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Pacte sur les Migrations : les ONG appellent les pays à agir


Joanne Liu, présidente de MSF, Genève, 20 juin 2016 (VOA/Nicolas Pinault)
Joanne Liu, présidente de MSF, Genève, 20 juin 2016 (VOA/Nicolas Pinault)

Le Pacte mondial sur les migrations des Nations unies adopté, défenseurs des droits de l'Homme et ONG appellent les pays signataires à mettre réellement en œuvre leurs engagements, au-delà des seuls discours officiels, en plaidant pour un traitement plus humain des migrants.

"La migration n'est pas un crime, sauver des vies n'est pas un crime, en tant que représentants gouvernementaux, vous pouvez et vous devez agir... S'il vous plait, ne lâchez pas, vous qui êtes venus adopter le Pacte", a lancé mardi la présidente de Médecins sans frontières (MSF) Joanne Liu à l'occasion d'un dialogue organisé pendant la conférence de Marrakech.

Un total de 165 --sur 193-- pays membres ont adopté lundi par proclamation le texte non contraignant destiné à renforcer la coopération internationale pour une "migration sûre, ordonnée et régulière".

Les orateurs ont poursuivi mardi leurs plaidoyers en faveur du Pacte qui a suscité dans plusieurs pays une opposition virulente des souverainistes, des nationalistes et des partisans de la fermeture des frontières.

Le Pacte recense des principes --défense des droits de l'Homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale-- et liste 23 propositions pour mieux gérer la migration, comme l'échange d'informations et d'expertises, ou l'intégration des migrants. Il préconise d'interdire les détentions arbitraires, n'autorisant les arrestations qu'en dernier recours.

- "Saisir cette chance" -

Ses détracteurs le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé. Les défenseurs des droits de l'Homme le soutiennent mais regrettent son caractère non contraignant et le trouvent insuffisant sur plusieurs points: droits des migrants, accès à l'aide humanitaire et aux services de base, statut juridique, etc...

"La société civile va surveiller ce qui se passe et demandera des comptes", a souligné l'ONG Oxfam tout en saluant ce "moment historique".

"Il est important de saisir cette chance et de pousser pour que ça avance, sans être naïf sur le fait que les gouvernements ne respectent pas leurs obligations", explique Sarnata Reynolds, responsable d'Oxfam pour les migrations.

Des officiels de l'ONU font le même constat.

La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme Michelle Bachelet a ainsi reconnu, lors d'une cérémonie officielle dédiée au 70e anniversaire de la déclaration des droits de l'Homme, que "les Etats n'ont pas toujours tenu les engagements qu'ils ont pris il y a 70 ans" tout en insistant sur les progrès accomplis.

En ce qui concerne la migration, "on parle d'un pacte contraignant ou non contraignant... Mais il y a maldonne: il ne s'agit pas de politique intérieure mais de dignité de l'être humain", s'inquiète Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), se disant indigné par la situation "inacceptable" des migrants placés en centre de détention en Libye.

"Nous n'arrêtons pas de dire que la Libye n'est pas un endroit sûr (...) mais les gouvernements européens se contentent d'utiliser l'argent public pour financer les centres de détention" dans le pays, renchérit Joanne Liu, de MSF.

La place accordée aux militants et aux acteurs de terrain est restée très limitée à Marrakech, même si la fondatrice de "One Child", une association centrée sur les mineurs migrants, a été invitée à prendre la parole à l'ouverture officielle des débats.

"La migration peut être bien entendu une expérience sûre et positive... Mais que dire des 30 millions de mineurs qui sont obligés de partir de chez eux à cause de violences et des conflits ?", a lancé Cheryl Perera devant la conférence.

- "Pas la parole" -

"Beaucoup de discours disent +il faut associer la société civile+. Mais quand on est sur des sujets comme les nôtres qui sont trop politiques ou juridiques, on n'a pas la parole", regrette Michel Prieur, du Centre international du droit comparé de l'environnement (CIDCE). Son organisation milite pour donner un statut aux réfugiés environnementaux, actuellement plus nombreux que les réfugiés politiques.

Son grand regret : "en matière de migrants écologiques, des victimes de catastrophes naturelles ou industrielles il n'y a pratiquement rien, trois paragraphes sur 35 pages" du Pacte.

Comme beaucoup de militants associatifs, Michel Prieur est venu à ses frais, sans être invité, dans l'espoir de sensibiliser des interlocuteurs. Il regrette l'absence de toute communication officielle sur la présence des ONG malgré les discours qui préconisent de les associer à la gestion des défis migratoires.

Le Pacte doit encore faire l'objet d'un ultime vote de ratification, le 19 décembre à l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

Une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision, après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York (Autriche, Australie, Bulgarie, Chili, Estonie, Hongrie, Italie, République tchèque, République dominicaine, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et Suisse). Les Etats-Unis avaient quitté le processus en décembre 2017 sous l'impulsion de Donald Trump.

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