’ancien ministre Alain Akouala, les zones économiques spéciales sont le levier de cette agriculture au sens large. "C’est la composante la plus dynamique de l’économique aujourd’hui. Si les investisseurs agricoles arrivent dans notre pays, ils vont servir de locomotive pour créer un effet d’entrainement pour les Congolais qui veulent se lancer dans l’agriculture, y compris dans la sous-traitance", soutient-il.

Comment faire de l’agriculture industrielle dans un pays où les caisses de l’Etat sont quasi-vides? C’est la question que se posent de nombreux analystes économiques, dont Gakosso Obambe.

"Relancer l’agriculture ou investir un peu plus dedans est une bonne chose, mais la grande question, c’est avec quels moyens ?" s’interroge l’analyste.

Ruphin Kinanga est formateur et producteur agricole. Il plaide pour le financement des vrais agriculteurs, et non des fonctionnaires de l’Etat, comme on l’a fait jusqu’ici. "Au Congo, il n’y a pas de modèle de réussite dans l’agriculture. Comment voulez-vous que les jeunes puissent faire l’agriculture?", s’étonne-t-il.

Le gouvernement avait en effet créé un Fonds de soutien à l’agriculture qui a financé des opérateurs agricoles, pour la plupart des cadres de l’Etat. Cette expérience qui a coûté de nombreux milliards de francs CFA à l’Etat n’a porté de fruit.

"Il faut d’abord appuyer les jeunes qui sont déjà dans l’agriculture pour attirer d’autres jeunes, et non financer les auto-entrepreneurs, c’est-à-dire ceux qui ont déjà un emploi et qui veulent se lancer dans l’agriculture", ajoute Ruphin Kinanga.

Michel Djombo, promoteur d’une société agricole et producteur d’engrais, exhorte plutôt le gouvernement à encourager les investissements étrangers à travers les grands groupes agricoles.

"On peut constater qu’il y a une grande dynamique agricole autour de bassin de production agricole où est installée Saris (société de producteur de sucre à Nkayi). Cette entreprise forme des cadres agricoles et apprend aux populations locales des nouvelles techniques agricoles. Plutôt que de financer chaque producteur, il faut chercher des moyens innovants de financer deux ou trois gros acteurs pour créer des pôles agricoles menés par acteurs industriels", suggère M. Djombo.

Célébré dans un contexte de covid-19, le 61e anniversaire de l’indépendance du Congo pourrait constituer une étape de relance économique à travers l’agriculture.

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