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Réformes des retraites en France: 8e jour de grève, le gouvernement veut rouvrir le dialogue


Les manifestants en faveur de la sécurité sociale en France, le 12 décembre 2019.
Les manifestants en faveur de la sécurité sociale en France, le 12 décembre 2019.

La mobilisation en France contre la réforme des retraites, qui paralyse les transports, est entrée jeudi dans sa deuxième semaine et pourrait se prolonger jusqu'à Noël malgré de nouveaux appels au "dialogue" du gouvernement.

Loin d'apaiser la colère, les précisions sur le projet apportées mercredi par le Premier ministre Edouard Philippe ont suscité l'opposition frontale de tous les syndicats, y compris de ceux qui soutenaient jusqu'alors le principe de la réforme.

Ce dernier a réitéré sa détermination à instaurer un "système universel de retraite" par points pour remplacer les 42 régimes actuels mais avec quelques concessions aux syndicats.

Le calendrier a été assoupli: le nouveau système ne s'appliquera qu'aux Français nés en 1975 et après, a annoncé M. Philippe. La disparition des régimes spéciaux est confirmée mais, pour les conducteurs de la compagnie ferroviaire SNCF et de la régie des transports parisiens RATP, qui peuvent partir dès 52 ans, la réforme s'appliquera à partir de la génération 1985.

Des mesures ont aussi été annoncées en direction des plus précaires, notamment l'instauration d'une retraite minimum garantie de 1.000 euros.

Mais, a averti le chef du gouvernement, "la seule solution est de travailler un peu plus longtemps et progressivement, comme c'est le cas partout en Europe". Si l'âge légal de départ à la retraite reste fixé à 62 ans, le projet prévoit "un âge d'équilibre" progressivement amené à 64 ans et "un système de bonus-malus" pour inciter à travailler plus longtemps.

Inacceptable pour les syndicats qui ont promis d'amplifier le mouvement.

La "ligne rouge est franchie", a tonné mercredi Laurent Berger, numéro un du premier syndicat de France, la CFDT. Favorable au principe d'un régime universel de retraite, la CFDT refuse absolument l'instauration d'un âge d'équilibre à 64 ans.

- "Dialogue" -

Jeudi, M. Berger a toutefois déclaré sur la chaîne BFMTV qu'il fallait "retrouver le chemin du dialogue", suggérant au gouvernement de réunir les syndicats favorables à un régime universel de retraite.

"Ma porte est ouverte et ma main est tendue", a répondu le Premier ministre, qui s'apprêtait à appeler les partenaires sociaux afin de "voir avec eux comment reprendre rapidement le dialogue".

Mais pour le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, en tête de la contestation, il n'y aura "pas de trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison" en retirant son projet.

Comme la veille, seul un train à grande vitesse et un train de banlieue en région parisienne sur 4 circulaient et une majorité de lignes de métro étaient fermées. La circulation routière restait très perturbée.

"Je me lève à 4H30, je rentre à 21H00", a témoigné Fernando Duarte, ouvrier rencontré à la gare du Nord à Paris. "Il faut vite que ça s'arrête, c'est vraiment dur".

La zone industrielle et portuaire du Havre, fief du Premier ministre et premier port français pour le trafic de conteneurs, a été bloquée tout comme les entrées du Grand Port Maritime de Marseille (sud-est) et le siège du port de Rouen (nord-ouest).

Des manifestations étaient organisées partout en France.

Face à cette nouvelle fronde sociale, le président Emmanuel Macron, qui a fait de la "transformation" du pays la raison d'être de son quinquennat, joue gros.

La retraite est un sujet éminemment sensible en France, la population restant attachée à un des systèmes les plus avantageux au monde.

Les détracteurs du projet, dont les plus virulents espèrent mettre le pays à l'arrêt, comptent sur l'impopularité d'Emmanuel Macron pour sortir victorieux du conflit et sur le contexte déjà tendu dans le pays, avec le lancement il y a plus d'un an du mouvement des "gilets jaunes", mais aussi des mécontentements exacerbés dans les hôpitaux, parmi les étudiants, les policiers...

De nombreuses voix dans la majorité présidentielle se sont élevées pour appeler à la négociation. Il y a "de la place" pour négocier les modalités d'atteinte de l'équilibre financier du système, a affirmé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

L'opposition de droite a quant à elle dévoilé son "contre-projet" de réforme des retraites, consistant à repousser progressivement à 65 ans l'âge du départ.

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