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Kagame assuré d'un plébiscite à la présidentielle de vendredi


Le président rwandais, Paul Kagame, à Kigali, Rwanda, le 2 août 2017. (VOA/Charly Kasereka)
Le président rwandais, Paul Kagame, à Kigali, Rwanda, le 2 août 2017. (VOA/Charly Kasereka)

Quelque 6,9 millions de Rwandais sont appelés aux urnes pour une élection présidentielle promise à l'homme qui tient fermement les rênes du pays depuis plus de deux décennies, le sortant Paul Kagame.

Visionnaire pour les uns, despote pour d'autres, Paul Kagame est à 59 ans opposé à deux petits candidats approuvés par la commission électorale: Frank Habineza, leader de la seule formation d'opposition tolérée au Rwanda, le Parti démocratique vert, et le candidat indépendant Philippe Mpayimana.

Fin de la campagne électorale au Rwanda (vidéo)
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Mais la bataille semble perdue d'avance pour ces deux hommes quasi inconnus des Rwandais, qui ont disposé de très peu de moyens pour faire campagne face au président, dont le Front patriotique rwandais (FPR) contrôle d'une main de fer toutes les sphères de la société depuis qu'il a mis fin au génocide de 1994.

Les couleurs de MM. Habineza et Mpayimana sont d'ailleurs quasiment invisibles au pays des Milles Collines, qui s'est en revanche drapé du rouge, blanc et bleu du FPR tout au long de la campagne débutée le 14 juillet, des ronds-points aux panneaux publicitaires en passant par les 4x4 rutilants sillonnant la capitale Kigali.

"On nous a dit qu'on ne pouvait pas mettre nos bannières ou drapeaux là où le FPR avait mis les siens, mais malheureusement le FPR a mis les siens partout!", a regretté auprès de l'AFP Frank Habineza, en marge d'un récent meeting politique dans le sud de ce pays de quelque 12 millions d'habitants.

Ce meeting, un peu plus d'une centaine de personnes y sont venues, dont beaucoup d'enfants attirés avant tout par la musique. "Je suis venu par curiosité, mais il (Frank Habineza) n'a aucune chance", assure Sabin Nkundukozera, 66 ans. "Tout ce que Kagame nous a promis il nous l'a donné, je vais voter pour Kagame, il n'y a que lui".

"C'est la première fois que je vois ce monsieur, je ne saurais même pas vous dire son nom", renchérit Sylvain Mutaimukunda, un cultivateur de 38 ans. "Pour gouverner ce pays il faut quelqu'un de fort, et lui n'est pas fort".

On est bien loin de l'impressionnant dispositif mis en place à chaque meeting de M. Kagame. Petits drapeaux et chapeaux en papier aux couleurs du FPR sont systématiquement distribués à des milliers de personnes rassemblées plusieurs heures avant l'arrivée du président.

L'intéressé ne doute d'ailleurs pas de sa victoire, répétant à qui veut l'entendre que l'élection s'est déjà jouée en 2015 avec le plébiscite par référendum d'une modification de la constitution lui permettant de briguer un nouveau mandat de 7 ans, et potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034.

- Couronnement -

Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis que le FPR a renversé en juillet 1994 le gouvernement extrémiste hutu ayant déclenché le génocide qui a fait 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.

Il a d'abord été vice-président et ministre de la Défense, dirigeant de facto le pays, avant d'être élu président en 2000 par le parlement. En 2003 et 2010, il est reconduit dans ses fonctions au suffrage universel avec plus de 90% des voix.

M. Kagame est crédité du spectaculaire développement, principalement économique, d'un pays exsangue au sortir du génocide, mais il est aussi accusé de bafouer la liberté d'expression et de réprimer toute opposition.

Selon Robert Mugabe, un des rares journalistes rwandais ouvertement critique, les deux autres candidats ne sont qu'une opposition de "façade", destinée à satisfaire la communauté internationale.

"La véritable opposition, les gens avec une vraie voix, n'est pas autorisée" à participer à l'élection, assure-t-il, en référence aux opposants emprisonnés ou poussés à l'exil. "Il n'y a pas d'élection au Rwanda, juste un couronnement".

Mais l'analyste politique rwandais Christopher Kayumba assure que M. Kagame demeure populaire car perçu comme garant de la stabilité. Il concède toutefois: "On peut dire que ce n'est pas une compétition, l'opposition sera battue. Cela ne fait aucun doute".

Avec AFP

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