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Référendum sous haute tension politique aux Comores


Référendum sous haute tension politique aux Comores (vidéo)
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Référendum sous haute tension politique aux Comores (vidéo)

Les électeurs des Comores sont appelés lundi à se prononcer par référendum sur une réforme constitutionnelle contestée qui permettrait au président Azali Assoumani de prolonger son règne, dans un contexte de vives tensions politiques.

Elu en 2016, le chef de l'État a créé la surprise il y a trois mois dans le petit archipel de l'océan Indien en annonçant un coup de torchon sur l'organisation des pouvoirs publics.

La principale disposition de son projet modifie le régime de la présidence tournante, adopté en 2001 pour ramener un peu de stabilité dans un pays secoué par une longue série de crises séparatistes et de coups d'Etat.

Ce système attribue successivement tous les cinq ans à une des trois îles de l'archipel (Grande-Comore, Mohéli et Anjouan) le pouvoir d'élire le président du pays pour un seul quinquennat.

Si la réforme est adoptée, le chef de l'Etat pourra désormais effectuer deux mandats de cinq ans consécutifs.

Outre cette disposition très controversée, le projet défendu par Azali Assoumani prévoit la suppression des trois postes de vice-présidents, la fin de la Cour constitutionnelle et l'instauration de l'islam en "religion d'Etat".

>> Lire aussi : La campagne référendaire sans embûche du président Azali aux Comores

Tout au long de sa campagne, le président a présenté sa réforme comme une "révolution" qui doit permettre de "lever les obstacles sur la route du développement du pays", l'un des plus pauvres d'Afrique sub-saharienne.

Mais son initiative a suscité la colère de ses adversaires, qui y voient une nouvelle preuve de la dérive autoritaire, selon eux, de son gouvernement.

- 'Réforme illégale' -

Azali Assoumani leur a lui-même donné du grain à moudre en faisant savoir qu'en cas de victoire du "oui" le 30 juillet, il remettrait son mandat en jeu lors d'élections anticipées dès 2019. Une Constitution réformée l'autoriserait en théorie à rester au pouvoir jusqu'en 2029.

Jugeant cette réforme "illégale", l'opposition a refusé de participer à la campagne référendaire.

Samedi, les députés de l'opposition, convoqués pour une réunion extraordinaire, ont demandé à une écrasante majorité "l'arrêt sans condition et sans délai du processus arbitraire et illégal de ce référendum". En vain.

"Le président Azali veut se tailler une Constitution sur mesure qui lui permet de faire ce que bon lui semble", a dénoncé le secrétaire général du parti Juwa (opposition), Ahmed el-Barwane.

"Nous appelons aussi les électeurs à ne pas se rendre dans les bureaux de vote", a-t-il déclaré à l'AFP, anticipant "des échauffourées, des troubles dans les bureaux de vote, des problèmes sur les routes".

Le ministre de l'Intérieur Mohamed Daoudou a balayé ces menaces d'un revers de main.

>> Lire aussi : Un vice-président des Comores échappe à un attentat sur l'île d'Anjouan

"Les Comores sont un pays stable et paisible. Je ne suis pas inquiet", a-t-il assuré à l'AFP. "Nous ne laisserons pas le désordre s'installer dans le pays", a ajouté, plus menaçant, le ministre, "ces gens-là devront s'expliquer, les sanctions seront à la hauteur de leurs actes".

Originaire de Grande-Comore, le colonel Azali, 59 ans, avait déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006 à la suite d'un putsch, avant de rendre démocratiquement le pouvoir.

Son élection il y a deux ans avait été entachée de violences et d'accusations de fraude.

- 'Constitution piétinée' -

Entre autres "abus de pouvoir" depuis son retour aux affaires en 2016, ses rivaux lui reprochent la suspension en avril de la Cour constitutionnelle, qualifiée par son porte-parole de "superflue et incompétente".

Le mois suivant, il a ordonné l'assignation à résidence de son prédécesseur Ahmed Abdallah Sambi, le chef du parti Juwa, mis en cause pour avoir troublé l'ordre public et son implication présumée dans un trafic de passeports.

La répression de plusieurs manifestations de l'opposition, sanctionnée par l'arrestation de plusieurs de ses partisans, a encore contribué à attiser les tensions dans l'archipel.

Même l'un des vice-présidents, Ahmed Saïd Jaffar, s'en est inquiété. "La Loi fondamentale a été piétinée", a-t-il déploré, avant d'appeler ses compatriotes "à refuser cette dérive dangereuse et à exiger le respect de la loi".

En représailles, le président l'a immédiatement privé de ses attributions ministérielles.

Dernier signe en date des crispations politiques en cours, le vice-président Abdou Moustoidrane a échappé il y a une semaine à un attentat alors qu'il se rendait dans son village natal de l'île d'Anjouan. Sa voiture a été criblée de balles.

L'attaque n'a pas été revendiquée mais certains ont eu vite fait de remarquer qu'il défendait le référendum présidentiel.

Avec AFP

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